Geoffrey Ojok | août 17, 2015
Après la mort de son mari, Kulkeria Onono a eu de la difficulté à cultiver toute seule. Mme Onono et son mari cultivaient du coton en guise de culture commerciale. Âgée désormais de 69 ans, elle se souvient : « Nous cultivions du coton depuis notre mariage, mais n’avions jamais [progresser] – en fait, notre capital n’a cessé de diminuer [tandis que] le coût des pesticides était de plus en plus élevé. »
Lorsque son mari est décédé en 2007, la grand-mère de quatre petits-enfants a vécu des moments difficiles. Elle a été obligée de faire de petits boulots pour joindre les deux bouts. Mais après avoir vu une de ses voisines s’en sortir grâce au soja, Mme Onono a décidé d’adopter elle aussi cette culture.
En 2013, Mme Onono a arrêté de cultiver le coton et a commencé à cultiver du soja sur les deux hectares entourant sa maison dans le village de Te-Oburu, situé dans le district de Lira, à environ 390 kilomètres au nord de Kampala, la capitale ougandaise.Pour le plus grand plaisir de Mme Onono, son soja a bien produit et elle a gagné plus d’argent que ne lui aurait rapporté le coton. Elle déclare : « J’ai récolté 480 kilogrammes de soja, et j’ai gagné plus de 1 000 000 de shillings [320 $US] cette année. J’ai utilisé une partie du montant pour engager d’autres personnes pour labourer une plus grande surface destinée à la culture de soja. » Depuis lors, Mme Onono continue de cultiver le soja avec beaucoup de succès.
M. Guido Okwir est l’agent de vulgarisation en chef de la Lango Organic Organization, au nord de l’Ouganda. Il déclare : « La variété de soja, N1, est une des meilleures cultures qu’une agricultrice ou un agriculteur peuvent cultiver. Il ne lui faut que 90 jours pour parvenir à maturité, et, ainsi, l’agricultrice ou l’agriculteur peuvent la cultiver deux fois dans l’année. Les nodules de racine [riches en azote] fertilisent davantage le sol pour la culture suivante. »
Il y a une très forte demande pour le soja en Ouganda. Pramukha Rakish est le directeur général de la société de transformation d’huile du mont Méru implantée dans le district de Lira. Il explique : « Nous avons besoin quotidiennent de jusqu’à dix tonnes de soja pour ravitailler l’usine. Nous produisons 9 500 litres d’huile de cuisson seulement chaque jour. »
Cependant, il est difficile pour certains agricultrices et agriculteurs de trouver une quantité suffisante de semences. Yekosofat Odongo est l’agent de vulgarisation local de Community Connector, une ONG locale qui forme les agricultrices et les agriculteurs du district de Lira. Community Connector aide ces derniers à trouver des marchés pour leur soja, mais, selon M. Odongo : « Le défi réside … au niveau de l’achat en quantité suffisante de graines de [qualité] pour ensemencer [leurs champs]. »
Mme Onono est chanceuse d’avoir assez de graines, et la culture du soja a amélioré ses sources de revenus. À la mort de son mari, elle avait toujours l’air renfrognée, mais maintenant elle sourit beaucoup plus souvent. Tout va bien pour elle. Elle raconte : « J’ai récolté 800 kilogrammes de soja N1 cette saison, et j’ai gagné [530 $US]. J’ai acheté une vache qui a déjà eu un veau. J’ai commencé à construire une maison de trois pièces dans le village de Te-Oburu, et je paie les frais de scolarité de deux de mes [petits-enfants] qui sont au secondaire. Je n’ai plus besoin de m’inquiéter, car [maintenant] je peux avoir ce que je veux.]