Zimbabwe: Durement frappés par le climat changeant, des agriculteurs choisissent des variétés de plantes traditionnelles (Trust)

| septembre 23, 2013

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Il y a toujours quelque chose à manger sur le terrain d’un hectare d’Esinah Moyo. Entre les rangées de maïs se trouvent des haricots indigènes qui font une soupe délicieuse. Les arachides sont plantées avec le sorgho en culture intercalaire, et sont prêtes à être cueillies pour faire un bon repas.

Mme Moyo pratique l’agriculture à Jambezi, à environ 300 kilomètres au nord de Bulawayo. Elle attribue une bonne partie de son succès aux techniques agricoles de conservation. Mais elle cultive aussi des variétés de plantes traditionnelles et vend leurs graines à d’autres agriculteurs.

Le climat changeant fait que les pluies sont imprévisibles dans la région de Mme Moyo. Alors, elle a décidé d’ensemencer chaque centimètre de son petit lopin de terre avec des graines de variétés traditionnelles. Elle dit que les variétés traditionnelles sont résistantes quand les conditions sont difficiles, et lui donne une variété d’aliments tout au long de l’année.

Les rendements obtenus avec des semences hybrides achetées en magasin peuvent être considérablement plus élevés quand les conditions sont favorables. Mais les conditions météo rendent les saisons moins prévisibles. Les agriculteurs comme Mme Moyo essayent de trouver la bonne combinaison entre résistance et régularité de rendement afin de s’ajuster au climat changeant. Et ils commencent à croire que les variétés de semences traditionnelles font partie de la solution.

Depuis des générations, les agriculteurs conservent une partie de leurs récoltes pour les planter la saison suivante. La semence traditionnelle présente une plus vaste diversité génétique et des attributs particulièrement bénéfiques durant les mauvaises saisons.

Mme Moyo cultive et les variétés hybrides et les variétés traditionnelles de maïs. Elle dit que les semences hybrides peuvent mûrir tôt et produire des rendements élevés, certaines bonnes années. Mais elle dit: « Quand la saison est mauvaise, ce sont principalement les [variétés traditionnelles] qui me donnent un bon rendement. »

Elle plante deux fois par année et produit en moyenne deux tonnes de semences. Elle vend la moitié de son maïs à environ 1$ le kilo. À ce prix-là, elle peut gagner plus de 2000$ US par année. Elle garde le reste pour nourrir sa famille et pour planter la saison suivante.

Ivy Nyoni cultive des variétés traditionnelles depuis cinq ans. Elle récolte entre une et trois tonnes de semences annuellement. La saison dernière, elle a gagné plus de 2000$ US en vendant les semences. Elle dit: « Le projet m’a permis de construire ma maison, de payer les frais de scolarité de mes enfants, et d’élever des poulets et des chèvres. »

Moses Siambi est chercheur principal à l’International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics. Il dit que les variétés traditionnelles ont de faibles rendements, et ne produisent pas suffisamment pour permettre aux agriculteurs de vendre des surplus.

Il ajoute: « On devrait encourager les agriculteurs à cultiver des hybrides parce que la productivité des [variétés traditionnelles] est faible. [Les agriculteurs] ne produiront jamais assez pour vendre et envoyer leurs enfants à l’école. »

Mais Mme Moyo n’est pas d’accord. Elle dit qu’en vendant une partie de sa production sous forme de semences, elle gagne assez d’argent pour sa famille. Elle croit aussi que les variétés traditionnelles ont plus de résilience, un avantage important dans un contexte de climat changeant.