Zimbabwe : Des villageois prêchent par l’exemple en matière de protection de terres et d’arbres (Mongabay)

| avril 3, 2023

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Nouvelle en bref

Elizabeth Munene vit dans le village de Velemu, à Chilonga, au Zimbabwe. Dans sa communauté, il est interdit de couper des arbres sans raison. Plutôt que d’abattre l’arbre entier, les membres de la communauté taillent les branches. Certaines personnes comme madame Munene avaient l’habitude d’utiliser le bois de chauffe et les lampes à pétrole pour cuisiner et s’éclairer. Maintenant, elle utilise des panneaux solaires pour préparer et elle a l’électricité à la maison. Velemu a un comité environnemental qui veille au respect des lois environnementales. Ce comité encourage les gens à éviter les feux de brousse et à ne pas couper les arbres aveuglément. Lorsqu’une personne viole les règles, le comité le dénonce au chef du village qui soumet l’affaire aux tribunaux coutumiers ou correctionnels. Cela fait des siècles que les gens du village protègent leur région riche en biodiversité, notamment en évitant de cultiver le long des berges des cours d’eau pour ne plus envaser la rivière Runde située non loin. Ils pratiquent la rotation des cultures pour améliorer la fertilité des sols, utilisent des engrais organiques et assignent des espaces distincts pour les habitations, les champs et les pâturages.

Elizabeth Munene habite le village de Velemu à Chilonga, au Zimbabwe, et elle est de la tribu Shangaan. Dans sa communauté, il est interdit d’abattre des arbres sans raison valable. Toute personne qui enfreint cette règle doit donner une chèvre au chef du village, une coutume qui démontre à quel point la communauté désapprouve l’abattage des arbres. Madame Munene déclare : « On nous a appris que la déforestation nuisait à notre environnement. » Au lieu d’abattre l’arbre entier, les gens de sa communauté taillent les branches.

Certaines personnes comme madame Munene avaient l’habitude du bois de chauffage et des lampes à pétrole pour cuisiner et s’éclairer. Aujourd’hui, cette mère de deux enfants utilise des panneaux solaires pour cuisiner et elle a l’électricité à la maison. Elle déclare : « On m’a appris que l’énergie solaire est une énergie propre et intelligente qui ne génère pas de pollution, laquelle contribue au changement climatique. »

Malgré ces efforts pour avoir un mode de vie durable, madame Munene et environ 12 500 villageois et villageoises de la région risquent d’être expulsés à cause d’un projet d’irrigation qui détruira plus de 12 000 hectares d’arbres. Le processus d’expulsion a débuté en 2021 et, bien qu’il ait été interrompu à la suite des protestations de la communauté, le gouvernement a promis de continuer.

Le gouvernement a informé la population de Chilonga qu’elle serait déplacée pour une plantation de luzerne destinée à approvisionner une société laitière. Ce projet a ensuite été remplacé par un projet d’irrigation, après que les gens du village eurent déposé une requête auprès de la Haute Cour pour interrompre l’expulsion.

Les gens ont fait valoir que leurs sites religieux sacrés et leurs terres ancestrales seraient perdus s’ils étaient déplacés.

Le gouvernement affirme que l’expulsion est autorisée par la Loi sur les terres communales. Au Zimbabwe, le président a le contrôle sur les terres communales et décide de leur utilisation et de leur occupation. Il en résulte une série de protestations de la part des villageois et des villageoises.

La population de Velemu dispose d’un comité environnemental composé de six membres qui veillent au respect des lois environnementales. Ils encouragent les gens à éviter les feux de brousse et à ne pas couper les arbres aveuglément. Si quelqu’un ne respecte pas les règles, le comité le dénonce au chef du village, qui peut porter l’affaire devant les tribunaux traditionnels ou pénaux.

Le village conserve sa zone de biodiversité depuis des siècles. Les gens évitent notamment de cultiver le long des rives des cours d’eau afin d’empêcher l’envasement de la rivière Runde, située à proximité. Ils pratiquent la rotation des cultures pour améliorer la fertilité des sols, utilisent des engrais organiques et n’allument plus les feux de brousse qui détruisent les forêts et les prairies. Ils délimitent également des zones distinctes pour les habitations, les champs et les pâturages.

La famille d’Enock Piki vit dans la région depuis 1963. Il déclare : « Les feuilles de mopane fournissent de riches vitamines à notre bétail et à nos chèvres, et les baobabs abritent des nids de calaos, d’autres espèces d’oiseaux rares, ainsi que de petits animaux endémiques comme les écureuils, les serpents et les lapins. Ces espèces seront menacées si elles sont privées de leur habitat naturel par le défrichement de l’allée dans le cadre du projet d’irrigation. »

Il explique que les gens du village se fient aux calaos pour les prévisions météorologiques. Les cris des oiseaux lorsqu’ils s’envolent vers l’est, généralement en octobre, signifient que les pluies arrivent, et c’est un signe que les agriculteurs commencent à planter à sec. Monsieur Piki déclare : « Les oiseaux sacrés ne nous ont jamais fait défaut alors que nous les étudions. Si, au cours d’une année, nous ne les voyons pas ou ne les entendons pas crier, nous savons qu’il va y avoir une sécheresse. »

Le ministre de l’Environnement, Mangaliso Ndlovu, a déclaré que toute entreprise prévoyant d’exercer des activités doit réaliser une étude d’impact sur l’environnement.

Les villageois et les villageoises s’inquiètent de l’impact du projet d’irrigation sur leur environnement. Ils ont connu la déforestation dans le passé, ce qui a rendu certaines parties de la région stériles et n’a laissé que quelques espèces d’oiseaux. C’est alors qu’ils ont établi des zones séparées pour les champs, le pâturage du bétail et les habitations. Ils espèrent que leur environnement ne sera pas à nouveau marqué par le projet d’irrigation.

Cette nouvelle est inspirée d’un article écrit par Tatenda Chitagu pour Mongabay, intitulé « Au Zimbabwe, un projet d’irrigation menace les terres et les arbres d’une tribu. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://news.mongabay.com/2021/10/in-zimbabwe-an-irrigation-project-threatens-a-tribes-land-and-trees/#:~:text=A%20Zimbabwean%20minority%20tribe%2C%20the,baobab%20trees%20in%20their%20area