Zambie : L’argent pousse sur les arbres, alors ne les déracinez pas! (IPS)

| septembre 2, 2019

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Ensemble, Jennifer Handondo et un groupe d’agriculteurs observent leurs champs et réfléchissent. Cependant, ce n’est pas à ses cultures vivrières qu’elle pense, mais plutôt aux arbres. Madame Handondo est une petite agricultrice originaire du district de Choma, au sud de la Zambie. Elle fait la promotion des arbres comme une bonne source de revenus supplémentaires pour les agriculteurs d’exploitations familiales.

Cette mère divorcée est seule à subvenir aux besoins de ses trois enfants. Seulement, les températures anormalement élevées et les faibles précipitations se sont soldées en une récolte inférieure à ce qu’elle espérait obtenir. Par conséquent, elle s’est diversifiée dans la vente de jeunes plants de neem, de moringa et d’autres arbres aux vertus médicinales.

Madame Handondo déclare : « Pour moi, les arbres représentent de l’argent et un moyen de subsistance, cependant, non pas quand on les utilise de la mauvaise façon pour produire du charbon, mais plutôt par la production de ces jeunes plants-là. » Elle y ajoute également de la valeur en produisant des poudres avec les feuilles d’arbres tels que le Moringa Oleifera, un arbre qui donne des fruits comestibles et a des propriétés médicinales.

Madame Handondo gagne en moyenne 78 $ US environ chaque mois en vendant des semis d’arbres et des poudres. Mais les grosses commandes de poudre de moringa peuvent lui rapporter 5 400 $ le mois. Ce sont de grandes institutions qui lancent ces grosses commandes, et elle fait appel à d’autres agriculteurs pour les satisfaire.

La Zambie a une bonne couverture forestière. Les forêts représentent environ 66 % de sa superficie totale et 220 espèces arboricoles font la fierté du pays. Cependant, cette riche biodiversité est menacée à cause de la déforestation qui réduit le couvert forestier de 300 000 hectares environ par an.

Selon l’Agence de gestion environnementale de la Zambie, la déforestation est attribuable à plusieurs facteurs, dont la coupe illégale et systématique des arbres, la collecte irresponsable du bois servant de combustible et de charbon, et l’exploitation forestière. La forêt disparaît également lorsqu’on la défriche pour aménager de grandes parcelles de terres agricoles ou en raison de l’urbanisation et l’aménagement de nouvelles habitations.

Madame Handondo est passionnée par les arbres, et elle participe à des campagnes de reboisement et des programmes de sensibilisation depuis 2016. Elle œuvre pour le changement et milite pour un projet de régénération naturelle assistée de Vision Mondiale Zambie.

La régénération naturelle assistée, ou RNA, consiste à replanter activement des arbres et des arbustes résultant de souches d’arbres, de systèmes racinaires ou de semences afin de restaurer les terres agricoles et la fertilité du sol.

Madame Handondo ajoute : « Nous avons beaucoup de zones forestières en état de stagnation qui ne se développent pas, car elles sont saturées, mais lorsque nous les désencombrons au moyen de la RNA, nous remarquons que les arbustes deviennent des arbres, formant ainsi le couvert forestier nécessaire, car la concurrence pour les éléments nutritifs diminue. »

La RNA vise à accroître la valeur et la quantité de végétation ligneuse sur les terres agricoles. Un autre principal objectif est d’outiller les communautés avec des connaissances pour atténuer le déboisement.

Shadrick Phiri est spécialiste en agriculture et en ressources naturelles chez Vision Mondiale Zambie. Il affirme que la RNA peut être gérée par les agriculteurs ou les communautés, et qu’elle pourrait être axée sur la gestion des arbres dans les zones forestières protégées ou sur les pâturages.

Selon monsieur Phiri, le projet de Vision Mondiale regroupe 600 agriculteurs qui pratiquent la RNA dans la province du Sud de la Zambie et touche 2 600 ménages du pays.

Ce projet n’est qu’une des nombreuses initiatives visant à promouvoir le reboisement et restaurer les terres dégradées en Zambie. Le Fonds mondial pour la nature, Bio Carbon Partners, la Banque mondiale, les Nations Unies et l’Agence de gestion environnementale de la Tanzanie mènent ou appuient tous leurs propres initiatives.

Le rôle des agriculteurs et des communautés locales dans la réduction de la déforestation a fait l’objet d’une discussion importante au Forum mondial sur les paysages, organisé en juin, en Allemagne. Ce forum a donné les preuves selon lesquelles la reconnaissance légale de l’autorité des communautés locales sur leurs forêts et leurs terres entraînait une baisse des taux de déforestation. C’est la raison pour laquelle la RNA s’adresse aux leaders traditionnels comme partenaires clés.

Monsieur Phiri ajoute : « En qualité de gardiens des vastes terres traditionnelles où se déroulent la majeure partie des activités de déboisement, nous croyons que leur implication est très importante pour la réparation des dommages. »

Tyson Hamamba est un représentant du chef Choongo dans la province du Sud. Lors d’une réunion communautaire tenue en début d’année, il a suggéré qu’un plus grand pouvoir soit conféré aux leaders traditionnels en vertu de la Loi sur les villages pour leur permettre de s’attaquer aux contrevenants qui coupent les arbres. Monsieur Hamamba a affirmé que c’était la seule façon d’empêcher la production galopante de charbon, les feux de brousse volontaires et d’autres pratiques destructrices.

La présente nouvelle est adaptée d’un article d’Interpress News Service, dont le titre original était « Money Grows on Trees – Don’t Uproot Them. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : http://www.ipsnews.net/2019/07/money-grows-on-trees-dont-uproot/.