Zimbabwe: Les communautés rurales sont durement frappées par le VIH et le sida (par Vladimir Mzaca, pour Agro Radio Hebdo)

| décembre 2, 2013

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Sithembile Moyo est une agricultrice veuve vivant avec le sida dans la région de Nyamandlovu, dans le Matabeleland Nord. Sa condition affecte sa productivité vu qu’elle passe beaucoup de son temps sur la route, pour se rendre à l’hôpital le plus près.

Mme Moyo se demande avec inquiétude si elle survivra cette saison. Elle dit : « L’hôpital est à 40 kilomètres, et pire encore, les antirétroviraux  [ARVs] sont en quantité limitée. Des fois, on nous dit d’attendre plusieurs jours avant qu’ils n’arrivent de l’hôpital de référence le plus proche. »

Le National AIDS Council of Zimbabwe estime que seulement 476 000 Zimbabwéens, soit 36 pour cent des 1,3 millions d’habitants vivant avec le VIH reçoivent des ARVs. Ce sont souvent celles et ceux qui vivent dans les zones plus rurales, y compris les agricultrices et agriculteurs, qui ont le moins accès à une ordonnance.

Le mari de Mme Moyo, Lethukuthula, est mort d’une méningite en 2006, la même année qu’elle a appris son statut VIH. Elle craint que ses jours à elle aussi ne soient comptés. Si Mme Moyo ne peut pas ensemencer ses cultures, elle n’aura rien à récolter, et rien à manger. Elle ne gagnera pas d’argent non plus, ce qui veut dire qu’elle ne pourra pas payer les frais scolaires de sa fille.

Elle dit : « Je mourrais plus tôt parce que les médicaments qui me gardent en vie se font rares et  [la récolte] de nourriture dépend de ma capacité de planter. Je ne peux pas prendre les pilules l’estomac vide. »

La fille de Mme Moyo est la seule famille qui lui reste. La veuve veut voir sa fille aller à l’Université mais elle a peur que sa santé fragile ne rende ce rêve impossible. Elle explique : « Ma santé se détériore et par conséquent, il m’est difficile de payer pour les frais scolaires de mon enfant. Je crains qu’elle ne se soit forcée d’abandonner l’école afin de prendre soin de moi.

Mehluli Sibanda est un ancient enseignant qui a commencé à pratiquer l’agriculture à petite échelle après sa retraire. Lui aussi vit avec le VIH. Comme il vit en zone rurale, il trouve aussi qu’il est plus difficile d’avoir accès à des soins de santé. Mais il a conçu une stratégie de survie.

Il dit : « J’ai maintenant un jardin qui me donne des denrées alimentaires additionnelles. J’ai des bananes, des pommes, et des légumes tels que des tomates. Même si je manque de pilules, je peux au moins maintenir mon immunité. » Le mauvais côté de son initiative est que, parce qu’il cultive des fruits et des légumes, il a moins de temps à consacrer à des cultures commerciales.

M. Sibanda s’inquiète du fait que le VIH et le sida affectent la productivité agricole générale. La prévalence de la maladie est plus élevée dans les communautés agricoles plus pauvres.  Une forte proportion de travailleurs est soit infectée soit affectée par le VIH et le sida. Les ruraux vivant avec le VIH doivent consacrer beaucoup de temps à gérer leur condition alors que les ONGs et le gouvernement zimbabwéen sont incapables d’assister un grand nombre de gens.

Au Zimbabwe, l’agriculture est sérieusement affectée par l’épidémie du VIH/sida. Lorsqu’ils contractent l’infection et tombent malades, et n’ont pas d’accès régulier à des médicaments antirétroviraux et à un régime alimentaire équilibré, les agriculteurs sont incapables de produire assez de nourriture pour eux-mêmes, encore moins pour le reste de leur communauté.