Sécheresse en Afrique de l’Est : Comment les agriculteurs et les éleveurs peuvent y faire face (The New Humanitarian & Interpress News)

| septembre 5, 2022

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Nouvelle en bref

Safumume Abdush ne pensait jamais que la rivière Gor qui traverse le village de Halo Busa au sud-est de l’Éthiopie tarirait un jour. Mais c’est le cas. Actuellement, après quatre saisons sans pluie, le lit de la rivière est devenu poussiéreux, tout comme la terre jadis fertile de ses berges. Résultat : les conditions de vie de plusieurs éleveurs et éleveuses éthiopiens ont changé. Les animaux survivants sont mal en point, la production laitière représente une petite partie de la productivité normale, et la fertilité des bêtes à diminuer de manière générale. Les spécialistes recommandent une réduction des troupeaux pour permettre aux gens qui pratiquent l’élevage de concentrer leurs ressources sur le peu de bétail qui reste. En Ouganda, la situation est tout aussi grave. Face à la sécheresse extrême, les agriculteurs et les agricultrices cherchent des intrants tels que les semences améliorées pour profiter au maximum des pluies qui tombent. Le ministre ougandais de l’Agriculture, Frank Tumwebaze, affirme qu’il verra avec le ministère des Finances comment rendre le matériel d’irrigation plus accessible. D’autres spécialistes conseillent de semer tôt, notamment des variétés qui résistent à la sécheresse et qui arrivent tôt à maturité, et d’utiliser des systèmes de collecte des eaux de pluie.

Safumume Abdush pensait que la rivière Gor qui traverse le village de Halo Busa, au sud-est de l’Éthiopie, ne tarirait jamais. Mais ce fut le cas un jour. Premièrement, la configuration des vents changea. Puis, les nuages disparurent. Maintenant, après quatre saisons sans pluie, le lit de la rivière est devenu poussiéreux, de même que la terre fertile de ses berges jadis fertile.

Madame Abdush, 35 ans, n’a jamais vu une telle sécheresse. Elle déclare : « Nous ne pouvons plus nous considérer comme des agriculteurs, car nous ne cultivons pas. Il y a deux mois, nous avons ressemé du sorgho. Mais sans pluie, nous ne récolterons rien. »

Hosa Busa fait frontière avec la région Somali, une des régions les plus durement touchées par deux années successives de sécheresse qui a brûlé une bande de terrain le long de la frontière au sud de l’Éthiopie. Résultat : près de huit millions de personnes sont gravement menacées par la faim au sud de l’Éthiopie, une épreuve exacerbée par la difficulté qu’ont le gouvernement éthiopien et les organismes d’aide à toucher les personnes dans le besoin.

Le pire c’est que selon les prévisions météorologiques, il ne devrait pas beaucoup pleuvoir cette année, ce qui fera une cinquième saison de sécheresse, une situation inédite.

Par conséquent, les conditions de vie de plusieurs personnes en Éthiopie ont changé. L’élevage est l’essence même des moyens de subsistance des populations du sud de l’Éthiopie, une région aride au sol sablonneux et dont la végétation est constituée de broussailles épineuses et éparses. Le bétail constitue la richesse des éleveurs et des éleveuses, et cette richesse s’amenuise au fur et à mesure que le bétail meurt. Les prix augmentent aussi, par conséquent, la vente d’une chèvre ne permet d’acheter que la nourriture d’une semaine pour une famille, contrairement à celle de quatre semaines il y a un an.

Les animaux survivants sont mal en point, la production laitière représente une petite partie de la productivité normale, et la fertilité des bêtes a également diminué de manière générale.

