République démocratique du Congo : Voix de fillettes-soldats (IRIN)

| juillet 3, 2017

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De multiples conflits couvent en République démocratique du Congo, détruisant des communautés déjà en difficulté. Des milliers d’enfants sont empêtrés dans un cycle de violence, et plusieurs d’entre eux servent au front ou travaillent comme porteurs, cuisiniers et espions. Jusqu’à 40 % d’enfants-soldats sont des filles.

En 2016, Child Soldiers International a interviewé 150 filles jadis associées à des groupes armés en République démocratique du Congo. Leurs voix ont été publiées dans un rapport intitulé « What the Girls Say » (Ce que disent les filles). Le rapport souligne les facteurs qui entraînent ces enfants dans les conflits, et ce dont ils ont besoin pour s’y soustraire. L’éducation est le principal fil conducteur de leurs histoires à toutes.

Judith (nom fictif) a 15 ans et est un ancien enfant-soldat. Elle déclare : « On nous a dit que nous pouvions avoir de l’argent là-bas [chez les groupes armés.] J’y suis allée, car je voulais avoir suffisamment d’argent pour retourner à l’école. »

Dans cette région, il est estimé que seulement 60 % des filles terminent les études primaires, comparativement à 80 % de garçons.

Parmi les 150 filles, deux tiers avaient été kidnappés par des groupes armés, mais un tiers s’étaient « volontairement » engagées dans ces groupes. Beaucoup de filles des provinces du Sud et du Nord-Kivu, et du Haut Uele ont été contraintes à participer aux conflits à cause des difficultés financières de leurs familles.

Les frais de scolarité sont un des facteurs qui ont poussé plusieurs filles à décider de s’engager dans les groupes armés. Sara, 16 ans, explique : « J’ai été obligée de quitter l’école parce que mes parents ne pouvaient plus payer. Donc, au lieu de traîner dans la rue, c’était mieux que j’aille les aider dans la forêt. »

D’autres filles se sont engagées dans les groupes armés pour venger la mort d’une amie ou d’un membre de la famille, où parce qu’elles recherchaient une protection. Une fille explique : « Les Maï-Maï faisaient de mauvaises choses tout le temps. Ils pillaient et violaient. C’était devenu trop terrifiant et impossible de vivre à la maison. Pour nous protéger, moi et mes cinq frères, dont trois filles et deux garçons, avons décidé de nous joindre à eux. Nous avons marché pendant deux jours. »

Cependant, les filles n’ont trouvé ni protection ni argent en devenant des enfants-soldats. Plusieurs ont subi des abus physiques et sexuels, ont pris part aux combats, ont travaillé dur et craignaient constamment de mourir. Beaucoup étaient exploitées comme des « épouses » par les soldats ou s’occupaient des tâches ménagères.

Pour les filles rescapées, la vie au sein de leurs familles et leurs communautés peut être empreinte de plus souffrance. La stigmatisation et le rejet sont choses courantes, souvent parce les filles ont eu des relations sexuelles hors mariage, même si elles ont dû consentir à ces relations indépendamment de leur volonté.

Comme l’explique une fille : « Il ne se passait pas deux jours sans que des voisins nous rappellent que nous avions couché avec des hommes. Ils nous interdisaient de fréquenter leurs filles. »

Par conséquent, certaines décidèrent de se réengager dans les groupes armés qui les avaient maltraitées.

Child Soldiers International s’emploie à comprendre la situation des filles-soldats rescapées, ainsi que les changements à apporter au sein des communautés pour faciliter leur réinsertion. L’éducation figure au haut de la liste, car plusieurs filles souhaitent poursuivre leurs études.

Le présent article est inspiré d’un article d’IRIN, écrit Sandra Olsson, la chargée de programmes de Child Soldiers International. L’article s’intitule « Hear the voices of Congo’s girl child soldiers. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.irinnews.org/opinion/2017/06/19/hear-voices-congo%E2%80%99s-girl-child-soldiers

Photo : International Rescue Committee / Flickr