Tanzanie : Une nouvelle méthode de production du charbon de bois pour servir les communautés et protéger les forêts (TheWorld)

| mai 30, 2022

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Nouvelle en bref

Rashidy Kazeuka est un producteur de charbon du district de Kilosa, dans le centre de la Tanzanie. Il affirme qu’il n’avait jamais prêté attention aux choses comme la faune ou les bassins hydrographiques. Il se contentait d’aller dans la forêt et d’abattre n’importe quel arbre qu’il trouvait, quelle que soit sa taille. Désormais, monsieur Kazeuka participe à un projet de production de charbon de bois durable qui aide les producteur.trice.s ruraux à fabriquer et à vendre du charbon de sorte à protéger les forêts tanzaniennes. Dans le cadre de ce projet, environ un mille carrés de forêt à Kilosa est désormais réservé pour la production de charbon et le reste pour la préservation et l’apiculture. Ce mille carrés est divisé en 24 lopins, et les arbres d’un lopin seront coupés chaque année suivant une rotation de 25 ans. Le lopin sur lequel des arbres ont été coupés très récemment semble avoir été dégarni de presque tous ses précieux arbres fruitiers. Mais, en observant de près, on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un défrichage ordinaire. Les souches mesurent toutes environ 61 centimètres de haut, avec de grands rameaux verts qui bourgeonnent sur le dessus. Cela permet aux arbres de survivre après la coupe et de se régénérer plus rapidement, en plus de favoriser la préservation de l’écologie naturelle de la forêt et prévenir l’érosion du sol. Monsieur Kazeuka et d’autres producteur.trice.s paient également un petit montant pour chaque sac produit, ce qui permet de préserver la forêt, bâtir des systèmes d’eau potable, construire de nouveaux bâtiments d’école et même subventionner un système de santé universel.

Une forêt défrichée pour la production de charbon de bois est un lieu silencieux et désert, où on ne voit aucun oiseau ni autre animal sauvage, sauf un paysage inerte.

C’est un spectacle bien connu de Rashidy Kazeuka. Monsieur Kazeuka est producteur de charbon de bois dans le district de Kilosa, au centre de la Tanzanie. Il dit n’avoir jamais prêté attention aux choses comme la faune ou les bassins hydrographiques. Il se contentait d’aller dans la forêt pour couper n’importe quel arbre qu’il trouvait, quelle que soit la taille de celui-ci.

Monsieur Kazeuka produit toujours du charbon dans un fourneau traditionnel, mais affirme avoir changé tous les autres aspects de son travail. Il est participe à un projet de production de charbon durable qui permet aux producteur.trice.s ruraux de fabriquer et vendre du charbon suivant des méthodes qui protègent les forêts tanzaniennes.

Dans le cadre de ce projet, monsieur Kazeuka produit du charbon de bois plus durable et paie des frais pour financer des services locaux comme l’éducation et les soins de santé. À ses dires, il gagne plus d’argent grâce au projet, et se famille est heureuse, car ses enfants auront des forêts où ils pourront perpétuer sa tradition de production de charbon de bois.

La demande pour le charbon de bois est un facteur majeur de la déforestation en Tanzanie. Le charbon de bois est le principal combustible que près de 95 % des ménages urbains utilisent pour cuisiner. Selon certaines estimations, les habitants de Dar es Salaam consomment à eux seuls plus de 35 000 sacs de charbon de bois chaque jour. Cette consommation s’est nettement accrue avec la population urbaine qui ne cesse d’augmenter.

Les marchés de charbon de bois à Dar es Salaam témoignent de cette demande croissante. Dans une rue ruelle poussiéreuse, Goddi Mbisa, 24 ans, tient son étal de charbon de bois. Des centaines de sacs de charbon sont entassés autour de lui sur le sol.

Monsieur Mbisa soutient que c’est une bonne affaire. Beau temps ou mauvais temps, il vend du charbon.

Selon lui, le jour où les affaires marchent, il peut vendre 60 à 70 sacs à un dollar le sac, et il ajoute qu’en Tanzanie le marché du charbon de bois est plus important que celui du café et du thé réunis

Mais, selon le porte-parole des Services des eaux et forêts de la Tanzanie Charles Ng’atigwa, il y a une situation critique. Plus de 70 % des activités de production de charbon de bois sont illégales.

