Tanzanie : Le COVID-19 force les commerçantes à vendre autrement

| juillet 6, 2020

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Nouvelle en bref

Les marchés sont généralement des lieux animés et bondés, mais comme les gens essaient de se protéger contre le coronavirus, ils évitent les endroits très fréquentés. Cela nuit aux commerçantes, qui essaient actuellement de vendre de nouveaux produits et testent de nouvelles techniques de vente. Dans le district de Moshi, en Tanzanie, Sophie Kimaro misait sur la vente des légumes et des fruits. Mais depuis que ses client(e)s évitent les marchés, elle a changé d’activité. Elle vend désormais des encans aux acheteurs(euses) locaux, dont elle prend les commandes par téléphone. Elle explique que des produits comme la banane, l’avocat et les oranges sont disponibles dans plusieurs maisons de la région, mais que presque chaque famille a besoin du mandazi et vitumbua pour le petit déjeuner. Les commandes téléphoniques et les livraisons à moto permettent aux entreprises de continuer à opérer, mais c’est une nouvelle façon de travailler aussi bien pour les commerçant(e)s que pour leur clientèle, qui comporte tout de même des défis.

Cette nouvelle est parue initialement le 8 juin.

Il pleut ce soir, mais Sophia Kimaro est occupée à préparer de la farine de blé et de riz chez elle qu’elle utilisera pour faire des mandazi (beignets africains) et des vitumbua (galette de riz) du lendemain matin. Elle déclare : « Je me lève vers cinq heures pour les faire. De sept heures à neuf heures, je vends aux clients en leur envoyant [les goûters] à domicile. Quelques personnes viennent acheter chez moi tandis que d’autres commandent par téléphone. »

Madame Kimaro vit dans le district de Moshi, dans la région du Kilimandjaro, au nord de la Tanzanie. C’est une vendeuse dont le revenu provient principalement de la vente de produits agricoles au marché. Mais elle a dû changer d’activité depuis que le coronavirus a perturbé les marchés. Les gens ont peur d’être infectés en allant au marché. Par conséquent, elle mise maintenant sur le mandazi et le vitumbua pour avoir un revenu.

Elle explique : « Au lieu de continuer à dépendre de la vente des légumes, des bananes, des avocats, des oranges et des pommes de terre, que les clients cherchent au marché, j’ai décidé de changer d’activité. On trouve ces produits agricoles chez plusieurs familles de ma région, mais chaque famille a besoin du mandazi et du vitumbua pour le petit déjeuner. »

Elle ajoute : « Même pour ma nouvelle activité, je ne vais pas au marché pour vendre à cause du COVID-19. J’utilise ma maison pour vendre le mandazi et le vitumbua.

Ce changement a réduit considérablement le revenu de madame Kimaro. Elle explique : « Au marché, je gagnais 100 000 à 130 000 shillings tanzaniens (43 $-56 $ US) par mois comme bénéfice, mais, maintenant, je réalise un bénéfice de 40 000 à 60 000 shillings tanzaniens (17 $-26 $ US) par mois. »

Grace John vend de la viande, du poisson, des poulets, et des œufs et d’autres produits d’origine animale à Arusha. Toutefois, son activité n’a pas été épargnée par le COVID-19 non plus. Elle déclare : « Mon entreprise s’est effondrée à cause des répercussions du COVID-19. Les clients viennent moins nombreux parce qu’ils ont peur d’être infectés. »

Elle ajoute : « Je poursuis mon activité tout de même, mais autrement. Plutôt que de vendre à la boucherie, je livre à domicile maintenant. Les client(e)s appellent avec leurs téléphones portables pour commander. Par la suite, je leur envoie leurs commandes à moto. »

Aux dires de madame John, le service du porte à porte comporte beaucoup de difficultés, et cela contribue à une perte de revenus. Elle explique : « C’est un nouveau système de vente et la majorité de gens ne connaît pas ça. Par conséquent, les clients ont diminué, car ce ne sont pas eux tous qui ont les moyens de payer le service de livraison. »

Jane Ngasa est une vendeuse de Nsemlwa, un village du district de Mpanda, en Tanzanie. Le COVID-19 a également touché son activité. Elle déclare : « Il n’y a pas de marché pour vendre les marchandises et pas suffisamment de clients pour les marchandises. »

Madame Ngasa raconte qu’elle avait l’habitude de fournir des denrées telles que le maïs, le haricot et le riz aux détaillant(e)s, et qu’elle exportait aussi des produits vers d’autres régions de la Tanzanie. Mais tout cela s’est arrêté à cause du COVID-19.

Elle déclare : « Maintenant, je n’exporte plus du tout vers d’autres régions, car les activités de mes clients là-bas se sont effondrées également. Ils ne sont pas prêts à commencer à acheter des produits chez moi. »

Madame Ngasa ajoute : « Je vends juste aux clients qui viennent acheter chez moi à domicile. La situation est grave, et j’ignore quand elle prendra fin. Avant, je réalisais un bénéfice de 350 000 shillings tanzaniens (150 $ US) par mois, mais, maintenant, je gagne seulement 70 000 shillings tanzaniens (30 $ US).

Le COVID-19 a non seulement changé la façon de travailler des commerçant(e)s, mais également leur mode de vie. Madame Ngasa déclare : « Je ne paie plus [pour un] décodeur de télévision comme je le faisais avant. J’ai arrêté d’acheter de nouveaux vêtements coûteux pour ma famille. »

Même si le COVID-19 a poussé plusieurs vendeurs(euses) à adopter un nouveau mode de vie, madame Kimaro affirme qu’elle continuera à travailler dur pour faire les affaires et gagner de l’argent pour sa famille, tout en prenant les précautions pour se protéger. Elle déclare : « Je porte un masque, je me lave les mains avec du savon et utilise du désinfectant pour éviter d’être infectée par le COVID-19. »

Elle ajoute : « Comme j’ignore combien de temps durera cette situation, je compte stabiliser ma nouvelle entreprise de vente de mandazi et de vitumbua en appelant mes clients chaque soir pour leur demander de faire leurs commandes pour le lendemain. »

La présente nouvelle a été produite grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.