Sénégal : Des cultivateurs d’arachides utilisent des méthodes biologiques pour préserver leur santé et l’environnement

| juillet 2, 2018

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Avec des écouteurs pendant d’une oreille et une casquette pour protéger ses yeux du soleil, Cheikh Thiam gratte la terre pour vérifier les racines de ses plants d’arachides en fleurs. Il caresse délicatement les feuilles et explique : « Ce sont les racines qui vont prendre la forme d’arachide. Il faut surveiller les racines pour éviter qu’elles remontent à la surface. Plus la racine est profonde, plus il y a des chances d’avoir de bonnes graines. Il faut aussi surveiller la couleur des feuilles. Quand elles jaunissent, cela veut dire que les graines arrivent à maturité. »

Mbawane est un village de Kayar, une commune située à 55 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise. La région est connue pour ses arachides, mais monsieur Thiam est un des rares producteurs d’arachides du village à appliquer les méthodes biologiques. Bien que l’agriculture biologique comporte des défis, elle offre également des avantages.

Des agriculteurs et des agricultrices choisissent les méthodes biologiques pour améliorer la fertilité des sols, y compris les engrais organiques. Karfa Diallo est chargé de programme de la filière arachide à l’ONG Enda Pronat. Il déclare : « Le Sénégal était le premier [producteur d’arachides] en Afrique et le troisième dans le monde. Il a perdu cette place à cause de l’utilisation excessive d’engrais [chimiques], de pesticides et de pratiques agricoles pas bonnes qui ont eu des impacts sur les terres, notamment dans le bassin arachidier sénégalais. C’est la pratique conventionnelle qui a détruit l’agriculture dans le bassin arachidier. L’arachide ne joue plus le même rôle dans l’économie. »

Monsieur Diallo ajoute que les engrais organiques apportent des éléments fertilisants importants qui renforcent progressivement la fertilité des sols, ce qui signifie qu’au fil du temps, les rendements augmenteront.

Monsieur Thiam est un ouvrier dans la quarantaine, originaire de Kaolack, au centre du Sénégal. Il gagne un salaire mensuel en cultivant des arachides biologiques en saison morte sur une exploitation agricole de la commune de Kayar, loin de sa famille.

Il affirme que la culture des arachides comporte plusieurs avantages : « La qualité est meilleure avec l’agriculture biologique. Et cela n’entraine pas des risques sur la santé. »

Sidy Ba est un spécialiste des arachides, membre du CCPA, le Cadre de Concertation des Producteurs d’Arachides du Sénégal. Monsieur Ba soutient que les arachides biologiques prennent plus de temps pour arriver à maturité que les arachides non biologiques, car sur les exploitations conventionnelles, les engrais chimiques accélèrent la croissance des plantes. Cela permet aux cultivateurs et aux cultivatrices de récolter les arachides avant leur maturation complète. Mais, selon monsieur Ba, cela augmente le risque d’infection par l’aflatoxine. Les aflatoxines sont des substances cancérogènes produites par des champignons qui se développent en milieux chauds et humides, tels que les gousses d’arachide immatures.

Les arachides ont besoin de beaucoup d’eau, mais l’utilisation d’engrais organiques permet de retenir l’humidité dans le sol, réduisant ainsi la dépendance des agriculteurs et des agricultrices biologiques à l’irrigation. Dans la commune de Kayar, les engrais organiques les plus utilisés sont les fumiers de volaille, de bovin et, moins souvent, celui du cheval.

Au marché, les arachides biologiques coûtent plus cher pour plusieurs raisons, y compris le fait qu’il y a peu de fournisseurs, et que les gousses prennent plus de temps pour arriver à maturité. Cela coûte cher de se faire certifier comme producteur ou productrice biologique.

Le prix de vente des arachides biologiques dépend de toutes ces dépenses. Le prix varie généralement entre 400 et 450 francs (0,70 $ US à 0.80 $ US) le kilogramme en saison morte, mais peut atteindre 600 francs.

Monsieur Thiam affirme être content de travailler sur une exploitation agricole biologique où il n’est pas exposé aux pesticides et aux engrais chimiques nocifs. De plus, il ajoute que ces arachides ont un meilleur goût.

Le programme Uniterra mis en oeuvre par le consortium CECI-EUMC travaille au Sénégal avec des partenaires locaux des sous-secteurs du riz, de l’arachide, l’aviculture et du maraîchage en vue d’aider les jeunes et les femmes à avoir accès à de meilleures opportunités économiques. L’objectif est de renforcer le pouvoir économique des femmes et des jeunes en développant leur esprit entrepreneurial. Le programme Uniterra a soutenu financièrement et techniquement la production de la présente nouvelle. LE CECI et l’EUMC bénéficient du soutien financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca. Pour avoir de plus amples renseignements, vous pouvez suivre Uniterra Sénégal sur Facebook à facebook.com/cecisenegal.