Ouganda: Les femmes choisissent de se marier plus tardivement (Global Press Institute)

| mars 4, 2013

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Mlle Nankunda n’est pas mariée. Cette célibataire de 42 ans dit: « Je n’ai pas rencontré l’homme de ma vie. » Elle a plutôt suivi des études et poursuivi une carrière. Elle explique: « Si je m’étais mariée, je n’aurais peut-être jamais eu mon doctorat. » Mlle Nankunda est fière de son travail de chroniqueuse dans un des journaux quotidiens nationaux ougandais.

Les gens de sa famille, par contre, voient le fait qu’elle n’est pas mariée comme un échec. Ils trouvent qu’elle a raté sa vie. Mais Mlle Nankunda dit qu’elle apprécie les avantages du célibat. Elle peut aller et venir comme il lui plaît, et elle n’a pas à faire de compromis quant à ses goûts et préférences pour entretenir une relation.

Elle reconnaît que le mariage a ses avantages, mais ne croit pas au mariage en tant que tel. Mlle Nankunda aimerait avoir des enfants un jour, le moment venu. Elle dit: « Je sais qu’il y a beaucoup de gens non mariés qui ont des enfants, mais je ne crois pas qu’il soit bon d’avoir des enfants hors mariage. »

Les Ougandais considèrent traditionnellement le célibat comme un mauvais présage. Les communautés travaillent souvent de concert afin de marier les jeunes célibataires. Godfrey Waiswa est un conseiller de 62 ans œuvrant à Massaja, dans le quartier Tank Hill, à Kampala. Il dit: « Les filles doivent être mariées au plus tard à 30 ans. Sinon, elle ne sont pas respectées dans la société. »

Mais les choses sont en train de changer parmi les jeunes Ougandais éduqués et vivant en ville. Beaucoup d’entre eux repoussent le moment du mariage afin d’atteindre des buts personnels et de trouver la bonne personne.

Jovia Achieng est professeure assistante à l’Université Internationale de Kampala. Elle dit: « Beaucoup d’hommes m’ont fait leur demande en mariage. Je pense que je ne suis pas encore prête. » Mlle Achieng pense qu’il est important pour une femme de bâtir sa carrière avant de se marier et d’avoir des enfants.

Elle dit que le coût élevé de la vie a aussi influencé sa décision de repousser le moment du mariage. Elle explique: « Nous vivons des temps difficiles, économiquement parlant, et il est important d’atteindre une certaine stabilité financière avant de se marier. »

Mlle Achieng croit que les gens n’ont pas besoin de se marier pour s’épanouir. À son avis, le mariage n’est pas inévitable pour tout homme ou toute femme.

Hilda Twongyeirwe est une activiste militant pour les droits des femmes et la coordinatrice de la FEMRITE Uganda Women Writers’ Association. Elle dit que le mariage est encore considéré comme une chose importante, mais n’est pas une priorité.

Elle explique: « Les hommes cherchent des femmes qui peuvent jouer des rôles de femmes (faire la cuisine, élever des enfants, s’occuper de la maison) et ces femmes sont de plus en plus rares. »

Elle croit que les changements dans les choix maritaux pourraient être dus à l’influence accrue des étrangers. Depuis la fin des années 1990s, il y a eu beaucoup d’interactions entre les Ougandais et d’autres nations dans les écoles, les milieux de travail, les églises et les marchés. Des perspectives différentes vis-à-vis du mariage ont probablement eu une influence en Ouganda.

Mlle Twongyeirwe dit que les femmes non mariées souffrent davantage de la stigmatisation, comparativement aux hommes. Alors que les hommes non mariés sont simplement encouragés à se trouver des épouses, elle croit que les femmes non mariées sont considérées comme étant intraitables, ou comme étant rebelles et trop orgueilleuses.

Primah Kankiriho est une chercheuse indépendante de 37 ans. Elle est célibataire et a eu un enfant d’une relation antérieure. Elle dit: « Être célibataire n’est pas tout à fait une mauvaise chose. Il vaut mieux être célibataire que vivre un mariage malheureux. » Elle croit qu’il vaut mieux pour elle être non mariée qu’avoir un mari qui ne la respecte pas.

Mlle Kankiriho est une chrétienne pratiquante et aimerait trouver un homme ayant des croyances religieuses similaires. Mais, comme beaucoup d’autres femmes célibataires de l’Ouganda, Mlle Kankiriho souffre de la stigmatisation et de la discrimination. Elle dit: « Mon père présenterait tous ces enfants à ses invités et prétendrait m’oublier. C’est arrivé plus d’une fois, essentiellement parce que je suis censée être mariée et je ne le suis pas. » Elle dit que sa famille l’exclut même de ses réunions parce qu’elle n’est pas mariée.

Malgré ce genre de traitement, les femmes comme Mlle Kankiriho disent qu’elles ne succomberont pas à la pression sociale en se précipitant dans un mariage avec un homme qui ne répond pas à leurs attentes.

« Je ne vais pas me marier pour impressionner la société », dit-elle.