Ouganda : Des femmes produisent des semis d’arbre pour s’assurer un revenu et lutter contre le déboisement

| mars 3, 2019

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Il est 10 h du matin et le soleil est radieux. Avec plusieurs autres femmes, Rose Aroke arrose des semis d’arbre. Ces femmes arrosent les semis trois fois par jour.

La production de semis en groupe a deux objectifs. Madame Aroke explique : « Nous avons décidé de travailler ensemble, en groupe, car, en le faisant, nous pouvons cultiver plus de semis d’arbre et générer plus de revenus pour nos familles et restaurer également l’environnement en plantant des arbres dans nos communautés. »

Madame Aroke vit à Atek, un village du district de Kole, à environ 400 kilomètres, au nord de Kampala, la capitale ougandaise. Elle est membre du groupement féminin Par-Pi Anyim, qui signifie « se soucier de l’avenir. » Celui-ci a été créé en 2002 et compte 30 membres qui disposent d’une terre d’une acre et demie.

La majorité des femmes du groupe sont des veuves, dont les époux sont décédés des suites du VIH et du sida, ainsi que de la longue guerre civile de 20 ans au nord de l’Ouganda qui a démarré en 1986. Madame Aroke soutient que la guerre a ruiné la vie de plusieurs personnes.

Elle explique : « Beaucoup de gens ont perdu [la] vie, y compris nos maris, et nous avons été obligées de nous rendre dans des camps de réfugiés pour plusieurs années. »

Les femmes ont entendu parler de l’activité de production et de vente de semis d’arbre en 2001 par l’entremise de l’organisation Canadian Physician for Aids and Relief, ou CPAR qui aide les personnes vivant avec le VIH.

Gizaw Shibru Tessema est le directeur régional et national du CPAR. Il soutient que l’environnement du district de Kole se dégradait, et que le CPAR avait encouragé les femmes à commencer à produire des semis d’arbre pour avoir un revenu et lutter contre le déboisement.

Anthony Acen Ariko est le directeur du groupement féminin. Il explique : « Nous avons apporté un grand changement aussi bien au niveau de nos revenus financiers que de l’environnement parce que maintenant nous possédons des jardins avec des arbres fruitiers et des pins. Nous vendons aussi nos semis à des clients et épargnons. Nous partageons l’argent en parts égales à la fin de l’année. »

Monsieur Ariko affirme que les membres du groupe produisent différentes sortes de semis, dont des pins, des eucalyptus, des orangers et des manguiers. Les prix des semis varient de 1 000 shillings à 5 000 shillings ougandais (0,27 $ – 1,35 $ US).

Selon lui, le groupement réalise des profits qui bénéficient aux familles des membres. Il déclare : « Nous vendons nos semis aux membres de la communauté locale à l’intérieur et à l’extérieur du district, mais les plus gros acheteurs sont surtout les organisations non gouvernementales et l’État. »

Il ajoute : « Récemment, nous avons fourni plus de 500 semis d’orangers, 2 000 semis de mangues greffées et des pins à une organisation communautaire qui distribue des semis d’arbres aux agriculteurs dans le but de combattre la dégradation de l’environnement. Cette vente nous a rapporté 168 750 000 shillings ougandais (45 700 $ US). »

Betty Awor est la trésorière du groupement. Elle est fière de pouvoir gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille en vendant des semis d’arbre. Elle déclare : « Ma famille a toujours de l’argent … grâce au groupement. J’ai pu acheter un taureau l’an dernier avec l’argent du groupement, et j’espère acheter un autre pour labourer cette année afin de lutter contre la pauvreté. »

Aux dires de monsieur Ariko, la production de semis d’arbre contribue à protéger l’environnement et améliorer la qualité de vie des femmes. Il déclare : « Tous les membres ont construit des maisons en dur maintenant. Le groupement a également acheté huit mobylettes pour faciliter le déplacement des membres. »

Suzan Akany est l’agente forestière municipale du district de Kole. Elle affirme qu’il est très important que les habitant(e)s du district protègent l’environnement. Elle déclare : « Nous n’avons pas de précipitations régulières, car les gens coupent les arbres pour leurs activités personnelles sans les remplacer. Les communautés doivent adhérer à l’idée du reboisement. »

Monsieur Ariko soutient que le manque de marchés est la principale difficulté des femmes. Pour pallier ce problème, ils comptent acheter un camion pour transporter les semis vers les marchés éloignés.

Madame Aroke se souvient que, lorsqu’elle se trouvait dans le camp de réfugiés, il n’y avait rien à faire pour obtenir de l’argent que d’attendre l’aide. Mais, désormais, la vente de semis d’arbre a amélioré sa vie.

Elle explique : « Nous n’avions pas les moyens de payer les frais de scolarité de nos enfants [ni] satisfaire les besoins élémentaires de la famille comme la nourriture, les habits et un toit, que nos maris nous procuraient. Mais, l’année passée, j’ai reçu 3 800 000 shillings ougandais (1 029 $ US) de la part du groupement grâce à notre activité de production de semis d’arbre. Ce montant m’a permis de subvenir aux besoins de base de ma famille. »