Selon un rapport récent de la Banque mondiale, le gouvernement tanzanien perd environ 100 millions de dollars chaque année en termes de recettes non perçues auprès du secteur du charbon de bois. Cependant, les mesures visant à réglementer le secteur sont difficiles à mettre en œuvre.

« Si vous voulez vraiment réduire la production, toutes ces personnes (n’auront plus de) de moyens de subsistance, » déclare monsieur Ng’atigwa. « Et ce serait le chaos. »

La nouvelle approche du gouvernement est axée sur les forêts des villages qui représentent près de la moitié des forêts restantes de la Tanzanie. Très récemment encore, le charbon de bois vendu sur le marché noir provenait en grande partie de ces forêts.

À Kilosa, environ un mille carré de forêts est désormais réservé pour la production de charbon de bois, ce qui représente à peu près un dixième de la réserve totale de forêts du village. Le reste est mis de côté pour la préservation et l’apiculture. La superficie d’un mille carré a été divisée en 24 parties, dont une sera coupée chaque année suivant une rotation de 25 ans.

Le lopin sur lequel les arbres ont été coupés très récemment a été quasiment dégarni de tous ses précieux arbres fruitiers. Mais, en observant de près, on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un défrichage ordinaire. Les souches mesurent toutes environ 61 centimètres de haut, avec de grands rameaux verts qui bourgeonnent sur le dessus.

Pendant les 24 prochaines années, ce lopin de terre sera préservé tandis qu’il y aura des coupes sur les autres. Quand viendra le temps de couper à nouveau des arbres sur ce lopin, les promoteur.trice.s du projet espère que les arbres s’y seront totalement régénérés. En conservant au moins des souches d’environ 61 centimètres de haut pendant la collecte du bois pour le charbon, les arbres survivent à l’abattage et se régénèrent plus rapidement. Cela permet également de préserver l’écologie naturelle de la forêt et de prévenir l’érosion du sol.

Peter Mtoro est chargé de projet au Tanzania Forest Conservation Group, l’organisation locale qui met en œuvre ce projet. Il affirme que le fait de laisser une souche permet à l’arbre et à son système racinaire de survivre, et aux forêts de se régénérer complètement.

Il ajoute : « Nous croyons qu’après 24 ans, les arbres seront à nouveau prêts pour la coupe. »

En octobre 2015, le Tanzania Forest Conservation Group avait formé plus de 500 producteur.trice.s dans huit villages.

Aux dires de monsieur Kazeuka, le projet permet de faire profiter l’ensemble de la communauté des avantages de la production du charbon de bois. Lui et les autres producteur.trice.s paient une petite somme pour chaque sac qu’ils produisent. Le montant recueilli jusqu’ici dépasse 100 000 $ US, et il sera utilisé dans les huit pays participants pour la préservation de la forêt, les systèmes d’eau potable et la construction de nouveaux bâtiments d’école et, dans le village de monsieur Kazeuka, subventionner les soins de santé universelle.

Mais, en dépit du succès enregistré par les huit villages participants, le produit a été lent à s’imposer en raison de son coût élevé. Le charbon de bois illégal est simplement moins coûteux à produire.

Monsieur Mtoro explique : « La majeure partie des utilisateurs de charbon de bois ne s’intéressent pas à la conservation environnementale. Ils cherchent à économiser de l’argent. »

Monsieur Mtoro affirme que le nouveau charbon de bois durable est un meilleur produit que la solution de rechange produite de façon illégale. Les producteur.trice.s de charbon de bois impliqués dans le projet utilisent un fourneau en terre pour produire du charbon plus efficacement. Le processus est plus long que la moyenne, environ une semaine, mais le produit fini brûle plus longtemps et est plus propre, déclare monsieur Mtoro.

Le véritable défi, selon lui, se pose au niveau de la commercialisation et de la transmission de l’information aux millions d’utilisateur.trice.s dans les villes tanzaniennes, avant qu’il soit trop tard.

La présente nouvelle est inspirée de l’article « Tanzania has figured out a way to make charcoal and save trees at the same time, », écrit par Sam Eaton et publié dans TheWorld en octobre 2015. Pour lire l’intégralité de la nouvelle, cliquez sur : https://theworld.org/stories/2015-10-23/tanzania-has-figured-out-way-make-charcoal-and-save-trees-same-time.

Photo : Rashidy Kazeuka tient un morceau de charbon de bois. Crédit : Sam Eaton.