admin | janvier 11, 2016
Les habitants du district de Hanang se réclament propriétaires de deux exploitations de blé louées à des investisseurs privés. « Nous voulons que notre terre nous soit restituée, » ont-ils déclaré pendant une série de rencontres organisées la semaine précédente. Les villageois veulent que le gouvernement intervienne pour qu’ils reprendre possession des fermes louées à des entreprises privées.
Leonard Soa est originaire du village de Deajammeda, dans le district de Hanang, dans la région de Manyara, au nord de la Tanzanie. Il explique : « Nous voulons des terres pour cultiver et utiliser le reste pour en faire des pâturages. Cela fait longtemps que nous vivons ici. » M. Soa affirme que les problèmes des villageois sont aggravés par le harcèlement qu’ils subissent de la part de la direction des deux fermes.
Un autre agriculteur local, Daniel Damo âgé de 43 ans, minimise les préoccupations selon lesquelles les agricultrices et les agriculteurs ne parviendront pas à utiliser les domaines de manière productive. Il déclare : « Une fois que nous récupérerons les fermes, les responsables du village élaboreront des plans d’occupation des sols et ils décideront de ce qu’il faut faire. »
Les deux fermes sont situées dans les plaines de Bassotu, dans le district de Hanang, et elles figurent au nombre de sept fermes qui étaient gérées par le Projet canadien pour la production de blé à Hanang, lancé en 1969.
Au pic de la production dans les années 80, 100 000 acres de blé ont été cultivées, et les fermes satisfaisaient au moins un tiers de la demande pour les céréales du pays. Le projet a connu un déclin vers la fin des années avant de s’effondrer en 2003, lorsque les bailleurs de fonds ont gelé l’aide financière et technique.
Pour stimuler la production, le gouvernement tanzanien a lancé un appel aux investisseurs privés. Une ferme a été acquise par la HLH Farm and Development Company, une entreprise gérée par le Haydom Lutheran Hospital dans le district voisin de Mbulu. Les recettes de la ferme sont reversées à l’hôpital qui dessert plusieurs districts des régions avoisinantes. Trois autres fermes ont été louées à la société Ngano Limited basée au Kenya.
Cependant, cette mesure a été entachée par une décennie de conflit avec les communautés voisines qui affirment avoir été expulsées de leur terre sans avoir été dédommagées, et qui souhaitent la récupérer. En réponse, le gouvernement a donné une ferme aux éleveurs de bétail en guise de pâturage, et une autre à aux agricultrices et aux agriculteurs pour qu’ils y produisent des cultures.
Renatus Paulo est le président du village de Deajammeda. Il se demande pourquoi des sociétés ou des particuliers étrangers ont été autorisés à louer de vastes étendues de terres pendant que les populations locales étaient expulsées vers des régions marginales. Il note que les fermes se trouvent sur la terre ancestrale des villageois, où ils vivaient avant d’être expulsés de force dans les années 70. Il ajoute : « Nous sommes en train de plaider auprès du gouvernement du président John Pombe Magufuli pour qu’il intervienne. »
Les responsables de Ngano Limited n’ont pas souhaité commenter la situation, mais un cadre de la HLM Farm and Development Ltd. a déclaré n’avoir connaissance d’aucun conflit entre la direction et les villageois.
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