Dorica Banda | novembre 13, 2023
Elidah Mukamambo vit à Mwachikwasha, un village riverain du fleuve Chongwe, au centre de la Zambie. La quantité d’eau du fleuve diminue chaque année, et la pollution compromet l’agriculture et la qualité de l’eau de boisson de plusieurs personnes qui doivent leur survie au fleuve. Beaucoup se retrouvent avec des problèmes de santé comme la diarrhée. Cependant, madame Mukumambo a une solution pour prévenir la diarrhée : le charbon actif.
Ces dernières années, les pluies ont été irrégulières dans le district de Chongwe, dans la province de Lusaka, en Zambie. Le grand fleuve Chongwe tarit quasiment bien avant même le début de la saison chaude. Le fleuve est la principale source d’eau des villages et du bétail qui la bordent, y compris les habitants de la ville de Lusaka. Mais, actuellement, il y a des problèmes.
Madame Mukumambo explique : « Il y a 20 ans environ, nous avons eu une épidémie de diarrhée dans ce village. Chaque fois que nous buvions l’eau du fleuve, nous avions des crampes d’estomac douloureuses et des selles très aqueuses. Je me suis rappelé que ma défunte mère activait du charbon qu’elle mélangeait avec de l’eau qu’elle nous faisait boire, et c’est ainsi que la diarrhée s’arrêtait. »
Madame Mukumambo et d’autres personnes de son village utilisent désormais du charbon actif pour traiter la diarrhée. On active le charbon en le faisant chauffer à très haute température. Cela dilate le charbon, le rendant ainsi plus poreux et capable d’absorber les toxines, les produits chimiques et d’autres matières indésirables.
Madame Mukumambo ajoute une poignée de charbon actif dans une gourde pleine d’eau, le laisse infuser toute la nuit, et, le matin, elle recueille l’eau propre et la transfère dans un autre récipient, prête à être bue.
Comme le charbon actif absorbe les toxines, une fois ingéré, il absorbe les bactéries qui causent la diarrhée et amène la personne à aller aux toilettes plusieurs fois dans la journée. Une fois que la personne n’a plus envie d’aller aux toilettes, c’est qu’elle va bien.
Lute Mwalusaka est une agricultrice, mère de trois enfants, qui vit à Mwachikwasha, un village du district de Chongwe. Elle dépend au fleuve pour l’agriculture et son eau de boisson, mais elle sait que la qualité de l’eau est plus mauvaise qu’elle l’était en raison de la pollution qui entraîne des problèmes de santé comme la diarrhée.
Madame Mwalusaka explique : « Ma fille cadette Thabo a deux ans et elle aime boire de l’eau. Mais, maintenant, elle peut à peine tenir un gobelet d’eau parce qu’elle est déshydratée en raison de la diarrhée que lui a provoquée l’eau contaminée du fleuve Chongwe. »
Pour essayer de traiter la diarrhée, madame Mwalusaka prépare une solution orale de réhydratation du dispensaire, mais celle-ci arrête la diarrhée pendant quelques semaines seulement.
Sœur Florence Tembo est sage-femme au Level 1 Hospital de Chongwe qui traite les personnes souffrant de diarrhée. Elle explique : « Le problème c’est que l’eau contient beaucoup trop de polluants provenant des débris jetés par les ramasseurs de déchets près du fleuve, ainsi que des déchets chimiques des exploitations agricoles et des industries. Je n’étais pas surprise de voir madame Mwalusaka et d’autres personnes de son village amener leurs enfants et qui avaient des selles aqueuses malodorantes.
Madame Tembo affirme que la majeure partie des cas de diarrhée survient lorsque les gens boivent de l’eau non bouillie provenant du fleuve, ou quand ils consomment quelque chose qui sort de l’ordinaire comme les fruits sauvages, les oiseaux ou les petits animaux comme les écureuils qui meurent tous seuls.
Selon madame Tembo, l’environnement de madame Mwalusaka était pollué et son eau de boisson était dans un seau non couvert. Elle explique : « J’ai parlé de ça avec madame Mwalusaka et je lui ai expliqué les risques qu’elle encourait avec un environnement si pollué. C’était la même chose dans d’autres habitations du village. Je leur ai expliqué l’importance d’avoir un environnement propre pour vaincre les maladies comme la diarrhée. »
Les chefs contribuent également à la sensibilisation de leurs communautés. Jones Chunga est un chef de village qui a formé un comité pour aider l’Agence de gestion de l’environnement en Zambie à sensibiliser les populations aux dangers de la pollution du fleuve. Le comité encourage aussi les communautés à utiliser du charbon actif pour purifier leur eau de boisson.
Madame Tembo soutient que la collecte d’échantillons d’eau auprès de la population du village a révélé que l’eau était contaminée avec des teneurs élevées en salmonelle, parmi d’autres bactéries et polluants.
Elle déclare : « Il est important que la communauté fasse bouillir l’eau de boisson. Mais le problème c’est que les gens se plaignent que l’eau n’a plus de goût une fois qu’elle est bouillie, et qu’ils n’aimaient pas ça. »