Tanzanie : Le travail réduit du sol présente de grands avantages pour les producteurs de millet et de sorgho

| mai 15, 2017

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Suzan Mathias se souvient vaguement de la dernière fois où les sept membres de sa famille ont souffert de faim. Toutefois, la pluviosité aléatoire et le coût élevé de l’agriculture ont eu un impact considérable sur les rendements de ses cultures dernièrement.

La mère de 36 ans vit dans le village de Mchemwa, près de Dodoma, la capitale tanzanienne. Elle possède plus de 40 hectares de terre arable et cultive plusieurs denrées, dont le maïs, le millet, le sorgho et les légumes.

L’agriculture est le pilier de l’économie de la région, bien que les sécheresses aggravées compromettent sa pratique. Le changement climatique et les sols infertiles nuisent fortement à la production de la région.

Par exemple : les récoltes de millet de Mme Mathias remplissent moins de deux sacs par hectare, alors qu’elle obtenait cinq sacs au début des années 2000. Elle déclare :  L’ignorance était mon plus grand obstacle, » parlant de son manque de connaissances sur les méthodes visant à préserver la fertilité de son sol. Elle raconte :  La plupart de mes champs étaient arides, et incapables de rester humides longtemps après qu’il a plu.

Mme Mathias a assisté à une formation animée par le Diocèse de la région centrale du Tanganyika. Grâce à cette formation, elle a entendu parler de l’agriculture de conservation, une pratique agricole qui protège le sol du fait qu’elle réduit au minimum le labourage et l’utilisation d’autres pratiques qui perturbent le sol. L’agriculture de conservation empêche l’érosion et la dégradation du sol. Elle améliore la qualité du sol, et contribue à la préservation des ressources naturelles, tout en augmentant véritablement les rendements. Depuis qu’elle a suivi cette formation, Mme Mathias apprête son champ avec un mètre ruban, une ficelle, une machette et de la cendre, plutôt qu’un tracteur et une charrue.

Elle répartit sa terre en lopins de 20 mètres carrés. De cette façon, elle peut facilement alterner ses cultures entre les champs. Puis, Mme Mathias herse légèrement la surface du sol, et laisse les herbes mortes et les résidus de cultures sur le sol. Elle se sert des résidus pour couvrir le sol, ce qui permettra à celui-ci d’être à l’abri du vent et de l’érosion pluviale, et de rester humide.

Lorsqu’elle sème, elle creuse des trous de plantation de tailles identiques, à une profondeur d’au moins 15 cm. Quand le champ est prêt, elle verse dans chaque trou une cuillère à café de cendre, un peu de terre et une cuillère à café de fumier organique. Par la suite, elle verse un peu de terre dans le trou, sème la graine, puis ajoute un peu plus de terre, tout en laissant un creux superficiel.

La cendre permet de réduire l’acidité du sol et éloigne les fourmis qui pourraient attaquer la plante. Le creux superficiel retient l’eau de pluie pour la plante qui pousse.

Les agriculteurs et les agricultrices du district de Dodoma cultivent également des plantes-abri, une pratique préconisée également en agriculture de conservation. Ils cultivent le sorgho ou le millet en association avec des plantes-abri qui entravent la croissance des mauvaises herbes et apportent de la matière organique au sol. Les légumineuses sont particulièrement des plantes-abri utiles. Les cultivateurs et les cultivatrices comme Mme Mathias cultivent des légumineuses telles que le niébé, les pois d’Angole, le lablab, l’ambérique et le haricot sabre en guise de plantes de couverture.

Samwel Elinuru est agent de vulgarisation agricole dans le district de Dodoma. Il fait la promotion de l’agriculture de conservation dans six villages. Il affirme que le nombre d’agriculteurs et d’agricultrices à avoir adopté l’agriculture de conservation dans la région est passé de 62, en 2015, à 850 cette saison.

Il ajoute :  Les agriculteurs et les agricultrices sont heureux, [car], lorsqu’ils utilisent des cultures-abri, ils obtiennent également beaucoup plus de denrées pour leur propre consommation et pour la vente.

Lawrence Lwanje est agent de suivi et évaluation au Diocèse de la région centrale du Tanganyika qui donnent des formations sur l’agriculture de conservation aux paysans et paysannes. Il déclare :  Les cultivateurs et les cultivatrices ont montré de l’intérêt pour l’adoption de l’agriculture de conservation. Nous recevons sans cesse des appels provenant de régions où nous ne nous sommes pas encore rendus…. Ils recherchent ce type de formation pour transformer leurs pratiques agricoles.

Donald Mangwela cultive dans le village voisin de Chihanga. Il soutient qu’une bonne raison de pratiquer l’agriculture de conservation est son coût moins élevé. M. Mangwela explique :  Pour l’agriculture conventionnelle, nous utilisons un tracteur, un cultivateur entraîné par la prise de force ou une charrue. Cette pratique agricole est plus coûteuse que l’agriculture de conservation, dans laquelle nous utilisons uniquement des débris végétaux pour éviter les mauvaises herbes. Même si vous cultivez sur un petit lopin de terre, vous êtes assuré d’obtenir plus de récoltes.

Cependant, déclare-t-il :  Pour les débutant(e)s, les [pratiques agricoles de conservation] nécessitent qu’ils se préparent plus tôt pour éviter de courir à la dernière minute.  En effet, les débutant(e)s ont besoin de plus de temps pour désherber et apprendre les nouvelles techniques de plantation. Mais M. Elinuru affirme que cela vaut la peine, car l’agriculture de conservation peut s’avérer moins coûteuse que l’agriculture conventionnelle.

Si vous jetez un coup d’œil rapide aux champs, vous verrez la différence. Les denrées cultivées sur un champ très peu labouré sont plus hautes et mieux portantes que celles cultivées suivant les méthodes conventionnelles.

Photo: Donald Mangwela dans son champs

This work was created with the support of Canadian Foodgrains Bank as part of the project, “Conservation Agriculture for building resilience, a climate smart agriculture approach.” This work is funded by the Government of Canada, through Global Affairs Canada, www.international.gc.ca