Tanzanie : Des agriculteurs conservent le sol des terres vallonnées par le travail réduit du sol et les résidus de culture

| juin 11, 2018

Téléchargez cette nouvelle

Le ciel est clair et le soleil brille avec éclat sur les pentes abruptes verdoyantes du mont Meru, au nord de la Tanzanie. L’agricultrice Felix Nassari vérifie si les tiges de maïs de la saison dernière se sont suffisamment décomposées dans son champ, afin qu’elle puisse se préparer à planter les carottes. Elle déclare : « Avant de planter, je laisse les résidus de cultures dans le champ. »

Cette mère de 32 ans et sa fille de six ans vivent dans le village de Ndoombo sur les hauts-plateaux du Meru, à environ 40 kilomètres de la ville d’Arusha. Là-bas, les agriculteurs et les agricultrices comme madame Nassari utilisent des méthodes de l’agriculture de conservation pour réduire l’érosion et maintenir le sol en bonne santé. Cela leur permet de cultiver sur les pentes raides sujettes à l’érosion lorsque l’eau coule vers le bas du flanc de la montagne.

Madame Nassari cultive et alterne du maïs, du chou, des pommes de terre et des carottes sur ses deux hectares. Après avoir récolté le maïs, elle laisse les tiges dans son champ pour qu’elles se décomposent et apportent des éléments nutritifs au sol.

Elle érige également des billons et utilise habilement une houe pour creuser des trous de plantation peu profonds. Cela empêche les éléments nutritifs du sol d’être emportés par l’eau. Elle explique : « Je fais des billons [espacés de 70 cm] pour réduire la vitesse du flux de l’eau dans le champ, et je sème avec une houe manuelle. J’évite de creuser des trous trop profonds pour éviter la formation de rigoles d’eau. »

Sheilah Yusuf est agente de vulgarisation dans la région. Lorsqu’elle a commencé à travailler sur les hauts-plateaux il y a 18 mois, elle a été surprise de voir à quel point les exploitations étaient productives.

Elle déclare : « Lors de ma première visite chez les agriculteurs, j’étais très étonnée de voir comment la majorité des agriculteurs s’étaient arrangés pour cultiver sur les pentes abruptes de ces hauts-plateaux. Cela fait des années qu’ils ont appris à conserver leur sol. »

Madame Yusuf affirme que cela fait des générations que les paysans et les paysannes des hauts-plateaux du Meru appliquent des méthodes de l’agriculture de conservation pour obtenir de bons rendements malgré les difficultés qu’il y a à cultiver sur une pente raide. Ces méthodes englobent la construction de billons, l’utilisation du travail réduit du sol, la culture intercalaire et la rotation des cultures, ainsi que l’abandon des résidus de culture pour les laisser se décomposer dans leurs champs.

Julius Naftari Nasari cultive sur trois hectares de terre dans la même région. Il cultive le maïs en association avec le haricot et, après avoir récolté son maïs, il alterne avec des carottes ou des pommes de terre.

Monsieur Nasari raconte qu’il préfère semer avec une houe pour éviter de perturber la structure du sol. Selon lui, la houe est meilleure au tracteur, car il est difficile de conduire un tracteur dans une région vallonnée.

Il ajoute : « La terre est abrupte et quand il pleut, il faut que votre champ ait un bon sol compact; sinon, les éléments nutritifs seront emportés au bas des collines. »

Monsieur Nasari sarcle à la main et utilise du fumier comme moyens supplémentaires de protéger son sol.

Toutefois, monsieur Nasari affirme que ces techniques demandent beaucoup d’efforts. Il explique : « Il faut beaucoup de temps pour sarcler à la main, planter à l’aide d’une houe manuelle, et cela coûte cher d’épandre du fumier au-dessus de la végétation pour améliorer le sol. Mais c’est le seul moyen que nous avons pour avoir une bonne récolte dans cette région. »

Selon monsieur Nasari, le secret pour obtenir une bonne récolte dans la région consiste à conserver le sol. Il raconte que les client(e)s qui viennent acheter des carottes sur les hauts-plateaux du Meru sont toujours stupéfaits de voir que les agriculteurs et les agricultrices peuvent cultiver sur des pentes si abruptes. Les acheteurs sont obligés de laisser leurs voitures sur la route principale et de transporter leurs produits agricoles au bas de la colline sur le dos, car la pente est trop raide pour que les voitures puissent monter.

Malgré la difficulté qu’il y a à produire des cultures sur les collines escarpées, monsieur Nasari affirme que, depuis des générations, les paysans et les paysannes locaux réussissent à cultiver plusieurs denrées vendues dans les villes environnantes telles qu’Arusha.

Madame Nassari soutient qu’en utilisant des techniques telles le travail réduit du sol et en laissant les résidus de cultures se décomposer sur le champ, son sol est de meilleure qualité.

La saison dernière, madame Nassari a récolté 40 sacs de carottes et 50 sacs de pommes de terre, de 100 kilogrammes chacun. Elle vend ses carottes entre 500 et 700 shillings (0,22 à 0,31 $ US) le kilogramme, et ses pommes de terre, 800 shillings (0,35 $ US) le kilogramme.

Selon elle, grâce à l’agriculture, elle a aidé son mari à construire une bonne maison en briques avec un toit métallique. En outre, ils ont maintenant une source d’approvisionnement en eau en permanence chez eux.

La présente nouvelle a été produite avec l’appui de la Banque canadienne de grains dans le cadre du projet « Conservation Agriculture for building resilience, a climate smart agriculture approach. » Ce travail est financé par le gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca.

Photo: Felix Nassari