Tanzanie : Les digues et les mangroves aident les agriculteurs de la région insulaire à affronter la hausse du niveau de la mer provoquée par le changement climatique (Thomson Reuters Foundation)

| décembre 7, 2020

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Nouvelle en bref

Depuis le début des années 90, les agriculteurs(rices) des régions côtières tanzaniennes sont inquiets de l’élévation du niveau de la mer qui menace leurs cultures. Sur une des îles côtières, l’eau salée a pénétré les sols. Les producteurs(rices) de bananes ont abandonné cette culture, et ne parviennent pas à gagner leur vie en cultivant du riz ou du manioc. Mais la construction de deux digues en béton d’une hauteur de 25 mètres et le reboisement des forêts de mangrove ont tout changé. Un agriculteur raconte qu’avant la construction des digues, l’eau de mer avait fait baisser sa production de bananes de 150 régimes à 20 chaque saison. Grâce aux digues, sa production est passée à 50 régimes par récolte.

Une communauté active d’agriculteurs(rices) a élu domicile à Kisiwa Panza. Aujourd’hui, cette petite île située au large des côtes tanzaniennes se vante d’avoir des bananiers produisant assez de fruits vendus par bateau. Mais il y a quelques années, les agriculteurs(rices) de Kisiwa Panza voyaient un tout autre spectacle. 

Selon Juma Ali Mati, président de l’organisation locale de l’environnement JSEUMA, les insulaires ont commencé à observer l’impact de la hausse du niveau de la mer au début des années 90 à cause du changement climatique. 

Pendant plus de 25 ans, l’île était baignée par l’eau salée qui détruisait les cultures. Plusieurs personnes durent abandonner leurs maisons. Quand les bananiers moururent, les agriculteurs(rices) essayèrent de s’orienter vers le riz et le manioc, mais rien ne poussait sur les sols imbibés de sel. 

La construction de deux digues en béton en 2017 changea tout. Érigées par le gouvernement tanzanien grâce à l’appui des agences onusiennes et des fonds environnementaux internationaux, ces digues ont 25 mètres de hauteur. 

Les digues de ce genre ont été construites sur sept sites du continent et des îles de la Tanzanie, permettant ainsi aux agriculteurs(rices) de repartir chez eux et dans leurs champs. 

Avec les eaux contrôlées par les digues, les insulaires de Kisiwa Panza ont créé une autre barrière protectrice, les forêts de mangrove. À mesure qu’elles poussent, les mangroves protègent l’île contre l’érosion et les inondations causées par la hausse du niveau de la mer, et capturent le carbone par la même occasion. 

La collecte et la plantation des semences de mangrove sont devenues partie intégrante de la vie de l’île et les habitants constatent les avantages que cela leur rapporte. 

Avant la mise en place de ces moyens de protection, Saida Ali Faki, une agricultrice de 35 ans, se rappelle le temps où elle peinait à cultiver suffisamment pour nourrir ses huit enfants une fois par jour. Maintenant que les crues ne menacent plus sa terre, madame Faki cultive du maïs et des légumes verts et s’attend à une très bonne récolte. 

Monsieur Mati de JSEUMA affirme, qu’avant la construction des digues, l’eau de mer avait réduit sa production de bananes de 150 régimes par récolte à seulement 20 régimes. Depuis l’érection des digues, monsieur Mati obtient 50 régimes à chaque récolte. 

Il déclare : « Depuis que nous avons construit cette digue, nous pouvons à nouveau récolter. Avant, nous essayions, mais n’obtenions rien. »

Cependant, les spécialistes préviennent que les digues ne sont peut-être pas une solution définitive. Il faut les inspecter et les entretenir régulièrement. Et après l’investissement initial des organismes d’aide, certaines communautés n’ont pas les moyens de faire cela. 

Les digues semblent également dévier l’érosion et les crues vers des zones voisines qui ne sont pas aussi bien protégées. C’est un problème qui inquiète madame Faki. 

Pendant qu’elle regarde ses enfants planter plus de semences de palétuviers, madame Faki soutient que les insulaires commencent à réaliser des progrès dans la lutte contre la montée du niveau de la mer, mais qu’il reste du chemin à faire. 

Elle déclare : « Si les autres régions en proie au même problème n’ont pas de digues et que les gens ne plantent pas de palétuviers, le problème … persistera. »

La présente nouvelle est adaptée d’un article intitulé « Seawalls and forests aim to save the living – and dead – in Tanzania, » initialement écrit par Hannah McNeish et publié par la Thomson Reuters Foundation. Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://news.trust.org/item/20181207095617-2i44d/.