Burkina Faso : La téléphonie mobile permet de distribuer des intrants agricoles aux personnes vulnérables

| octobre 26, 2020

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Nouvelle en bref

Wématou Ougue bénéficie d’une subvention accordée par le gouvernement burkinabé aux agriculteurs(rices) d’exploitations familiales depuis 2008. Cette subvention couvre les semences améliorées, les engrais et le matériel agricole. Cependant, les engrais ne sont pas toujours disponibles à temps. Pour améliorer le programme, le ministère de l’Agriculture a mis en place le système Agri-Voucher qui envoie des messages aux agriculteurs(rices) pour les prévenir de l’arrivée de leurs intrants. L’agriculteur(rice) paie par un transfert mobile et reçoit un bon qu’il/elle peut utiliser pour aller récupérer les intrants dans un magasin local. Le gouvernement est satisfait du succès du programme dans sa première année, mais les paysans et les paysannes le sont moins, car ils/elles notent divers problèmes et maintiennent qu’une campagne d’information et de sensibilisation doit être faite sur du programme, y compris à la radio.

Wématou Ougue cultive à Tiébélé, un village du centre sud du Burkina Faso, à plus de 150 kilomètres de la capitale Ouagadougou. Monsieur Wématou cultive du soja et des céréales comme le mil et le maïs.

Il bénéficie de la subvention accordée depuis 2008 par l’État aux agriculteurs(rices) d’exploitations familiales depuis 2008, quand la subvention a été lancée. La subvention est disponible pour les agriculteurs(rices) d’exploitations familiales qui exploitent un à cinq hectares pour produire des céréales du soja et du sésame, et elle leur permet ensuite d’adapter leur production aux changements climatiques. La subvention concerne les semences améliorées, l’engrais et le matériel agricole, notamment les charrues à traction animale et les animaux de trait.

Monsieur Ougue explique : « On nous vend le kilogramme de maïs à moins de 100 francs CFA (0,18 $ US), alors que sur le marché le coût est de 350 francs (0,63 $ US). La semence de niébé est offerte gratuitement aux coopératives et groupements des femmes. »

Cependant, les intrants n’arrivent pas toujours au bon moment pour les producteurs(rices), et le retard de cette année a coïncidé avec la crise du COVID-19. Cela était dû à plusieurs raisons, y compris les difficultés logistiques et administratives.

Les semences sont arrivées à Tiébélé en mi-juin alors que les opérations de semis avaient commencé en mi-mai, une situation que déplore monsieur Ougue.

Il explique : « De nombreux bénéficiaires ont revendu ces semences au marché ou les ont simplement consommées. »

Pour mieux distribuer les intrants subventionnés, le ministère de l’Agriculture a initié la stratégie « Agri Voucher » qui gère de façon électronique la distribution par la téléphonie mobile.

Le système « Agri Voucher » envoie aux agriculteurs(rices) des SMS pour les informer lorsque les intrants sont disponibles dans leur localité. L’agriculteur(rice) peut alors payer par un transfert par mobile money. Les agriculteurs(rices) recevront un bon avec lequel ils/elles pourront récupérer leurs intrants dans une boutique de distribution de leur localité. Des agent(e)s techniques sont sur place pour informer et aider les paysans et les paysannes à suivre la procédure d’acquisition des intrants.

Mais le système Agri Voucher a connu des difficultés.

Mr Tihao cultive au village de Tiokui, à environ 60 kilomètres de Dédougou dans la partie ouest du Burkina Faso. Il explique : « La distribution électronique des intrants est une bonne innovation. Seulement, la plupart de nos producteurs ne savent pas lire, donc nous supprimons les messages sans nous en rendre compte et beaucoup n’ont pas reçu de message à cause des perturbations du réseau. »

Pour monsieur Ougue, cette première année de gestion électronique des intrants a carrément échoué. Il déclare : « L’idée est vraiment bonne, mais les producteurs sont analphabètes ; il fallait beaucoup informer et sensibiliser sur cette initiative avant de la lancer. »

Les responsables du ministère de l’Agriculture disent avoir bien noté ces difficultés et promettent de les corriger au cours des saisons agricoles à venir. Néanmoins, ils affichent déjà une satisfaction vis-à-vis des résultats.

Pascal ZONGO est le directeur des intrants et de la mécanisation agricole.Il déclare : « Nous avons été agréablement surpris par les résultats atteints. » Plus de 98 % des bons préparés ont été distribués, ce qui représente 529 000. Et 97 % des paiements ont été effectués par voie électronique. Une plateforme WhatsApp a été créée pour permettre aux producteurs(rices) de poser des questions, faire des réclamations et des suggestions.

Cependant, les producteurs insistent sur le fait qu’une campagne d’information et de sensibilisation est nécessaire pour réussir la distribution des intrants agricoles subventionnés au profit des producteurs(rices) vulnérables. Monsieur Ougue propose l’utilisation des radios locales pour informer les paysans et les paysannes à temps. Il déclare : « Il nous faut ces intrants en mars-avril. » Pour lui, il faut surtout impliquer davantage les agent(e)s techniques d’agriculture qui sont déjà sur place et qui connaissent bien la situation.

La présente nouvelle a été produite avec le soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.