Zimbabwe : Les prix peu élevés se traduisent par des choix difficiles pour les agriculteurs et les agricultrices

| juillet 21, 2014

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Stanley Jena est frustré. L’agriculteur n’a pas d’acheteur ou d’acheteuse pour son maïs. S’il accepte le prix offert par le Grain Marketing Board (office de commercialisation des grains dont le sigle en anglais est GMB), ses pertes seront lourdes. Mais d’autres acheteurs et acheteuses offrent encore moins d’argent.

M. Jena est un agriculteur d’exploitation familiale de Jambezi dans le Matabeleland North, à environ 400 kilomètres au nord de Bulawayo. Les pluies imprévisibles ont poussé l’agriculteur à cultiver des plantes résistantes à la sécheresse comme le sorgho et le mil rouge.

Mais les pluies se sont avérées abondantes en 2013 et la météo s’est montrée favorable au maïs. « La plupart d’entre nous ont planté du maïs. Cette année, nous avons eu des récoltes exceptionnelles », dit-il.

M. Jena a récolté 20 tonnes de maïs et prévoyait vendre son surplus. Sa famille était très excitée au sujet des bénéfices potentiels. Le GMB semblait évident comme choix de marché, mais les événements ne se sont pas passés comme M. Jena et sa famille le prévoyaient.

« Les prix qu’ils offrent sont bas. Je pense que c’est parce qu’il y a beaucoup de maïs cette année. Cependant, [le GMB] a oublié qu’il coûtait cher de produire du maïs, car le prix de l’engrais est élevé », dit-il.

Le GMB offre aux agriculteurs et aux agricultrices 390 $ US la tonne cette année, une somme en baisse par rapport à 420 $ US la saison précédente où le Zimbabwe était confronté à une grave pénurie de maïs.

Les agriculteurs et les agricultrices parcourent souvent de longues distances pour vendre leurs produits au GMB et doivent couvrir les frais de transport de leurs récoltes vers le dépôt le plus près.

Bongiwe Xaba est une agricultrice d’exploitation familiale à Jambezi. « Le dépôt est à 80 kilomètres. L’idéal aurait été de louer un camion pour transporter mes deux tonnes de maïs, mais, en raison du coût, j’ai opté pour mon char à bœufs », explique-t-elle.

Mme Xaba dit qu’elle ne peut pas envisager de réussir à rembourser l’argent qu’elle a emprunté à sa sœur pour acheter des intrants.

En avril 2014, M. Jena a vendu cinq tonnes de maïs au GMB, mais son paiement a été très retardé. « C’est un gros inconvénient parce que je voulais payer les droits de scolarité de mes filles et subvenir aux besoins de la famille aussi. J’ai fini par vendre cinq de mes chèvres », affirme-t-il.

Stevenson Dhlamini est un économiste agricole du Zimbabwe. Selon lui, l’incapacité du GMB de payer à temps fait en sorte que les acheteurs et les acheteuses privé(e)s profitent des agriculteurs et des agricultrices. Beaucoup offrent de l’argent liquide, mais à des prix inférieurs. Les agriculteurs et les agricultrices désespéré(e)s sont souvent obligé(e)s d’assumer une perte.

Il n’y a pas de prix minimal pour le maïs au Zimbabwe. Il n’y a pas de contrôle des prix et les forces du marché dictent le prix de vente. Même si M. Jena vend ses surplus de maïs à la GMB, il perdra jusqu’à 40 pour cent de son investissement.

« Je vais transformer une partie de mon maïs et attendre le moment opportun même si cela prend deux ans pour la vendre à un marché désespéré en raison d’une famine. Je vais en mélanger une partie avec du concentré en guise d’aliment pour mes animaux », ajoute-t-il.

M. Jena a 10 bovins et peut réduire les coûts d’alimentation en se servant de son maïs pour les nourrir dans leur enclos. La saison dernière, il n’a cultivé rien d’autre que du maïs. Toutefois, il a d’autres plans cette saison. « J’ai assisté à des cours de plantation de pommes de terre en sac. Il y a [une forte] demande de pommes de terre dans ma région et donc … je vais réussir à gagner ma vie », de dire M. Jena.