Nelly Bassily | juin 4, 2012
Fatuma Iddi Msilo fume le poisson et le vend au marché de Bagamoyo, à 75 kilomètres au nord de Dar-es-Salaam. La pêche est l’une des activités principales dans cette ville côtière, avec la production de noix de cajou et l’artisanat. Toutes ces activités demandent beaucoup d’énergie car elles nécessitent à la fois du carburant et de l’électricité.
Récemment, l’urbanisation rapide de Bagamoyo et la croissance de la population on rendu la vie difficile à Mme Msilo et à d’autres, qui doivent faire vivre leur entreprise et nourrir leur famille. Les frais d’électricité sont en hausse, la plupart des gens utilisent le feu de bois pour les tâches ménagères, et les entreprises se raréfient.
Mais Mme Msilo et 20 autres personnes de la localité ont été en mesure de transformer leur situation et de faire augmenter leurs profits, suite à une séance de formation offerte par l’Agence gouvernementale de l’énergie en milieu rural. Cette agence a formé treize femmes et huit hommes à la fabrication de briquettes à partir de résidus agricoles comme des coques de riz et de noix de cajou, des copeaux de bois, des coques de noix de coco et des coquillages. L’utilisation croissante des briquettes pourrait aider à remédier à la pénurie de charbon de bois et d’autres combustibles dérivés du bois, et offre une alternative moins nuisible pour l’environnement et plus abordable.
Mme Msilo dit : « J’utilise l’argent que j’ai gagné pour acheter plus de poissons et subvenir aux besoins de ma famille. Sans ce coup de pouce, je ne crois pas que j’aurais réussi à m’en sortir. »
Adriana Eftimie est chef d’équipe et coordinatrice des initiatives liées au genre, dans le département de l’énergie durable de la Banque mondiale. Elle dit : « De telles initiatives, qui prennent en compte les besoins énergétiques et les différentes préoccupations des hommes et des femmes, peuvent alléger le classique double-fardeau que doivent porter de nombreuses femmes : un manque d’énergie suffisante et une extrême pauvreté. » Mme Eftimie explique qu’il en va encore principalement du devoir des femmes de collecter le bois de chauffe dans la plupart des régions d’Afrique sub-Saharienne, puis de faire la cuisine avec des poêles traditionnels qui nuisent à leur santé et à l’environnement.
Un agriculteur local, Ally Sudi, a également assisté à la formation. Il cultive et vend du riz et des noix de cajou pour nourrir sa famille de cinq personnes. Après la formation, il a lancé une entreprise de transformation de noix de cajou avec cinq autres hommes. Sans briquettes, ils auraient eu besoin d’un sac de charbon de bois coûtant 30 dollars américains pour transformer 100 kg de noix de cajou brutes en fruits secs. Mais maintenant, l’entreprise utilise seulement la moitié d’un sac de charbon de bois. Le reste de l’énergie est produit par des briquettes. Réduire les coûts liés à l’énergie maintient le seuil de rentabilité.
M. Sudi dit : « Cette formation est arrivée au bon moment; je ne saurais vous dire ce que nous aurions fait sans elle. Le bois de chauffage et le charbon de bois sont devenus beaucoup plus difficiles à trouver, parce que la terre est utilisée à d’autres fins depuis que les gens arrivent de plus en plus nombreux dans la région. »
Mame Cidosa est la voisine de Mme Msilo. Elle a assisté à la même session de formation. Elle teint des textiles pour l’industrie touristique, en utilisant les briquettes les plus propres et les moins chères. Elle dit : « Sans cette formation, j’aurais abandonné mon entreprise, comme beaucoup d’autres femmes, en raison des coûts et des difficultés liées à l’obtention du charbon de bois et du bois de chauffage. Aujourd’hui, je sais que je n’aurai pas faim par manque d’argent pour acheter du carburant. De plus, je trouve que j’ai plus de temps pour d’autres activités génératrices de revenus. »