RDC : Une femme aide des jeunes démobilisés des groupes armés à gagner leur vie grâce à l’agroentreprise

| septembre 1, 2023

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Joséphine Malimukono exploite une entreprise de transformation du manioc en farine dénommée « Ligue de Solidarité Congolaise », à Rutshuru, en République démocratique du Congo. L’entreprise emploie 85 personnes, dont plusieurs sont d’anciens membres de groupes armés. Masumbuko (nom fictif) est un jeune homme de 25 ans et un ancien combattant démobilisé. Il a passé plusieurs années dans des groupes armés, et il gagne aujourd’hui sa vie en fabriquant de la farine de manioc après avoir suivi une formation de la Ligue de Solidarité Congolaise, qui lui a également fourni des machines pour son usine. Il produit au moins 1 000 kilogrammes de farine de manioc par mois. Masumbuko déclare : « Je gagne un bon revenu et j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. »

C’est un dimanche matin ensoleillé à Rutshuru, une localité située à 70 kilomètres de la ville de Goma dans la région du Nord Kivu, en République démocratique du Congo, ou RDC. Joséphine Malimukono, une femme de 50 ans, possède une entreprise de transformation de manioc en farine panifiable à Rutshuru. Grâce à cette entreprise, elle aide les jeunes démobilisés des groupes armés à réintégrer la société et à gagner leur vie. 

Depuis 2017, madame Malimukono exploite une agroentreprise dénommée Ligue de Solidarité Congolaise. Elle emploie 85 personnes, dont beaucoup sont d’anciens membres de groupes armés. Selon elle, la majorité des jeunes de sa région rejoignent les groupes armés à cause du manque d’emplois. 

Madame Malimukono déclare : « En 2021, j’ai mis en place une stratégie de formation gratuite sur l’entrepreneuriat agricole pour les jeunes défavorisés. » Cette formation dure six mois et concerne principalement les jeunes démobilisés des groupes armés. C’est une formation pratique en agroentreprise, comme la production agricole ou la transformation des produits agricoles. 

La formation comprend deux grandes étapes. Au cours des premières semaines de formation, les élèves apprennent la création et la gestion des entreprises agricole, ainsi que les techniques de production et de transformation des produits agricoles comme le manioc. Pendant la dernière phase de la formation, les élèves suivent des modules de marketing. À chaque étape, les formateurs et les formatrices organisent des immersions à la Ligue de Solidarité Congolaise, où chaque personne applique ce qu’elle a appris.  

Après la formation, la Ligue de Solidarité Congolaise aide les jeunes qui désirent avoir une agroentreprise à lancer leur projet en leur fournissant des semences ou en leur permettant d’utiliser gratuitement le matériel de l’entreprise. Pour ceux et celles qui veulent être employés, la Ligue leur offre deux options. Madame Malimukono explique : « Je sélectionne les meilleurs jeunes après chaque formation pour travailler dans l’équipe. Les autres, je les place dans des agroentreprises locales. » 

Madame Malimukono a organisé un réseau composé de petits producteurs et productrices locaux de farine de manioc et de jeunes démobilisés, afin que les entreprises puissent recruter directement les jeunes formés. Elle déclare : « Ce réseau a permis d’améliorer la qualité de vie des jeunes démobilisés et d’avoir une main-d’œuvre qualifiée pour les agroentreprises de la région. Les jeunes employés peuvent gagner jusqu’à 200 $ US par mois. »

La Ligue de Solidarité Congolaise demande aux autorités militaires de la RDC de fournir des listes de jeunes démobilisés susceptibles d’être formés. Ces jeunes peuvent participer à la formation après s’être inscrits auprès des administrateurs des camps de démobilisation et de réintégration.

Masumbuko est un ancien combattant démobilisé de 25 ans, qui utilise ce nom d’emprunt. Il a passé plusieurs années dans des groupes armés et, aujourd’hui, Masumbuko gagne sa vie après sa formation à la Ligue de Solidarité Congolaise. Il déclare : « Je faisais partie d’un groupe armé qui tendait des embuscades aux passagers sur les routes du Nord-Kivu. Je vivais dans la brousse. Ma famille ne savait pas que j’étais enrôlé dans un groupe armé. » 

Il y a quelques mois, Masumbuko s’est rendu aux autorités de l’armée loyaliste. L’administrateur du camp lui a proposé de suivre la formation de la Ligue. Il déclare » « Le début n’était pas facile. On a beaucoup souffert pour apprendre. » 

Après avoir suivi la formation, Masumbuko a décidé de se lancer dans la production de farine de manioc. La Ligue de Solidarité Congolaise l’a accompagné en mettant à sa disposition les machines de son usine. Il achète le manioc qu’il écrase ensuite gratuitement dans l’usine de la Ligue, puis le conditionne pour la vente, produisant au moins 1 000 kilogrammes de farine de manioc par mois. Masumbuko vend 2 000 $ US de farine de manioc chaque mois. Il déclare : « Je gagne bien ma vie et j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. »

Depuis 2021, le programme de formation en agroentreprise de madame Malimukono a permis de former plus de 300 jeunes démobilisés des groupes armés. Les anciens élèves sont aujourd’hui financièrement indépendants. Certains ont acheté des taxis-motos. D’autres sont des employés d’agroentreprises.

Madame Malimukono conclut : « Si on offre des sources de revenus aux jeunes, c’est une alternative à la violence et à la criminalité. Surtout l’agrobusiness peut aider à réduire la pauvreté et à stimuler l’économie dans les zones touchées par l’insécurité. »