Le pouvoir d’Oxy Jeunes à canaliser la jeunesse de la banlieue

| avril 8, 2019

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En se déplaçant vers la périphérie de Dakar, au Sénégal, le flux de la population s’accentue. C’est qu’à Pikine, une ville cosmopolite éloignée de 13 kilomètres de la capitale, toutes les ethnies du Sénégal s’y retrouvent et s’y installent souvent précairement, le temps de trouver suffisamment d’argent et une situation enviable pour gagner la ville. Dans ce contexte tendu où les emplois sont rarissimes pour les jeunes, des effluves de violence peuvent émaner, dit Famara Seydi, le responsable administratif et financier de la station de radio Oxy Jeunes. Selon lui, les jeunes Pikinois(es) se rallient autour de cette fréquence qui aborde leurs réalités et au sein de laquelle ils peuvent même trouver un emploi comme animateurs radio.

Dans ses efforts de recrutement, monsieur Seydi cible les jeunes aptes à disposer du micro. Qu’importe leur passé professionnel, ils et elles doivent simplement posséder une culture générale de base afin de pouvoir aborder tous les thèmes de la programmation : éducation, culture, santé, politique, enjeux hommes-femmes, et religion.

Monsieur Seydi explique : « À Oxy Jeunes, nous formons nos recrues et leur laissons exprimer leurs propres points de vue, leur colère s’il le faut. » Plusieurs des émissions de la station utilisent un format de débat, avec un radiodiffuseur comme modérateur.

Cette station radio fonctionne sur un modèle de laboratoire d’approfondissement professionnel pour plus de 200 jeunes formés en un intervalle de 20 ans d’existence : techniciens, reporters, journalistes, et animateurs. Certain(e)s mènent aujourd’hui une carrière épanouissante dans de grandes radios dakaroises telles que Radio Futurs Médias, une propriété du chanteur Youssou N’Dour. Monsieur Seydi assume la gestion du personnel et la recherche de partenaires solides pour générer quelques revenus dans les caisses. Car à Oxy Jeunes, chacun travaille bénévolement et doit s’engager dans une dynamique communautaire où la gratification vient au bout du micro et non au fond des poches. Quelques émissions génèrent fort heureusement des sommes minimes pour défrayer les coûts de fonctionnement tels que l’électricité, Internet et le transport versé sous forme d’indemnités aux reporters.

 

Des partenaires internationaux en développement international ont participé à l’aventure d’Oxy Jeunes, à ses efforts en insertion professionnelle auprès des jeunes, tels que Jeunesse Canada Monde et Développement et Paix. Monsieur Seydi déclare fièrement : « Ils nous ont permis de nous installer grâce à une aide financière, puis nous ont laissés évoluer librement. Leur apport nous a aussi ouvert à de nouveaux partenariats locaux en santé, comme le Programme National de Lutte contre le Paludisme et le plan Sénégal volet planification familiale, [et aussi] en éducation et en bonne gouvernance. »

 

Codou Loum est l’une des premières reporters à avoir intégré la station en 2007, après un cycle d’études à l’Institut des sciences de l’information et de la communication. Elle n’a affronté aucune difficulté d’intégration à cause de son genre. Elle relate : « Nous les femmes journalistes à Oxy Jeunes savons faire ce que les hommes font! Je ne suis pas de celles qui refusent d’aller sur le terrain et ne couvrent que des sujets limités. Être journaliste, c’est d’abord être une personne. L’essentiel c’est de vouloir, avoir les capacités et aller jusqu’au bout. »

 

Madame Loum a de l’ambition, et se voit poursuivre une carrière en communication. Élégamment coiffée à la mode africaine, elle déclare : « Dans cinq ans, je me vois leader de ma propre boîte de communication multimédia. »

 

Après plus de douze ans à la barre d’émissions portant sur des thématiques aussi diversifiées que les questions migratoires, l’environnement et les enjeux de genre, l’animatrice passionnée veille aussi à former la relève. Elle partage ainsi son expérience à l’antenne. Madame Loum se spécialise sur un enjeu problématique au Sénégal : l’accès restreint à la terre pour les femmes, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, et elle prend le micro dès que possible pour en discuter. Elle explique : « Elles n’ont souvent qu’une petite portion de terre à cultiver, insuffisante à la pratique agricole. Il s’agit d’une inégalité sociale et culturelle. Elles manquent d’information quant aux [recours] auxquels elles ont droit, ce qui les handicape. »

 

La synergie des radiodiffuseurs et leur liberté d’expression permettent une large couverture d’actualités dans toute la banlieue et au-delà du grand Dakar. Le mot d’ordre pour chacun et chacune : « à chaque point de vue, un reporter. » Tout débutant de la station saura donc couvrir toute activité avec autonomie, au même titre que ses pairs expérimentés, même en direct, du matin au soir. Dans cette perspective, Oxy Jeunes dépasse les mandats des grandes radios où tout est calculé dans le temps, se réjouit monsieur Seydi.

 

Oxy Jeunes est un nouveau partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales. Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur la façon dont vous pouvez devenir un partenaire de RRI, cliquez sur : www.farmradio.fm/fr.