Togo : Des producteurs d’arachides s’organisent pour augmenter la productivité

| avril 4, 2022

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Nouvelle en bref

Compara Karsongue s’apprête à aller à une rencontre de coopérative avec ses collègues agriculteur.trice.s de Nano, au Togo. Monsieur Karsongue est spécialisé dans la culture des arachides, ainsi que du soja et du maïs. La région des Savanes, au Togo, est connue pour son excellente production d’arachides. Cependant, face à l’essor d’autres cultures commerciales plus rentables, certains agriculteur.trice.s ont le sentiment que l’État togolais se détourne de plus en plus du secteur de l’arachide. Par conséquent, en lieu et place des structures formelles, plusieurs producteur.trice.s se tournent vers les petites coopératives pour mieux s’organiser, avoir accès aux formations et aux financements, et même un champ de démonstration de quatre hectares où les membres peuvent tester de nouvelles pratiques. Madame Kiyiezoa est une cultivatrice d’arachides du village de Doré, à Nano. À ses dires, c’est grâce à ce qu’elle a appris au champ de démonstration qu’elle parvient à produire plus chez elle. Elle et d’autres cultivateur.trice.s ont appris des techniques pour choisir des champs pour la culture des arachides, ainsi que la plantation, la récolte, le séchage et l’entreposage des arachides.

Il est 7 h du matin à Nano, petite ville située dans la préfecture de Tandjouaré, dans la région des Savanes au nord du Togo. C’est le dernier lundi du mois et la ville est recouverte d’un épais brouillard. Compara Karsongue, vêtu d’une chemise cousue avec le pagne africain, s’apprête à aller la réunion d’une coopérative avec ses camarades agriculteur.trice.s de Nano. Monsieur Karsongue est spécialisé dans la culture des arachides, ainsi que soja et du maïs. Il est l’un des grands producteur.trice.s agricoles de la région.

La région des Savanes est la zone de production par excellence de l’arachide au Togo. Mais avec l’essor d’autres cultures commerciales plus rentables, certains agriculteur.trice.s ont le sentiment que l’État togolais délaisse la filière de l’arachide.

Monsieur Karsongue explique : « L’essor des filières coton, maïs, soja et autres ont fragilisé la production de l’arachide qui a chuté. » Selon lui, cet état de fait a désorganisé le secteur de l’arachide qui ne dispose plus de structures formelles pour prendre des décisions majeures concernant la chaîne de valeur de l’arachide.

En lieu et place des structures formelles, beaucoup de producteur.trice.s recourent au soutien de petites coopératives, dont certaines sont accompagnées par des organisations non gouvernementales comme la GIZ, une organisation de développement allemande. Grâce à ces structures, les agriculteur.trice.s arrivent à mieux organiser leurs ventes et d’autres types d’activités, et ont accès à des formations, des financements et même un champ de démonstration de quatre hectares où les membres peuvent tester de nouvelles pratiques.

Monsieur Karsongue explique : « Dans ces champs, nous faisons des expériences sur la fertilité des sols, les variétés de semences améliorées, la densité des sols, etc. »

Madame Kiyiezoa Tiem est productrice d’arachides dans le village Doré à Nano. Elle avoue qu’elle a pu augmenter sa productivité chez elle grâce aux expériences faites dans le champ de démonstration.

Elle explique : « Nous faisons le labour à plat avec les rayonneurs, nous apprenons comment faire le semis, le sarclage et comment enlever les mauvaises herbes. Je produis l’arachide sur cinq hectares, et depuis que je participe aux champs de démonstration, j’ai amélioré ma production sur mon champ d’un hectare, en passant d’une tonne à deux tonnes. »

D’après Monsieur Karsongue, l’impact du champ de démonstration sur sa vie est très positif. Depuis l’aménagement des champs de démonstration, lui et d’autres agriculteur.trice.s de la région des Savanes ont acquis plusieurs nouvelles compétences, y compris les techniques de sélection des semences, l’entretien des cultures, les techniques d’enfouissement de la matière organique dans le sol, les bonnes pratiques pendant et après la récolte et la façon de choisir la terre.

Il explique : « Le choix du champ pour la culture de l’arachide est capital. L’arachide pousse dans les sols bien drainés et aérés, propre et débarrassé des mauvaises herbes. La récolte peut se faire à la main si le sol est humidifié. Mais, en absence de pluie, le sol est dur et nous conseillé d’utiliser la houe pour soulever les tiges d’arachide. Pour le séchage, il faut disposer de bonnes bâches bien sèches pour couvrir les cultures. »

Monsieur Karsongue continue : « Le stockage doit se faire dans un magasin bien aéré et bien étanche avec des palettes ou des briques et on met le bois dessus pour éviter que l’arachide soit en contact avec le sol au risque de se faire contaminer par l’aflatoxine »

Yendoumban Bondjogou est producteur d’arachides et président du réseau des semenciers de l’arachide au Togo. À l’en croire, les aflatoxines sont produites par des moisissures toxiques et elles peuvent détruire les arachides et les rendre non comestibles.

Selon monsieur Bondjogou, les aflatoxines contaminent souvent les graines d’arachides avant, pendant ou après la production et entraînent des conséquences graves sur la santé de l’homme et celle des animaux.

Il explique : « Nous voulons avoir une maîtrise de cette maladie au niveau de la production et diffuser les techniques de prévention et de maîtrise aux producteurs. Pour le moment, nous combinons les bonnes pratiques de culture de l’arachide tels que le choix d’un bon champ, le respect des temps de semis, de récolte, un bon séchage et l’utilisation d’un produit biologique qu’est l’Aflasafe, un produit appliqué aux arachides pour les protéger des aflatoxines. »

Monsieur Karsongue soutient que les nouvelles choses qu’il apprend ne sont qu’un des nombreux avantages qu’il tire de la coopérative des producteur.trice.s d’arachides.

Il déclare : « Nous avons trouvé un accord avec les agrégateurs pour l’achat de nos produits. Ce qui reste à faire, c’est aussi de trouver un terrain d’entente avec les femmes transformatrices, les transporteurs et les exportateurs pour faciliter l’écoulement de l’arachide. »

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.

Photo : Arachides au marché de Sawla dans la région Nord du Ghana. Crédit : Neil Palmer pour CIAT, 2010.