Zimbabwe : Un cercle d’échange de nourriture aide des femmes séropositives à respecter les heures de prise des médicaments

| juillet 22, 2019

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Maude Jaure* verse du sucre blanc dans sa bouillie de sorgho et mélange jusqu’à ce que le sucre fonde entièrement. Madame Jaure est heureuse, car son cercle d’échange de nourriture lui permet de consommer des aliments comme la bouillie de sorgho. Le cercle aide les agricultrices séropositives à diversifier leurs sources d’alimentation et respecter les heures de prise de leurs médicaments.

Elle déclare : « Dans notre cercle d’échange de nourriture, ces aliments procurent de l’énergie aux gens comme nous qui prenons des médicaments contre le VIH… Notre devise est que chaque comprimé antirétroviral doit être pris avec un repas nutritif. »

Madame Jaure vit à Hakata, un village du district de Chivi, dans la province du Masvingo, au sud-est du Zimbabwe. Ce district est une des régions qui souffrent le plus de la sécheresse au Zimbabwe. Plusieurs familles souffrent régulièrement de la faim. C’est une situation extrêmement critique pour les personnes comme madame Laure qui doivent consommer des aliments nutritifs à chaque prise d’antirétroviraux.

Avant de former le cercle d’échange de nourriture avec 10 autres femmes en 2017, madame Jaure peinait à avoir des aliments nutritifs. Elle explique : « En saison sèche, de juin à novembre, je sautais mes prises d’antirétroviraux parce que je n’avais pas à manger. Les infirmiers disent que nous ne devons pas prendre les médicaments le vendre vide. »

Madame Jaure a entendu parler des cercles d’échange de nourriture en Afrique du Sud où elle était domestique. La maladie l’a forcée à retourner au Zimbabwe en 2015. Deux ans plus tard, elle a créé un cercle avec le soutien d’une clinique de sa région.

Les femmes du cercle conservent et échangent des produits alimentaires pour que chaque membre ait des aliments nutritifs à manger. Chacune prend en charge le type de nourriture qu’elle partage. Madame Jaure explique : « Je suis la madame glucides. Je cultive du sorgho et je ramasse également des vers mopane que je fais sécher. C’est mon rôle. »

Les infirmiers et les infirmières communautaires de la clinique encouragent les femmes à consommer des aliments nutritifs pour s’assurer que leurs médicaments agissent efficacement. Madame Jaure déclare : « Nous craignons de faire échouer le traitement antirétroviral et de développer une résistance aux médicaments. On nous a avisés de consommer un mélange de vitamines, de glucides, de zinc, de matières grasses et plusieurs autres [nutriments] bénéfiques pour nos corps. »

Janet Tsanza est une autre agricultrice séropositive du village de Hakata qui est membre du cercle. Elle produit des aliments riches en protéines qu’elle partage avec les membres du cercle. Elle déclare : « Mon rôle est de m’assurer d’avoir de la viande de chèvre, du haricot et d’autres légumineuses. »

Elle ajoute : « Notre système rotatif d’échange de nourriture fonctionne comme suit : un membre protéines donne cinq kilogrammes de haricot à chaque femme. En échange, un membre chargé des aliments riches en matières grasses remet cinq kilogrammes d’arachides à chaque femme du cercle. Cela se passe à des dates convenues. »

Pour adhérer au cercle, une femme s’engage à apporter le type de nourriture qu’elle peut fournir. Lorsqu’il s’agit de cultures vivrières et de céréales, elle partage un kilogramme avec les autres membres tous les deux mois, ou cinq kilogrammes de sa récolte. Si c’est le lait, elle partage trois litres tous les deux mois ou trois litres au moment de la traite. Pour la viande séchée, les membres partagent trois kilogrammes deux fois par an.

Chipo Shange* est un membre du cercle originaire du village de Hakata qui s’est joint à l’association en juillet 2017 sur recommandation des infirmiers et des infirmières. Madame Shange partage des aliments gras avec les autres membres du groupe.

Elle a adhéré au cercle d’alimentation, car elle tombait malade chaque fois que ses récoltes étaient mauvaises, à cause de la variété limitée de nutriments dans son alimentation. Elle explique : « Maintenant je sais que même si ma récolte est faible, j’ai mes collègues pour me dépanner avec des aliments comme le lait de chèvre pour le calcium. Cela est bénéfique. »

Felistas Vambe est infirmière communautaire à l’hôpital Chivi du district et aussi formatrice en régime alimentaire pour les malades du VIH. Elle déclare : « Les cercles d’échange de nourriture sont de plus en plus populaires… Pour les personnes vivant avec le VIH, il est indispensable qu’elles aient des protéines, des glucides, du zinc ou des féculents pour obtenir de bons résultats avec les traitements. »

Madame Vambe ajoute : « Les bailleurs de fonds traditionnels aident en plus les cercles d’alimentation avec des produits contenant du fer, du zinc, de la vitamine B12 et du calcium, mais nous insistons sur le fait que les groupes eux-mêmes mettent l’accent sur les arachides, le lait de chèvre, les vers mopane et la bouillie de sorgho, car ce sont des aliments disponibles en période de sécheresse, qui sont très nutritifs et qui coûtent moins cher à produire. »

Madame Jaure affirme qu’avant la création du groupe d’échange de nourriture, son fils cadet souffrait de malnutrition. Mais maintenant, il a un très bon appétit et ses blessures guérissent vite. Elle déclare : « Nos enfants rataient les cours parce qu’ils avaient trop faim, mais maintenant, c’est du passé. Grâce à l’association d’échange de nourriture, je suis pleine d’énergie. Je n’ai jamais manqué de prendre mes médicaments durant les deux dernières années. »

*Note : Les femmes du cercle ont demandé que leurs noms soient changés pour cette nouvelle à cause de l’hostilité et la discrimination dont sont victimes les femmes séropositives de leur région.