Malawi : Des agriculteurs améliorent leur alimentation et leurs bénéfices en transformant le soja en lait, en yaourt et en tofu

| février 26, 2018

Téléchargez cette nouvelle

Le district de Mchinji, dans la région centrale du Malawi est une plaque tournante très fréquentée par les distributeurs d’intrants agricoles, les vendeurs et les vendeuses de fruits et de légumes et d’autres petits commerçant(e)s. Le district se trouve à 100 kilomètres de la capitale Lilongwe, et à 25 kilomètres de la frontière zambienne, ce qui en fait un carrefour populaire où on trouve beaucoup de restaurants, de petits hôtels et de magasins de vêtements de seconde main. Au centre-ville se trouve la Coopérative Tayamba, une société de transformation de soja communautaire qui vend du lait et du yaourt de soja.

À ses débuts, la coopérative Tayamba créée en 2009 fonctionnait comme un groupe de soutien qui aidait les personnes vivant avec le VIH et le sida à améliorer leurs revenus et leur alimentation. Le groupe a ouvert une société de transformation en 2011. Depuis lors, ses membres sont passés de 35 à 133, dont 48 femmes. Elle accueille désormais des personnes non infectées par le VIH et le sida.

Tayamba a commencé à piler le soja à l’aide d’un mortier et d’un pilon traditionnel pour faire du lait de soja. Comme le travail était laborieux et prenait beaucoup de temps, elle a demandé l’aide du gouvernement. En 2011, la coopérative a emprunté une machine de transformation par le biais du programme de développement « Un village, un produit. » Les membres du groupe ont reçu une formation sur l’utilisation de la machine et ont commencé à faire du lait, du tofu et du yaourt de soja. Au début, la coopérative gagnait 3 000 à 4 000 kwachas (4 à 5,50 $ US) par jour. Actuellement, elle ne vend que du lait et du yaourt.

Cornelius Mwaungulu, originaire du village Njerenje, dans le district de Mchinji est le président de la coopérative. Il déclare : « Au début, c’était difficile de convaincre les consommateurs d’acheter le lait de soja, car ils comparaient toujours ce lait avec le lait de vache, mais nous y sommes parvenus grâce à des prospectus et des publicités radiophoniques diffusées par notre station de radio communautaire, la station de radio Mudziwathu. »

Mais un autre problème survint en 2014. En effet, la machine de transformation tomba en panne. Il ne semblait y avoir aucun moyen de réparer la machine, puisque les pièces de rechange ne se trouvaient qu’en Inde. Tout espoir semblait perdu, et le nombre des membres régressait.

Mais en 2017, l’entreprise internationale Palladium International intervint. Par le biais du programme américain Feed the Future, la coopérative reçut une nouvelle machine de transformation d’une valeur de 8 000 $. Celle-ci a permis à la coopérative de reprendre ses activités.

Monsieur Mwaungulu sourit en montrant la nouvelle machine de transformation. Il soutient qu’en transformant le soja en lait et en yaourt, les membres peuvent avoir le double du montant qu’ils obtiendraient en se contentant de vendre du soja brut. Il ajoute qu’on peut vendre le kilogramme de soja brut à 170 kwachas (0,23 $US), ou le transformer en six litres de lait qui se vendront à 4 800 kwachas (6,54 $ US). Cela signifie qu’avec chaque sac de soja de 50 kilogrammes, Tayamba peut gagner 240 000 kwachas (327 $ US), comparativement à 8 500 kwachas (12 $US) avec du soja brut.

Il déclare : « Trop c’est trop. Les agriculteurs ont droit aux profits de la transformation du soja, et le temps est venu pour eux d’accroître la valeur ajoutée du soja [plutôt que] de vendre du soja brut. »

Monsieur Mwaungulu espère que la coopérative se développera. Il affirme que le groupe a l’intention d’acheter du soja chez un plus grand nombre d’agriculteurs et d’agricultrices, y compris les non-membres.

Il ajoute que le Bureau des normes du Malawi est sur le point d’accorder une certification à l’usine de la coopérative. Les membres sont formés en vue de respecter les nouvelles normes.

Margaret Mzungu est responsable de la nutrition chez Feed the Future au Malawi. Elle soutient que le projet de transformation du soja permet aux gens de diversifier leur alimentation. Outre l’assistance qu’elle apporte à la Coopérative Tayamba, l’organisation a également installé quatre machines de transformation du soja et distribué des petits équipements de transformation à 30 familles. Ces équipements permettent aux paysans et aux paysannes n’ayant pas d’électricité de produire de petites quantités de lait, de tofu et de yaourt de soja à domicile.

Dans le cadre des activités du projet, les membres de Tayamba acquerront des compétences en matière de gestion d’entreprise et de transformation d’aliments telles que la salubrité et l’hygiène des aliments.

Madame Mzungu explique : « En dehors des compétences en entreprise, les membres sont formés sur l’hygiène des installations, l’hygiène personnelle, la salubrité des aliments et les pratiques en matière de transformation des aliments … pour s’assurer que les consommateurs obtiennent du lait et du yaourt de soja de qualité et propre à la consommation. »

Rayonnante, elle ajoute : « Jusqu’ici, nous avons reçu des commentaires formidables du terrain en ce qui a trait aux ventes de janvier … ils réalisent des bénéfices. »

Les coupures d’électricité fréquentes nuisent à la plupart des entreprises malawites. Pour y faire face, le programme a également un broyeur manuel de sorte que les membres peuvent transformer le soja même pendant les coupures d’électricité.

Tom Agwa Agalo est un technicien agroalimentaire basé au Kenya qui a formé les membres de la coopérative. Il est impressionné par la stratégie de commercialisation de la coopérative, et pense qu’elle a un grand potentiel. Il déclare : « Ils ont des membres engagés qui ont des compétences en commercialisation, ils possèdent un équipement de base, et ont un système en place. La coopérative pourrait devenir une des meilleures du Malawi et d’Afrique. »

Il affirme qu’outre la hausse des revenus de personnes et la coopérative, la situation alimentaire des gens du district s’améliorera, car le soja est très riche en protéines. Il ajoute que le soja solidifie les os, en plus de coûter moins cher et d’être nourrissant, ce qui en fait un bon aliment pour les humains et le bétail.

Pauline Mbukwa is a communications specialist for the USAID Feed the Future Malawi Agriculture Diversification Activity, for Farm Radio Trust.