Mali : Des femmes adoptent des techniques de récolte et de séchage mécanisées pour réduire les pertes après récolte

| mars 19, 2023

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Nouvelle en bref

Molodo est un village situé au centre du Mali, à environ 150 kilomètres de Ségou. Le village est célèbre pour la riziculture. Hawa Touré est une rizicultrice aguerrie de la région, qui cultive environ deux hectares de riz. Madame Touré est membre de la coopérative Benso de Molodo qui signifie « la maison de l’entente de Molodo » en langue locale. Avec la coopérative, madame Touré utilise depuis 2021 des machines modernes pour récolter, transporter et faire sécher leur production de riz afin de réduire les pertes. Madame Touré est ravie par l’équipement que la coopérative a acheté. À ses dires, celui-ci rend leurs pratiques plus efficaces et plus efficientes. Là où elles avaient l’habitude de perdre six à sept sacs de riz sur 100 sacs produits, désormais, elles ne perdent qu’un demi-sac sur 100, soit l’équivalent de près 25 kilogrammes de riz. Ces techniques ont également permis d’améliorer les compétences et la réputation commerciales des rizicultrices de la région.

Molodo est un village situé à quelque 150 kilomètres de Ségou, au centre du Mali. Aujourd’hui, comme tous les jeudis, c’est un jour de marché à Molodo et, sous un soleil de midi, Hawa Touré a un rendez-vous avec des personnes qui achètent du riz venu de Bamako. À 45 ans, madame Touré est une agricultrice du riz expérimentée. Elle exploite une rizière d’une superficie d’environ deux hectares.

Madame Touré est membre de la coopérative Benso de Molodo qui signifie « les espoirs de Molodo » dans la langue locale. La coopérative se consacre à la production, à la commercialisation et au séchage du riz. Avec la coopérative, depuis 2021, madame Touré utilise des machines modernes pour récolter, transporter et faire sécher la production de riz, en vue de réduire les pertes.

La coopérative a acheté des machines pour récolter le riz. À l’époque, cet équipement lui a coûté 550 000 FCFA, soit environ 850 $ US. L’investissement en valait la peine. Madame Touré déclare : « Depuis que nous avons les machines, le travail est moins pénible. »

Après la récolte, la coopérative transporte son riz au moyen d’un tracteur vers l’aire de battage.

Les machines que les producteurs et les productrices utilisent à Molodo sont de fabrication locale. Madame Touré affirme qu’ils sont assez faciles à utiliser et qu’elles coûtent moins cher que les machines importées.

Mais la récolte et le transport ne constituent pas les seuls défis de madame Touré et des autres membres de la coopérative. Il existe également d’importants risques de pertes après récolte au niveau du séchage et du stockage.

Après la récolte, les grains de riz doivent être stockés dans un endroit à l’abri de toute humidité avant leur transport vers le lieu de séchage. Madame Touré le fait manuellement en constituant des tas de riz de 10 à 15 mètres de diamètre et de 1,5 mètre de hauteur. Les épis de riz sont tournés vers l’intérieur pour éviter que les oiseaux viennent picorer les grains.

Le processus de séchage doit commencer 24 heures après la récolte afin d’éviter que le riz pourrisse à cause des températures et du taux d’humidité élevés.

Le processus de séchage est constitué de trois étapes. Premièrement, les riziculteurs et les rizicultrices séparent les grains de riz des épis par un processus qu’on appelle le battage.

Puis, les impuretés telles que les saletés et les débris de plantes sont retirés des grains. Cela se fait à la main par un processus appelé vannage qui permet au vent d’éliminer les petits débris des grains.

Enfin, les femmes font sécher le riz au moyen d’un séchoir électrique alimenté par un groupe électrogène. Le riz est transporté dans le séchoir sur une bande transporteuse pendant que de l’air chaud souffle là-dessus. Une fois séché, le riz passe dans une zone de refroidissement dans le séchoir, où de l’air froid souffle sur le riz pour faire baisser la température. Tout le processus nécessite une heure et permet même un séchage uniforme des grains de riz.

Le grain de riz moyen contient environ 25 % d’humidité à la récolte. Le séchage doit réduire cette humidité à environ 12 %. Cela évite le pourrissement des grains de riz, et diminue ainsi les pertes.

Madame Touré est ravie de l’équipement acheté par la coopérative. Selon elle, il a rendu leurs pratiques liées au riz plus efficaces et plus efficientes.

Elle déclare : « Ce type de séchoir a une capacité de 10 tonnes de riz par heure. Il ne demande pas de conditions climatiques particulières comme le séchage manuel. »

Le séchage manuel du riz consiste à étaler le riz sur le sol ou sur une bâche pendant plusieurs jours. Aux dires de madame Touré, cette pratique est difficile parce qu’il faut que quelqu’un surveille le riz en permanence pour le protéger des oiseaux, du vent et des voleurs.

L’utilisation d’un séchoir permet à madame Touré et à ses collègues membres de la coopérative de réduire les pertes après récolte. Là où elles avaient l’habitude de perdre six à sept sacs de riz sur 100 sacs produits, désormais, elles perdent moins de la moitié d’un sac sur 100, soit l’équivalent de 25 kilogrammes de riz environ.

La vitesse du séchoir permet également aux femmes de travailler plus rapidement. Avant d’utiliser le séchoir, madame Tourée et ses camarades productrices de riz passaient souvent 11 ou 12 heures à faire sécher le riz. Maintenant, elle effectue le même travail en un après-midi, ce qui leur permet de transporter leur produit agricole au marché plus rapidement.

Cependant, madame Touré note que le séchoir électrique consomme beaucoup d’électricité et est coûteux, car les producteurs et les productrices doivent d’abord acheter l’équipement et ensuite s’approvisionner régulièrement en carburant.

Mariam Tangara est technicienne et conseillère à l’Office du Niger. Elle affirme que les agricultrices peuvent acquérir de la machinerie telles que les motoculteurs et les tracteurs en se constituant en coopératives pour couvrir leurs dépenses. À ses dires, les coopératives peuvent acheter un séchoir de riz électrique à environ 1 000 $ US. Le coût pour faire fonctionner un séchoir électrique est de 200 FCFA par sac de 50 kilogrammes de riz (0,32 $ US). C’est un opérateur d’équipement attitré qui effectue ce travail.

Ces techniques ont non seulement aidé les femmes à réduire les pertes après récolte, mais elles ont également amélioré les compétences et la réputation commerciale des productrices de la région. L’équipement a aussi contribué à l’amélioration des conditions de travail des agricultrices, mais aussi leurs rendements et leurs profits.

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.

Photo : Hawa Touré au marché. Crédit : Cheick Bounama Coulibaly.