Zimbabwe: Des grands marchés, mais des plus grands défis (IPS)

| septembre 27, 2010

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Plusieurs  agriculteurs au Zimbabwe ont été dépendants de l’aide alimentaire au cours des dernières années. Tabiso Dube, du district de Gwanda dans le sud du Zimbabwe, est l’une de ces agricultrices. Après quatre années de réception d’aide alimentaire, Mme Dube s’est jointe à un projet qui fait la promotion d’un système d’irrigation avec 56 autres agriculteurs.-Elle fait maintenant pousser des aliments toute l’année. Elle peut nourrir ses enfants et donner à manger à sa famille élargie et à ses voisins.


Mme Dubé, mère de quatre enfants, dit: « Je ne m’inquiète plus pour les frais de scolarité, étant donné que notre projet veille à ce que j’ai assez de nourriture pour mes enfants et suffisamment de liquidités pour payer les frais et pour entretenir ma maison. » Mme Dube cultive des légumes, du blé et du maïs. Son alimentation est maintenant plus diversifiée et elle gagne de l’argent en vendant ses produits.


Toutefois, à Bulawayo, à 250 kilomètres de la localité où elle se trouve, la plupart des fruits et légumes vendus dans les marchés sont importés d’Afrique du Sud. Les exploitations situés proche de cette deuxième ville du Zimbabwe ne peuvent pas répondre à la demande. Par conséquent, un million de consommateurs paient des prix élevés.

Certains des producteurs qui fournissaient le marché de Bulawayo autrefois ont été chassés de leurs fermes ou ont réduit leur production suite au programme de redistribution des terres. Ceux qui pratiquent encore l’agriculture ont de la difficulté à trouver du financement pour accroître leur production et à assurer l’entretien de leur matériel agricole.

Innocent Sibanda est l’une de ces personnes qui font encore l’agriculture. Il dit : « Le marché de Bulawayo n’a pas de légumes et les prix que vous obtenez ici sont trop bons pour être vrais. » Une caisse de tomates se vend 6 à 7 dollars américains à Bulawayo. Selon M. Sibanda, «… les gens vont tous à Harare pour acheter des tomates à 5 dollars américains par caisse afin de les revendre à Bulawayo, car les prix sont meilleurs. »

Mme Dube et les 56 autres participants au projet de système d’irrigation désirent approvisionner cet important marché. Ils font pousser des produits organiques de haute qualité, mais ils ont du mal à percer sur le marché de Bulawayo. Esther Madema est participante au du projet de système d’irrigation. Elle dit: « Il est difficile de vendre nos produits à Bulawayo, en raison de la distance, et de la négocier à de meilleurs prix, même si nos produits sont de bonne qualité. »


Compte tenu du mauvais état des routes, du manque de réfrigération et des coûts élevés du carburant, le transport de produits périssables sur 250 kilomètres de distance est un cauchemar logistique. Ironiquement, la plupart des produits frais de Bulawayo parcourent jusqu’à 700 km de route depuis des fermes d’Afrique du Sud, sur des routes beaucoup plus praticables. Marko Masuku est un grossiste de Bulawayo. Il dit: « Nous faisons venir jusqu’à environ 30 tonnes de fruits et de légumes à Bulawayo [depuis l’Afrique du Sud] par semaine, étant donné que nous ne pouvons obtenir des quantités suffisantes au niveau local. »

Pro Africa est une organisation locale de développement. Elle a appuyé le développement du système d’irrigation. L’organisation offre de la formation en marketing pour les participants au projet, mais le défi a été trop grand jusque là. Le directeur de Pro Africa, Velenjani Nkomo, a dit qu’une solution possible serait que les agriculteurs mettent en commun leurs ressources et achètent leur propre camion.

Pour l’instant, Pro Africa encourage les agriculteurs de Bulawayo à diversifier leur production avec des légumes moins périssables comme les courges musquées, les oignons et les pommes de terre. Ces légumes résistent mieux au parcours de 250 kilomètres. Pendant ce temps, les consommateurs qui sont encore à Bulawayo mangent des produits sud-africains, ignorant que des produits locaux de qualité ne sont qu’à 250 kilomètres.