Tanzanie : Des villageois parcourent de longues distances pour trouver des légumes sauvages de plus en plus rares

| mars 19, 2018

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Lazack Kesongo entre pieds nus dans les eaux peu profondes de la rivière Mara et marche lentement vers l’autre rive pour trouver du kirerema. Le kirerema est un légume-feuille vert comestible qui grimpe comme une plante rampante sur le macheno, un arbre qui pousse près des rivières. La rivière Mara est une des plus grandes de la Tanzanie, qui se jette dans le lac Victoria, au nord-ouest du pays.

Dans les années 80, les villageois(e)s comme monsieur Kesongo n’étaient pas obligés de traverser la rivière. Les denrées sauvages comme les champignons et les légumes feuilles poussaient abondamment sur les fermes et dans la nature dans la région de Mara. Les ancien(e)s de la localité et les agent(e)s agricoles municipaux affirment que les légumes indigènes étaient abondants. Mais de nos jours, les gens parcourent jusqu’à 20 kilomètres à la recherche de ces aliments gratuits, bons pour la santé, et dont certains servent à soigner des maladies courantes.

Cela fait plus de 30 ans que monsieur Kesongo cultive à Matongo, un village du district de Tarime, près de la rivière de Mara. Il affirme que plusieurs plantes sauvages ont des vertus médicinales. Par exemple : le rikororobhe, une plante qui a de petites feuilles, qui pousse près des fourmilières.

Monsieur Kesongo explique : « Le rikororobhe améliore la circulation sanguine dans l’organisme, [et d’autres plantes sauvages locales contribuent] à soigner les furoncles ou soulager les douleurs abdominales après l’accouchement. » Ces plantes médicinales englobent le muhandighonkore, le rityambwi, le limenyo, le mgagani, et le mlenda.

Defroza Hamis vit en périphérie du village de Kegonga B, toujours dans la région de Mara. Elle utilise diverses plantes sauvages pour soigner les maladies. Par exemple : elle a eu des douleurs abdominales après un accouchement, par conséquent, elle a fait bouillir du kirerema et a bu l’infusion. Elle affirme que cela a suffi à la soulager énormément.

Madame Hamis déclare : « Autrefois, après les cours, les parents vous demandaient d’aller cueillir des champignons pour la préparation des repas, mais, maintenant, il n’y a plus de champignons. » Elle soutient que ces plantes se sont raréfiées à mesure que la population augmentait, et que les gens construisaient plus de maisons et défrichaient la terre pour l’agriculture.

Nyabasamba Nyaiboha vend des légumes dans le village de Kegonga B. Selon elle, avant, les gens pouvaient trouver facilement les légumes sauvages et les cueillaient gratuitement. Mais, désormais, ils doivent les acheter ou se rendre à au moins 10 kilomètres du village pour les cueillir en brousse.

Madame Nyaiboha explique : « Nous devons [maintenant] parcourir de longues distances à pied pour les avoir. Nous vendons la botte à 200 shillings tanzaniens [0,09 $ US]. Si vous avez une grande famille, vous devez débourser 1 000 shillings [0,44 $ US]. Autrefois, on les trouvait gratuitement en brousse. Mais, maintenant, si on n’a pas d’argent pour acheter de légumes, les enfants se couchent le ventre vide. »

Un certain nombre de facteurs ont peut-être entraîné la disparition de ces plantes sauvages. Certain(e)s les coupent et ne font aucun effort pour les préserver. Le bétail errant piétine également les plantes, les détruisant ainsi.

Njonga William est l’agent des ressources naturelles du district de Tarime. Il affirme que la végétation indigène a disparu en raison de la déforestation et du changement climatique.

Monsieur William ajoute : « Une politique doit être adoptée stipulant que toute personne qui coupe un arbre doit démontrer qu’elle a planté un arbre de [remplacement]. Lorsque quelqu’un veut élever des animaux, les experts doivent déterminer si la région se prête à l’élevage. Différents secteurs doivent s’impliquer et travailler ensemble. »

Doto Mungo est le responsable de l’environnement du district de Tarime. Selon lui, les engrais industriels contribuent au problème, car ils réduisent la fertilité du sol. Il souligne que les espèces d’arbres étrangères telles que l’eucalyptus absorbent beaucoup d’eau dans le sol, ce qui peut également nuire à la santé et la survie des espèces indigènes.

John Marwa a une autre théorie. Monsieur Marwa est le secrétaire du conseil municipal de Tarime. Il affirme que les légumes indigènes disparaissent parce qu’elles sont remplacées par de nouvelles variétés de légumes telles que le chou. Il ajoute que les jeunes n’aiment pas manger les variétés indigènes dont se nourrissaient leurs anciens.

Tenant une botte de kirerema feuillus, Lazack Kesongo affirme que d’autres habitant(e)s et lui veulent apprendre à promouvoir la culture de ces denrées indigènes près du village. Il ajoute : « On doit apprendre aux gens à protéger l’environnement pour préserver ces légumes locaux, car ils sont très nourrissants et ils coûtent moins cher que d’autres variétés. »

Uniterra a financé la production de cette nouvelle. Uniterra-Tanzanie travaille avec des partenaires locaux dans les sous-secteurs des fruits, des légumes et du tourisme en vue d’encourager les jeunes et les femmes à avoir accès à de meilleures avenues de développement économique. Uniterra bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada, fourni par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca. Pour en savoir plus et suivre Uniterra-Tanzanie sur Facebook, cliquez sur : facebook.com/wusctanzania.