Rwanda : L’usage du biogaz épargne de l’argent et le recours au bois de chauffage (par Solange Ayanone pour Agro Radio Hebdo du Rwanda)

| juillet 8, 2013

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À la tombée du jour, la maison de Véronique Mukantibenda est la seule dans son village qui est éclairée. Mais ça n’a pas toujours été le cas.

Avant, Mme Mukantibenda avait l’habitude d’acheter du bois de chauffage qui lui coûtait cher. Elle se souvient : « J’utilisais une somme de 15,000 Frw (20 dollars américains), par mois pour acheter le bois de chauffage et 3000frw (5 dollars américains pour le pétrole que j’utilisais pour illuminer ma maison.» Aujourd’hui, elle peut à la fois utiliser le biogaz pour cuire des aliments et éclairer sa maison.

Mme Mukantibenda vit à Gitima, un village dans le District de Muhanga, dans le sud du Rwanda. Sa maison est entourée d’une bananeraie. Dans la cour intérieure, on y voit deux vaches laitières qui lui donnent le lait qu’elle vend et de la fumure qu’elle utilise dans ses champs.

Mme Mukantibenda avait de la difficulté à trouver du bois de chauffauge car elle n’a pas à sa disposition une forêt.

Ensuite, elle a entendu parler du biogaz. Elle raconte: « J’ai suivi une émission à la radio où on disait qu’on peut éclairer sa maison avec le biogaz ou faire de la cuisine facilement. » Avec la bouse et les urines de ses deux vaches , Mme Mukantibenda obtient le biogaz qu’elle utilise chez elle.

Cette mère et cultivatrice, âgée de 45 ans, utilise le biogaz depuis maintenant trois ans. C’est grâce à un financement du ministère de l’agriculture qu’elle a pu finaliser la mise en place des infrastructures de biogaz qui coute 800.000 frw (1150 dollars américains).

Nkurunziza M Théonèste est agronome dans le district de Muhaga. L’agronome explique : « C’est dans le cadre de la protection de l’environnement que le ministère appuie les agriculteurs et éleveurs pour les aider à accéder au biogaz afin de réduire les tonnes de bois de chauffage utilisées par les familles comme source d’énergie. » .

Mme Mukantibenda collecte environ 20kg de bouse et 20 litres d’urines chaque jour. Elle a construit deux conteneurs en utilisant le ciment comme matériau pour contenir les excréments. Un tuyau relie les deux conteneurs. Elle dépose les bouses et les urines de vache dans le premier conteneur. Ce mélange de bouses et d’urine passe ensuite dans le deuxième conteneur où le gaz se forme.

Le gas passe ensuite par un second tuyau, qui transporte le gaz à la maison de Mme Mukantibenda pour l’éclairage et la cuisson. Mme Mukantibenda dit avec fierté : « Je prépare à manger rapidement et dans des conditions hygiéniques adéquates. Ce n’est pas comme le bois de chauffage qui apporte la fumée partout. Regardes mes marmites, elles sont propres ».

Les voisins envient Mme Mukantibenda. Elle raconte qu’ils viennent lui demander comment faire pour éclairer leurs maisons. Malheureusement, ils manquent de moyens financiers. Kayumba est le voisin de Mme Mukantibenda. Il dit : « J’aimerais utiliser aussi le biogaz mais j’ai seulement une vache alors que cela demande deux vaches. Mais l’année prochaine, je le ferai ».

Il poursuit : «  Pour le moment, Véronique nous aide à charger les batteries de nos téléphones, on n’a plus besoin d’aller au centre qui est loin ».

Mme Mukantibenda n’est pas la seule à profiter des avantages du biogaz. Ses enfants souffraient de maladies respiratoires à cause de la fumée. Actuellement, sa toiture et sa cuisine sont propres. En plus, ses enfants ont de l’éclairage pour étudier le soir. Un de ses enfants déclare : « Actuellement, je fais très bien mes devoirs car la lumière est intense. Avant, je retournais à l’école sans les avoir faits faute de lumière ».