Projecteurs sur Radio1 au Ghana : Analyser en profondeur les impacts de l’industrie minière sur les agriculteurs

| décembre 18, 2017

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Lorsque Victoria Korkor et Emmanuel Asamoah de Radio1, au Ghana, analysent l’ensemble de la situation, ils se disent préoccupés par la capacité du Ghana à nourrir de manière durable sa population au moyen de l’agriculture. Dans leur région, ils ont identifié deux problèmes majeurs que rencontrent les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales, à savoir : la perte de leurs terres à cause des sociétés minières, et le manque d’installations d’entreposage.

Ces deux problèmes occupent une grande partie de l’actualité et des émissions radiophoniques à Radio1, une station de radio privée située à la jonction de Bunso, dans la région de l’Est, au Ghana. La station diffuse Yen Agudie Yen Kro ou « Nos ressources, notre terre », une émission consacrée aux droits fonciers, à l’exploitation minière, aux ressources et aux questions environnementales.

Une deuxième émission, intitulée Ghana Akuafo ou « L’agriculteur ghanéen, » est la principale émission agricole de la station.

Monsieur Asamoah explique : « La plupart des communautés ont perdu leur principale source de revenus, à savoir l’agriculture. Elles l’ont perdue, soit en vendant leurs terres agricoles, soit par l’acquisition forcée des miniers. Toutefois, les activités minières ne sont pas durables et elles perdent leurs terres agricoles, ce qui entraîne une hausse excessive du prix des denrées alimentaires dans ces régions. »

Dans des interviews réalisées avec des journalistes de Radio1, plusieurs agriculteurs et agricultrices affirment que les compagnies minières avaient pris le contrôle de leurs champs et avaient commencé à creuser sans leur permission ou sans leur avoir proposé un dédommagement. D’autres ont senti qu’on leur mettait la pression pour qu’ils vendent leurs terres, et ont regretté plus tard leurs décisions lorsqu’ils n’ont plus été capables de gagner leur vie.

Mme Korkor se rappelle certaines des interviews réalisées par son équipe sur le sujet : « Quand vous prenez le cas d’un agriculteur comme Kwame Seaman à Akyem Nsutam, il a perdu ses cinq acres de terre après avoir travaillé dur et labouré jusqu’à ce qu’elle soit prête pour la récolte, et ce, à cause d’une société minière…. Et que dire de Mme Rita d’Abomosu, dont la terre lui a été retirée de force après qu’elle s’était rendue aux obsèques de son frère. Selon elle, elle est revenue des funérailles de son frère pour se rendre simplement compte que ces miniers travaillaient sur sa terre agricole, et que ses dix acres de cacao qu’elle avait hérité de son père [avaient] disparu, juste comme ça. »

Des histoires comme celles-ci poussent Mme Korkor et ses collègues de Radio1 à mener des recherches approfondies sur les répercussions de l’exploitation minière sur les agriculteurs et les agricultrices locaux. Par exemple : ils perçoivent un lien entre le manque d’installations d’entreposage chez plusieurs paysans et paysannes et la perte de terres en raison de l’exploitation minière.

Monsieur Asamoah explique : « Par exemple : Ebenezer Nyame a récolté environ 30 sacs de cacao et d’autres cultures vivrières et après quelques semaines il a pu seulement [utiliser] 17 sacs à cause du manque d’installations d’entreposage. À la fin de la journée, il n’avait d’autres choix que de vendre sa terre aux miniers et s’est servi de l’argent pour monter un commerce. »

Mme Korkor et monsieur Asamoah ne ménagent aucun effort pour examiner ces problèmes dans leurs émissions radiophoniques, en diffusant les voix des agriculteurs et des agricultrices à l’antenne et en discutant de solutions potentielles.

Ils mènent également des enquêtes sur la façon dont l’exploitation minière nuit à l’environnement et la santé humaine, en réalisant des reportages sur des problèmes tels que la contamination des réserves d’eau. De plus, ils font des reportages sur les développements politiques tels que l’interdiction du gouvernement sur l’exploitation minière artisanale qui fait partie d’une initiative visant à mettre fin à l’exploitation illégale.

Pour les deux journalistes, c’est bien plus que couvrir les nouvelles. Il s’agit également de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour garantir une sécurité alimentaire à long terme dans leur région en appuyant et en encourageant les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales.

Monsieur Asamoah ajoute : « L’impact est très visible du fait que ces communautés ont très peu à manger. Et même lorsque vous trouvez de la nourriture, ça coûte très cher. Les jeunes eux aussi ne s’intéressent pas aux activités agricoles, car ils peuvent gagner rapidement de l’argent avec l’exploitation minière. »