Zimbabwe : Grâce aux banques de semences, les paysans s’adaptent mieux aux changements climatiques (IRIN)

| janvier 6, 2018

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Jameson Sithole cultive du maïs sur quinze de ses 17 hectares à Chipinge dans la province du Manicaland, au Zimbabwe. Il cultive de petites céréales indigènes sur les deux autres hectares. Il déclare : « Le maïs a une valeur commerciale, donc, je peux le vendre facilement …. Avec les petites céréales, c’est différent. Mais j’ai besoin de compléter mes réserves de maïs lorsqu’elles s’épuisent, et cela me permet de nourrir ma famille durant la sécheresse. »

Au Zimbabwe, le maïs est roi dans les assiettes et dans les champs. Les Zimbabwéens consomment au moins 1,8 million de tonnes chaque année.

Les agriculteurs n’accordent que très peu d’intérêt aux petites céréales telles que le millet, le niébé et le sorgho. Pourtant, ces cultures coûtent souvent moins cher à cultiver et elles résistent mieux que le maïs à la sécheresse. De plus, les intrants utilisés pour les céréales indigènes sont souvent moins coûteux que ceux destinés au maïs hybride vendus dans les magasins.

Actuellement, les nouvelles banques de semences permettent aux paysans d’avoir accès aux semences indigènes et de les préserver.

John Misi, administrateur du district de Mudzi dans la province du Mashonaland Est, pense que les agriculteurs rechignent à cultiver les céréales indigènes parce que « le maïs est l’aliment de base [des Zimbabwéens] et, ici, les gens sont donc habitués à le cultiver. »

En 2016, une sécheresse a fait enregistrer au Zimbabwe la pire récolte de maïs de son histoire. Un quart de la population a eu recours à l’aide alimentaire.

Outre leur résistance à la sécheresse, les céréales indigènes exigent d’habitude moins d’intrants que le maïs hybride vendu en magasin.

Peu cultivées, les semences de ces céréales sont rares. Les agriculteurs peuvent acheter des semences de maïs au marché, mais 95 % des autres semences proviennent de leurs propres cultures ou celles de leurs collègues voisins. Cela limite encore plus le nombre d’agriculteurs qui cultivent les céréales indigènes.

Pour régler la question, l’ONG Community Technology Development Trust basée à Harare a créé des banques de semences pour rendre les semences de céréales indigènes accessibles au plus grand nombre. Les semences sont conservées dans de petites pièces sombres dans les banques céréalières, à l’abri de la chaleur. Ces banques jouent le rôle d’associations et fonctionnent presque comme une banque classique. Les paysans empruntent des semences fournies souvent par la collectivité locale. Après les récoltes, ils remboursent leurs prêts et les intérêts en nature.

Patricia Jameson Muchenje exploite une petite parcelle dans le district de Rushinga dans la province du Mashonaland central, sur laquelle elle cultive des céréales indigènes.

Elle déclare : « Ici, nous essayons d’éviter la disparition des petites céréales grâce à notre banque de semences collective. Nous travaillons en collaboration, nous nous renseignons mutuellement sur les semences les plus adaptées et nous utilisons les techniques agricoles les meilleures. »

Marjorie Jeke qui vit dans la province du Mashonaland oriental est rassurée, car elle sait que la banque de céréales peut l’aider en cas de difficulté. Elle déclare : « En cas d’inondation, et si nos cultures ne marchent pas […], je peux retourner à la banque de semences et récupérer mes graines gratuitement pour replanter. Je n’ai pas besoin de prendre la peine d’emprunter à mes voisins ni de déranger mes enfants [avec] des histoires d’argent, car la banque de semences facilite notre vie de paysans. »

Elle ajoute qu’elle et d’autres agriculteurs de la région comptent vendre les semences provenant de la banque de semences et investir les revenus dans d’autres activités rémunératrices comme le maraîchage ou l’aviculture.

Selon une étude de l’ONG internationale, Oxfam, « l’accès aux bonnes semences, au bon moment, et au bon prix est essentiel pour produire suffisamment de nourriture dans un contexte de perturbations climatiques croissantes. Les systèmes de semences paysannes et les banques de semences collectives représentent un filet de sécurité important pour les populations vulnérables disposant de peu de moyens. »

D’autres banques de semences devraient être ouvertes à Harare, la capitale du Zimbabwe. Il faut environ 20 000 dollars américains pour la mise en place d’une banque. Selon un article publié en avril 2017 par le journal périodique de recherche Development in Practice, le manque de financement à long terme pourrait menacer la survie de ces banques dans un pays où le secteur agricole reste sous-financé.

La présente nouvelle est adaptée d’un article intitulé « Au Zimbabwe, les banques de semences aident les paysans à s’adapter au changement climatique » publié par IRIN à l’adresse suivante : http://www.irinnews.org/fr/analyses/2017/11/07/au-zimbabwe-les-banques-de-semences-aident-les-paysans-s-adapter-au-changement, avec des renseignements supplémentaires provenant d’un article intitulé « Zimbabwe : 500 millions de dollars pour accroître la production de maïs, » disponible à l’adresse suivante : http://fr.africatime.com/zimbabwe/articles/zimbabwe-500-millions-de-dollars-pour-accroitre-la-production-de-mais

Photo: Seeds on display at Chimukoko Seed Fair. Credit: IRIN _Sally Kyakanyaga