Ouganda : Des législateurs œuvrent pour l’apaisement des tensions entre les agriculteurs et les éleveurs (GPJ)

| septembre 19, 2022

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Nouvelle en bref

Les habitants de la région accusent les Balaalo, des pasteurs nomades qui élèvent du bétail au nord de l’Ouganda, d’occuper illégalement des terres et de laisser paître librement leurs animaux qui, par la même occasion, détruisent les cultures. En février, Rwamirama Bright Kanyontore, ministre d’État de l’Agriculture, de l’Élevage et des Ressources halieutiques, a publié des directives temporaires concernant le déplacement du bétail au nord et au nord-est de l’Ouganda. Ces directives exigent aux Balaalo de suivre des itinéraires indiqués, de demander des permis pour les déplacements et de faire circuler leurs bêtes uniquement durant le jour. Mais, parfois, les éleveurs et les éleveuses n’ont pas le choix que de se déplacer à l’improviste, ou ils n’ont pas les moyens de se procurer les documents administratifs nécessaires pour le déplacement de leur bétail. Kanakulya, qui préfère être désigné par son prénom par crainte de représailles, raconte qu’il n’avait pas les moyens d’obtenir des documents pour toutes les 80 vaches auprès du vétérinaire. Yowasi Mugundu est le président des Balaalo du sous-comté de Palaro. Pour lui, la culture en matière de propriété foncière communale constitue une difficulté particulière pour certains Balaalo qui remplissent les conditions imposées par les autorités.

Alice Aber gère un petit commerce d’alimentation dans la ville de Palaro, dans le district de Gulu. En novembre dernier, madame Aber espérait avoir une grande récolte. Mais, un matin de septembre, juste après avoir ouvert sa boutique, son petit-fils vint en courant lui rapporter des nouvelles. Environ 60 bœufs avaient ravagé les cultures de la dame de 70 ans.

Ces bœufs appartenaient aux Balaalo, un nom communément employé pour désigner les tribus d’éleveurs tels que les Bahima, les Batooro et les Batutsi, entre autres, qui migrent avec leurs troupeaux d’autres régions du pays vers le nord de l’Ouganda en saison pluvieuse et en saison sèche, à la recherche de meilleurs pâturages et de meilleures aires d’abreuvement.

Leur présence au nord de l’Ouganda, une région majoritairement occupée par des agriculteurs et des agricultrices, provoque des tensions avec les communautés de cette région, qui durent depuis longtemps. Les habitants de la région accusent les pasteurs nomades d’occuper illégalement les terres, de laisser leur bétail paître librement et, ce faisant, de détruire les cultures. Les tensions entre les pasteurs et les communautés agricoles locales ne datent pas de maintenant. Les Balaalo migrent selon la saison, pendant de longues ou de courtes périodes, le long du « corridor du bétail » qui traverse le pays du nord-est au sud-ouest.

Les pertes de cultures surviennent alors que les agriculteurs et les agricultrices font face à une hausse des prix et à une pluviométrie irrégulière. Le président du conseil local, Francis Wokorach, affirme qu’entre septembre et novembre de l’année dernière, il a reçu des rapports de producteurs et des productrices faisant état de la destruction de 50 acres de cultures au total.

Le problème a attiré l’attention de l’État, des autorités nationales et de plusieurs organisations de développement. En février, Rwamirama Bright Kanyontore, ministre d’État de l’Agriculture, de l’Élevage et des Ressources halieutiques, a publié des directives temporaires pour les déplacements de bétail au nord et au nord-est de l’Ouganda. Les directives exigent, entre autres, des Balaalo qu’ils suivent des passages désignés, obtiennent des permis de circulation et fassent déplacer leurs bêtes durant la journée seulement. Ces mesures visaient à minimiser la propagation des maladies des animaux et à apaiser les tensions dans la région.

Cependant, parfois, les Balaalo n’ont pas le choix que de se déplacer à l’improviste, selon Nathan Kamukama, un éleveur nomade qui s’est déplacé de l’ouest de l’Ouganda en 2020 durant la saison sèche.

Il déclare : « Notre bétail mourrait, car il n’avait pas suffisamment à manger. » Il s’est déplacé vers le nord de l’Ouganda après qu’un ami lui a prodigué un conseil concernant les pâturages disponibles sur les terres gérées par l’État.

Monsieur Kamukama raconte qu’il s’était assuré d’obtenir les documents nécessaires, tels qu’une lettre de son conseil local et du vétérinaire.

Ce n’est pas tout le monde qui peut satisfaire aux exigences du gouvernement concernant les déplacements du bétail. Kanakulya, qui préfère être désigné par son prénom par crainte de représailles, affirme qu’il n’avait pas les moyens d’obtenir des documents pour tous les 80 bœufs auprès du vétérinaire. Il faut payer pour chaque bœuf, ce qu’il ne pouvait pas se permettre.

Il déclare : « Cela fait deux ans que je suis ici. Je suis sur une terre de l’État, et mes bœufs se portent bien, car ils ont assez d’herbe à manger. » Il reconnaît que ses bœufs se sont éloignés parfois du pâturage et qu’ils avaient détruit des cultures lorsqu’il les avait laissés sous la supervision de ses enfants, une situation qu’il regrette.

Yowasi Mugundu est le président des Balaalo du sous-comté de Palaro. À ses dires, la culture en matière de propriété foncière communale au nord de l’Ouganda constitue un défi particulier pour certains Balaalo qui remplissent les conditions imposées par les autorités.

Les animaux doivent avoir accès à l’eau, et l’aménagement de retenues d’eau pourrait aider. Mais le manque d’eau en saison sèche pose problème au nord de l’Ouganda. Selon lui, même les éleveurs et les éleveuses qui aménagent des retenues d’eau doivent parfois laisser leurs bœufs aller chercher de l’eau ailleurs. En cours de route, leur bétail détruit les cultures.

Monsieur Mugundu implore le gouvernement de ne pas évincer les éleveurs et les éleveuses qui sont arrivés dans la région légalement. Il déclare : « Certains habitants de la région veulent que le gouvernement nous chasse d’ici, pourtant nous avons acheté une terre ici ou nous en avons louée et la période de location n’est pas expirée. »

Il avertit également les éleveurs et les éleveuses d’être vigilants lorsqu’ils surveillent leur bétail.

La présente nouvelle est inspirée de l’article « ‘The Cows Ate It All’ : Crop Losses Threaten Food Security. » écrit par Apophia Agiresaasi et publié par Global Press Journal. Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://globalpressjournal.com/africa/uganda/cows-ate-crop-losses-threaten-food-security/.

Photo : Des bétails appartenant aux Balaalo paissent à Palaro, en Ouganda. Crédit : Apophia Agiresaasi, GPJ Ouganda.