Liban Aydid travaille comme spécialiste en développement chez l’organisme d’aide internationale Mercy Corps, à Dire Dawa, en Éthiopie. Il recommande aux gens qui font de l’élevage de réduire leurs troupeaux afin de concentrer leurs ressources sur le peu de bétail restant. Il propose également que des subventions leur soient accordées pour les encourager à explorer de nouveaux moyens de subsistance. Il déclare : « Personne ne veut les empêcher de continuer à pratiquer l’élevage. Mais nous pouvons au moins les soutenir avec la gestion du bétail et les aider à diversifier leurs activités. »

La Commission nationale de gestion des catastrophes et des risques de l’Éthiopie est la principale agence de coordination de la prévention des catastrophes et des interventions d’urgence, qui s’occupe de la distribution des aides d’urgence telles que les engrais, les nouvelles semences, les aliments pour animaux et les céréales. Cependant, dans la région Somali en proie à la sécheresse, les allocations d’aide versées en espèces sont en retard. Dans les régions où elles ont été distribuées, elles ne suffisent pas pour permettre aux familles d’acheter 15 kilogrammes de céréales pour le besoin du mois, une conséquence de l’inflation rapide des prix des denrées alimentaires.

En Ouganda, la situation est également grave. Des centaines de personnes meurent de faim dans la région de Karamoja et dans d’autres districts en proie à des niveaux critiques de malnutrition aiguë. Face à la sécheresse extrême, les agriculteurs et les agricultrices cherchent à avoir accès à des technologies telles que les semences améliorées pour essayer de tirer le maximum des pluies qui tombent.

Les pluies sont irrégulières dans beaucoup de régions du pays, ce qui fait qu’il y a peu ou presque rien à récolter. Joseph Indiya déclare : « En fait, le sol ici est très fertile. Nous avons des rivières autour. La production [est généralement] tellement importante, mais cette fois-ci, cela nous a surpris. Il pleuvait habituellement un peu en juin, et par la suite tout au long du mois de juillet. Mais actuellement, même une seule goutte de pluie n’est pas tombée. »

Bien que la majeure partie de Karamoja et d’autres régions soient arides, en juillet, des pluies intenses ont entrainé un débordement des rivières du district de Mbale, dans la région de l’Est, causant la mort de 29 personnes et jetant des centaines de personnes à la rue.

Le ministre ougandais de l’Agriculture, Frank Tumwebaze, affirme que la situation en Ouganda est similaire à celle du reste de la Corne de l’Afrique, où la Somalie, le Kenya, le Soudan du Sud et le Soudan sont en proie à l’insécurité alimentaire à cause d’une longue sécheresse qui dure depuis quatre saisons.

Aux dires de monsieur Tumwebaze, il travaille avec le ministère des Finances pour essayer de rendre le matériel d’irrigation plus accessible.

Le Dr Ambrose Agona est le directeur général de l’Organisation nationale de l’agriculture en Ouganda. Selon lui, les agriculteurs et les agricultrices attendent généralement que la première saison pluvieuse commence vers mars et qu’elle se poursuive jusqu’en juin. Mais les pluies peuvent en fait commencer en début janvier. Si les agriculteurs et les agricultrices sèment assez tôt, ils et elles peuvent tirer profit des pluies supplémentaires pour obtenir une bonne récolte, surtout en semant des variétés qui résistent à la sécheresse et qui arrivent tôt à maturité.

Le vétérinaire et chercheur le Dr William Olaho-Mukani soutient que les producteurs et les productrices doivent avoir accès à ces types de variétés de semences, ainsi qu’aux technologies de collecte d’eau.

À ses dires, il y a beaucoup d’eau à Karamoja lorsqu’il pleut, et les agriculteurs et les agricultrices doivent essayer de collecter et conserver l’eau pour leurs besoins ultérieurs.

Il ajoute : « Nous devons nous assurer que [ces technologies] sont à la portée des [agriculteurs]. »

La présente nouvelle est inspirée de deux articles : un écrite par Sara Creta, et publié par The New Humanitarian sous le titre : « Ethiopia’s worsening drought sees hunger numbers soar. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.thenewhumanitarian.org/news-feature/2022/08/17/drought-Ethiopia-hunger-pastoralism-climate-change.

L’autre, intitulé « Tragic Irony of Hunger Deaths in Karamoja, Uganda Amidst Plenty of Climate Adaptation Technologies. » a été écrit par Wambi Michael et publié par Interpress News. Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.ipsnews.net/2022/08/uganda-tragic-irony-hunger-deaths-karamoja-amidst-plenty-climate-adaptation-technologies/.