Éthiopie : Des producteurs de maïs cultivent des plants spéciaux pour combattre la chenille légionnaire d’automne

| novembre 14, 2022

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Nouvelle en bref

Harbe Tafesse traverse une ruelle étroite pour se rendre sur un lopin de terre de 625 mètres carrés où elle cultive du maïs dans le district de Dore Bafenno, au sud de l’Éthiopie. Elle emploie la méthode du « pousser-piéger » pour lutter contre la chenille légionnaire d’automne. Cette méthode fonctionne de deux façons. Premièrement, planter des graines de Desmodium (herbe à éléphant) entre les rangées de maïs permet de repousser la chenille légionnaire d’automne et d’autres organismes nuisibles. Deuxièmement, planter de l’herbe bracharia en bordure du champ de maïs permet de détourner ou d’éloigner les organismes nuisibles loin de son maïs. Cette méthode écologique de lutte antiparasitaire est également efficace contre le foreur des tiges du maïs.

Par un matin nuageux, Harbe Tafesse emprunte un étroit passage de l’autre côté de sa maison, qui mène à un lopin de terre de 625 mètres carrés où elle cultive du maïs. Aujourd’hui, la mère de sept enfants s’est réveillée tôt pour aller voir si ses plants de maïs n’avaient pas été touchés par l’invasion récente de légionnaire d’automne survenue dans sa région.

Madame Tafesse vit dans le district de Dore Bafenno, au sud de l’Éthiopie. Elle applique la méthode du « pousser-piéger » pour combattre la légionnaire d’automne. Elle cultive le maïs en association avec deux plantes appelées Desmodium et l’herbe brachiaria qui contribue à réduire la présence de ravageurs sur ses plants de maïs.

Elle affirme que l’odeur du Desmodium repousse la légionnaire d’automne, tandis que celle de l’herbe brachiaria les attire. Elle ajoute : « L’application du « pousser-piéger » a empêché le maïs d’être attaqué par le ravageur. Ce n’est pas uniquement mon maïs, mais le champ proche du mien semble avoir également échappé à la légionnaire d’automne. »

La méthode fonctionne de deux manières. Premièrement, le Desmodium cultivé entre les rangées de maïs repousse ou éloigne la légionnaire d’automne et d’autres organismes nuisibles. Deuxièmement, l’herbe brachiaria plantée à la lisière du champ du maïs attire les ravageurs et les éloigne ainsi de son maïs.

Un certain nombre d’agriculteurs et d’agricultrices de sa région emploient cette méthode pour protéger leurs cultures de la légionnaire d’automne et d’autres organismes nuisibles.

En arrivant dans son champ de maïs, madame Tafesse est soulagée de voir que la méthode du « pousser-piéger » continue de mettre son maïs à l’abri des dommages. Elle explique : « J’ai appliqué la méthode du « pousser-piéger » l’an dernier. Je voulais protéger mon maïs du foreur des tiges, mais, j’ai ensuite réalisé que le « pousser-piéger » était efficace contre la légionnaire d’automne. »

Ce ne sont pas tous les paysans et les paysannes du district de Dore Bafenno qui connaissent la méthode du « pousser-piéger ». Madame Tafesse affirme qu’elle essaie de son mieux de faire part des avantages de cette méthode aux agriculteurs et agriculteurs de sa région.

Elle ajoute : « Cette année, j’ai distribué des plantes adaptées à la méthode du « pousser-piéger » provenant de mon champ à trois agriculteurs…. Ils les ont plantées dans leurs champs, et observent les avantages qu’ils offrent … et ils essaient à leur tour d’enseigner les techniques d’application du « pousser-piéger » à d’autres agriculteurs. »

Shekure Kitesa est un autre agriculteur du district de Dore Bafenno qui a appliqué la technique du « pousser-piéger ». Il déclare : « Avant de commencer à appliquer le « pousser-piéger », il m’arrivait de perdre, et ce, à cause des ravageurs, jusqu’à 500 kilogrammes de maïs sur les 2 000 kilogrammes au total que je produis maintenant. Si chaque agriculteur pouvait appliquer le « pousser-piéger » dans son champ de maïs, alors nous aurions les moyens suffisants pour faire face à la légionnaire d’automne. »

Bayu Enchalew est assistant de terrain au Centre international sur la physiologie et l’écologie des insectes, ou ICIPE. Selon lui, l’ICIPE et ses partenaires avaient présenté la technique du « pousser-piéger » aux agriculteurs et aux agricultrices éthiopiens comme une méthode de lutte écologique contre le foreur des tiges, mais avaient réalisé par la suite qu’elle était efficace contre la légionnaire d’automne.

Monsieur Enchalew soutient que son organisation encourage les agriculteurs et les agricultrices à reproduire eux-mêmes le Desmodium et l’herbe brachiaria. Les semences sont parfois difficiles à trouver et coûtent cher étant donné qu’elles sont importées d’autres pays.

Monsieur Enchalew ajoute : « Ce n’est pas seulement au moyen des semences qu’on peut cultiver ces plantes. On peut reproduire le Desmodium en le découpant en morceaux et l’herbe brachiaria en la fendant en deux. »

Il affirme qu’il y a environ 23 000 agriculteurs et agricultrices dans la région où il travaille, mais que seuls près de 700 utilisent la méthode du « pousser-piéger ». Il ajoute que de nombreux obstacles empêchent les paysans et les paysannes d’utiliser cette technique. Le manque de compréhension des avantages du pousser-piéger, la main-d’œuvre inadéquate pour semer les graines, et le manque de connaissances sur les techniques de mise en terre des semences sont quelques-uns de ces obstacles.

Le maïs constitue la base de l’alimentation et la source de revenus pour les besoins de la famille de madame Tafesse. Pour protéger sa principale source de revenus, elle soutient qu’elle continuera à appliquer la méthode du « pousser-piéger » et déployer la technique sur l’ensemble de son exploitation, car celle-ci l’aide à contrôler la légionnaire d’automne. Elle déclare : « Je mets tout en œuvre pour cultiver les plantes répulsives et les plantes pièges attrayantes jusqu’au bout du champ, cela est pratique. »

Cette nouvelle a été produite avec l’appui du projet sur la chaîne de valeur de l’initiative Feed the Future-Éthiopie de l’USAID dans le cadre du projet « ICT-enabled Radio Programming on Fall Armyworm (FAWET)».

Initialement publié le 6 août 2018.

Photo : Harbe Tafesse dans son champ de maïs. Crédit : Neo Brown.