Résumé d’une discussion au Burkina Faso : Collecte et traitement des informations lors d’une crise sécuritaire

| février 6, 2023

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Pour bien planifier et diffuser des émissions, les radiodiffuseur.euse.s doivent recueillir des informations—des informations sur leurs communautés et leurs besoins, et des informations sur les sujets qu’ils couvriront en ondes. Mais les crises rendent la collecte et le traitement des informations plus difficiles.

Nous avons abordé la question de la collecte d’informations pendant les crises de sécurité dans le cadre d’une discussion dans notre groupe WhatsApp de partenaires de radiodiffusion au Burkina Faso. Du 15 au 19 août 2022, Amidou Kabré a animé une discussion de cinq jours, avec le soutien d’Abdoulaye Ouattara, journaliste spécialiste expérimenté.

La discussion a porté sur des sujets tels que : l’état de la collecte et du traitement de l’information par les radios lors des crises sécuritaires ; les rôles et responsabilités des radiodiffuseur.euse.s dans la collecte et le traitement de l’information lors des crises sécuritaires ; l’accès aux sources d’information.

Certaines régions du Burkina Faso ont connu l’insécurité depuis 2011, et l’instabilité, les conflits et la violence ont affecté l’accès aux sources et la collecte d’informations dans ces régions. Dans cette situation, il peut y avoir une confusion sur les rôles des journalistes, des politicien.ne.s, et même de la personne moyenne.

Notre discussion a montré que les informations liées aux questions de sécurité ne peuvent être traitées comme les autres types d’informations. Nous parlons souvent de la responsabilité sociale du journaliste. Dans la situation actuelle, cette responsabilité est due aux personnes décédées et à leurs familles endeuillées, qui apprennent souvent la mort de leurs proches sur les ondes. Mais le rôle des journalistes en cas d’attaque violente est aussi de contribuer à réduire le chaos, l’inertie et les conséquences immédiates du terrorisme sur les personnes touchées. Plus que jamais, en cas d’attaque terroriste, les journalistes ont déclaré que leur mission est d’informer le public.

Les journalistes participant à la discussion ont estimé que leur responsabilité est d’évaluer la pertinence des informations qu’ils et elles fournissent, tant en termes d’utilité de l’information que de l’effet d’apaisement qu’elle peut avoir sur la population locale.

Les participant.e.s ont reconnu que les femmes ont souvent de bonnes informations à partager sur les ondes. Mais il est difficile de recueillir leurs témoignages. Faire savoir aux femmes que leurs contributions sont importantes peut faire la différence pour les encourager à partager, et leur offrir la possibilité de s’exprimer de manière anonyme peut également aider.

Avant la fin de la discussion, nous avons abordé la question de savoir comment rester en sécurité tout en effectuant un travail de radiodiffusion dans des zones en crise. La responsabilité sociale du journaliste est importante, mais elle ne va pas jusqu’à mettre en danger sa vie ou celle des autres à cause des informations qu’il partage. Si les journalistes reçoivent des menaces, ils et elles doivent en informer le responsable de la station de radio, puis éventuellement les autorités.

Quelques éléments à retenir de la discussion : Malgré la situation sécuritaire au Burkina Faso, certaines stations de radio continuent de partager des informations sur le terrorisme dans le but de tenir leur communauté informée. Mais les stations de radio dans les zones où les problèmes de sécurité sont importants ne peuvent pas fournir toutes sortes d’informations. Certains journalistes font l’objet de menaces, d’intimidation, de manipulation et de fausses alertes. Dans ces situations, les journalistes doivent évaluer l’importance, la nécessité, l’impact et le besoin d’information, ne jamais faire confiance à leur entourage lors des communications téléphoniques, ainsi que contrôler leurs fréquentations et leurs propos dans les lieux publics. En cas d’attaque, la première chose à faire est de déterminer si la situation est sous contrôle et si vous ne vous mettez pas en danger en vous rendant sur le lieu de l’attaque. Respectez les consignes de sécurité données par les autorités.