Malawi : Les mesures de distanciation sociale compromettent les marchés et les revenus des agriculteurs

| mai 10, 2020

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Nouvelle en bref

Ida Maganga est cultivatrice de pommes de terre et de tomates à Dedza, un district du Malawi. Lorsqu’elle entendit parler du coronavirus pour la première fois, cela l’inquiéta. Quand elle apprit les mesures de distanciation sociale édictées par le gouvernement, son inquiétude augmenta. Elle savait que cela l’empêcherait de vendre ses produits. Le gouvernement malawite déconseille les rassemblements de plus de 100 personnes, et recommande le respect d’une distance d’au moins un mètre entre les personnes et la limitation du nombre de passagers dans les voitures. Ces mesures pèsent sur les marchés et les commerçant (e)s qui ne peuvent plus échanger avec les client(e)s. Les agriculteurs et les agricultrices comme Ida Maganga et les personnes qui achètent à la ferme pour revendre aux marchand(e)s sont également touchés. Madame Maganga sait qu’il est important de respecter les mesures de distanciation sociale, mais s’inquiète pour son revenu qui a baissé.

C’est un après-midi frais d’hiver et Ida Maganga vient d’arriver de son champ de pommes de terre et de tomates situé à environ 200 mètres de chez elle. Âgée de 35 ans, cette mère de trois enfants à l’air consternée et mécontente. Depuis quelque temps, les client(e)s qui achètent ses produits ne sont plus nombreux à venir dans les marchés de sa région.

Madame Maganga attribue cela à la distanciation sociale imposée récemment par le gouvernement pour empêcher la progression du COVID-19. Elle doit donc trouver rapidement le moyen de vendre ses denrées périssables.

Elle déclare : « La venue de la maladie du coronavirus mettra à mal les prix déjà bas des pommes de terre et des tomates sur le marché. Mes revenus vont considérablement diminuer. »

Madame Maganga cultive dans le village de Kapenuka, dans le district de Dedza, à 90 kilomètres au sud de Lilongwe, la capitale malawite. C’est à la radio qu’elle a entendu parler du COVID-19 pour la première fois et plus tard par une alerte du ministère de la Santé envoyée par SMS.

Elle déclare : « J’ai appris que la toux, les éternuements et la fièvre étaient les signes et les symptômes d’une personne infectée par le coronavirus. »

Elle ajoute : « Cependant, j’ai eu peur lorsque j’appris les mesures de distanciation sociale imposées par le gouvernement pour limiter le nombre de personnes infectées. Je savais que cela me nuirait en tant qu’agricultrice. »

Au Malawi, les autorités recommandent aux gens de garder une distance d’au moins un mètre entre eux, de ne plus se serrer la main, d’éviter les rassemblements publics de plus de 100 personnes, et de réduire le nombre de personnes dans les véhicules publics et privés. Les mariages et les services religieux sont interdits.

Le gouvernement avait annoncé que les marchés pourraient rouvrir une demi-journée, mais cela a été contesté devant les tribunaux, et n’a pas été appliqué. Les gens doivent respecter les mesures de distanciation dans les marchés, mais ne le font pas.

Selon madame Maganda, les mesures de lutte contre le COVID-19 poussent les agriculteurs et les agricultrices à modifier leurs systèmes de vente de denrées, car pour vendre aux client(e)s, il faut un contact social. Elle ajoute : « Les mesures du COVID-19 empêchent l’accès aux marchés, une situation qui fera baisser nos revenus agricoles. Je compte sur les marchés locaux pour vendre mes tomates et mes pommes de terre afin de subvenir aux besoins de ma famille. »

Oliver Enock est une commerçante qui achète des tomates directement à la ferme pour les vendre aux marchand(e)s des marchés locaux. Elle a deux enfants et vit à Nkungumbe, un village du district de Dedza.

À ses dires, les mesures de lutte contre le coronavirus nuisent à ses affaires. À cause de la distanciation sociale, plusieurs commerçant(e)s qui achètent ses tomates et ses pommes de terre trouvent difficile de gérer le transport à cause de la limitation du nombre de personnes dans les voitures.

Elle ajoute : « Avant la maladie, j’achetais cinq paniers de tomates par jour chez les producteurs et réalisais un bénéfice de 5 000 kwacha malawites (6,70 $ US). Avec les mesures de distanciation imposées, j’arrive à peine à acheter par jour trois paniers qui me rapportent un bénéfice d’environ 3 000 kwacha (4 $ US). »

Richard Nguluwe est un poissonnier de 29 ans, originaire du village de Ntchetche, dans le district rural de Lilongwe. Il affirme que les mesures de distanciation sociale ont fait passer son bénéfice journalier de près de 8 000 kwacha (10,70 $US) à 3 000 kwacha (4 $ US) environ.

Monsieur Nguluwe explique : « Je sais que le coronavirus peut être mortel et j’essaie de respecter les mesures de distanciation. Mais cela influe sur mon quotidien, car mon commerce de poisson ne marche pas. Je dépends du poisson du lac et si ces mesures du COVID-19 sont respectées, où vais-je en trouver et à qui vais-je le vendre? »

Chisomo Botha est agent de vulgarisation agricole dans le district de Dedza. Pour lui, bien que les mesures telles que la distanciation sociale aient des conséquences négatives sur les revenus des agriculteurs et des agricultrices en raison du ralentissement des activités commerciales, il est très important qu’ils les respectent pour combattre le virus.

Monsieur Botha explique : « La totalité des tomates, des choux, des arachides et du maïs provient des zones rurales pour le ravitaillement des villes. Par conséquent, il est important que nous communiquions les informations aux agriculteurs pour les aider à ne pas propager ou être infectés par le COVID-19, car ils sont au cœur de l’activité et sont la principale source d’approvisionnement en nourriture des populations urbaines et villageoises. »

Malgré la baisse du revenu de madame Maganga, elle soutient qu’elle continuera de respecter les mesures de distanciation sociale afin de protéger sa famille et elle, et ce, malgré l’impact que cela aura à long terme sur son niveau de vie.

Elle explique : « Cette année, je comptais rénover ma maison avec mon revenu agricole, mais au regard des prix bas et du manque de clients, mes bénéfices seront moindres et je devrai attendre un meilleur moment, lorsque les mesures de distanciation seront levées pour réaliser mes rêves. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.