Zimbabwe : Des incohérences au niveau des politiques gouvernementales entravent la participation des jeunes à l’entrepreneuriat agricole (IPS News)

| avril 11, 2021

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Nouvelle en bref

La jeunesse zimbabwéenne demande au gouvernement de lui apporter plus qu’un soutien en intrants gratuits pour ses activités agricoles. Lihle Moyo est un agriculteur de 27 ans de Gwanda qui élève de la volaille et cultive du chou, des tomates et des oignons sur la terre de son père. Grâce au soutien financier de sa famille, il a pu acheter l’équipement nécessaire, y compris des citernes d’eau et un groupe électrogène, et a installé un forage. Mais tous les jeunes n’ont pas la chance d’avoir ce type de soutien financier, et les programmes gouvernementaux offrent généralement des semences et des engrais uniquement. Pour que les jeunes puissent cultiver toute l’année, il leur faut plus d’aide.

Lihle Moyo est un agriculteur de 27 ans originaire de Gwanda, une localité située à 160 kilomètres de Bulawayo, la deuxième plus grande ville du Zimbabwe. Après ses études collégiales, il décida de démarrer une petite entreprise agricole, incluant l’élevage de volailles et la culture de chou, de tomate et d’oignon, sur la terre de huit hectares de son père. Heureusement, grâce au soutien financier de sa famille, monsieur Moyo parvint à acheter l’équipement nécessaire pour son activité. En effet, il creusa un forage et acheta des citernes et un groupe électrogène.

Malheureusement, ce ne sont pas tous les jeunes qui ont la chance d’avoir de l’aide pour se procurer un capital de démarrage. Il existe des programmes gouvernementaux qui fournissent des intrants gratuits comme les semences et les engrais, mais ceux-ci ne suffisent pas pour lancer une activité agricole.

Monsieur Moyo explique : « Même si vous obtenez ces choses gratuites, vous devez tout de même réfléchir à la façon dont vous allez maintenir votre exploitation. Et, dans tous les cas, il faut tenir compte du fait que ce ne sont pas tous les jeunes agriculteurs qui veulent cultiver du maïs. Nous voulons tester d’autres choses. »

L’homme de 30 ans, Dumisile Gumpo abandonna son rêve de pratiquer l’agriculture à grande échelle. Il cultive actuellement du maïs, des courges et des pois, et déclare : « Actuellement, je cultive seulement sur la terre de mes parents grâce aux pluies. Quand les pluies vont s’arrêter, cela signifie que je devrais encore attendre la prochaine saison pluvieuse. »

Il ajoute : « J’aimerais cultiver toute l’année, mais je ne vois pas comment, puisque je n’ai pas d’argent pour m’aventurer dans d’autres choses telles que la volaille ou même creuser un forage. »

Pour plusieurs jeunes de la région de Gwanda, les richesses instantanées provenant des activités minières illégales semblent plus attrayantes que l’agriculture.

Les spécialistes affirment que l’implication des jeunes dans l’agriculture n’a pas réellement pris de l’essor à cause des incohérences observées au niveau des politiques gouvernementales et du manque de connaissances et d’études sur les besoins des jeunes agriculteurs(trices).

Selon le Fonds international de développement agricole (FIDA), en raison de la pandémie du COVID-19, nous sommes arrivés à un moment où « il est indispensable de réinventer le secteur agricole, » et où les jeunes constitueront la composante essentielle de cette révolution.

Cependant, si le gouvernement n’apporte pas un appui sous forme de fonds ou de formations, les jeunes auront de la difficulté à agir. Monsieur Moyo déclare : « Je n’ai pas de modèle d’affaires, je fais simplement ce qui doit être fait à mon avis. Par exemple, avec le projet de volailles, j’ai perdu beaucoup de poussins lorsque j’ai commencé, car je ne savais rien de l’élevage de poules. »

Même si le Zimbabwe octroyait des prêts aux jeunes dans le passé, monsieur Moyo soutient qu’il a toujours été difficile d’accéder à ces prêts parce que l’agriculture n’est pas considérée comme une activité qui rapporte à court terme.

Il déclare : « Dans le passé, on a vu des jeunes avoir des prêts. Cela dit, même pour n’importe quel projet, il est toujours compliqué d’obtenir quelque chose du gouvernement. Imaginez-vous leur parler de vos grandes idées concernant l’agriculture. »

Shiferaw Fekele est agroéconomiste. Lors d’une présentation qu’il a faite à CARE Intermediaries, il a déclaré : « Il n’y a pas de données de recherche relatifs aux jeunes pour renseigner l’élaboration de politiques et de programmes de développement pertinents pour les jeunes. » Il souligne qu’il est important que « les jeunes fassent des recherches sur les jeunes », car déclare-t-il : « les jeunes connaissent mieux que quiconque les véritables besoins, aspirations, défis et points de vue de leurs camarades concernant l’agriculture. »

Heureusement, certaines ONG agissent. Le projet « Enhancing Capacity to Apply Research Evidence » parrainé par le FIDA et l’Institut international de l’agriculture tropicale travaille avec les jeunes pour consulter le gouvernement et élaborer de meilleures politiques pour les jeunes. Il reste beaucoup de travail à faire, mais les jeunes agriculteurs(trices) comme monsieur Moyo et monsieur Gumpo peuvent devenir des précurseurs pour l’avenir des jeunes dans l’agriculture, en contribuant à la sécurité alimentaire du pays et en créant des carrières satisfaisantes pour le reste de leur vie.

La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Ignatius Banda et publié dans l’Inter Press Service le 16 mars 2021, sous le titre « Policy Inconsistencies and Poor Research Slow Young Farmers in Africa. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : http://www.ipsnews.net/2021/03/policy-inconsistencies-and-poor-research-slow-young-farmers-in-africa/.

Photo credit: Busani Bafana / IPS