Ouganda : Dans des villages africains, le coronavirus suscite les craintes d’une recrudescence des décès liés au paludisme (Thomson Reuters)

| août 2, 2020

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Nouvelle en bref

Entourée de six enfants dont elle prend soin, dans sa petite maison, au nord de l’Ouganda, Acayo Rose, 74 ans, dort sous une moustiquaire héritée d’un(e) parent(e) décédé(e). La moustiquaire est trouée partout. Vêtue d’un T-shirt sur lequel est inscrit “never quit » (n’abandonne jamais), elle fait des signes vers le lit dans la bâtisse délabrée dans le district de Gulu où elle vit, et ajoute : « Toutes les moustiquaires sont trouées. » Elle vient juste de se remettre d’un paludisme, dont a également été infecté son petit-enfant de deux ans dont elle s’occupe. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé, environ 405 000 personnes sont décédées du paludisme en 2018, et 94 % de ces décès sont survenus en Afrique subsaharienne. L’OMS a prévenu en avril que le nombre de décès liés au paludisme en Afrique subsaharienne pourrait quasiment être multiplié par deux et atteindre 769 000 cette année à cause de la pandémie du coronavirus, un record enregistré pour la dernière fois il y a 20 ans.

Dans sa petite maison au nord de l’Ouganda, entourée de six enfants dont elle s’occupe, Acayo Rose, 74 ans, dort sous une moustiquaire héritée d’un(e) parent(e) décédée.

Elle déclare : « Ma moustiquaire est remplie de trous. » Vêtue d’un T-shirt sur lequel est inscrit « n’abandonne jamais », elle montre la chambre où elle vit dans la bâtisse délabrée dans le district de Gulu, en ajoutant : « Toutes les moustiquaires sont trouées. »

Elle vient juste de se remettre d’une crise de paludisme, dont son petit-enfant qu’elle garde a été infecté aussi.

Elle ne travaille pas et a une dette de 25 000 shillings (6,74 $) qu’elle doit payer pour les médicaments qu’il fallait pour les traitements d’elle et l’enfant, dont elle craignait pour la vie.

Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 405 000 personnes sont décédées du paludisme en 2018, et l’Afrique subsaharienne comptabilisait 94 % de ces décès. Plus de deux tiers des victimes avaient moins de cinq ans.

L’OMS a prévenu en avril que le nombre de décès causés par le paludisme en Afrique subsaharienne pourrait quasiment doubler cette année en raison de la pandémie du coronavirus, un niveau enregistré la dernière fois il y a 20 ans.

La propagation du COVID-19 a perturbé la distribution des moustiquaires imprégnées et l’accès aux antipaludéens, outre le fait que les gens ont peur d’aller à l’hôpital.

Conscients de ces risques, plusieurs pays poursuivent la lutte contre le paludisme en menant des campagnes visant à réduire ces chiffres. Cette année, l’Ouganda prévoit un programme de distribution de moustiquaires à l’échelle nationale, une première depuis 2017. Environ 27 millions de moustiquaires seront distribuées à 43 millions de personnes.

Les équipes de distribution sont déjà sur le terrain. Elles portent des vêtements de protection et sont appuyées par divers organismes gouvernementaux et ONG.

Jimmy Opigo est chargé de programme au Programme de lutte contre le paludisme du ministère de la Santé. Il déclare : « Les moustiques ne sont pas confinés, ils sont toujours en liberté. Pourquoi survivre au COVID-19 et mourir du paludisme? La distribution des moustiquaires est un des principaux moyens de lutte contre le paludisme. Nous le faisons tous les trois ans, car les moustiquaires, qui sont des moustiquaires imprégnées durables, sont efficaces pour trois ans. »

En Ouganda, la prévalence du paludisme est passée de 42 % en 2009 à environ 9,2 % en 2018 et monsieur Opigo affirme qu’il était important que les interventions sanitaires publiques de routine se poursuivent malgré la pandémie.

Cependant, bien que des actions soient menées actuellement pour distribuer les moustiquaires, certain(e)s agent(e)s de santé craignent que les moustiquaires distribuées par le gouvernement tardent à leur parvenir.

Le 28 juillet, il y avait plus de 878 000 cas de COVID-19 confirmés en Afrique, et les agent(e)s de santé ont peur que la pandémie dissuade les gens d’aller en consultation.

Fabio Biolchini dirige l’hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) dans la province de l’Est, en Sierra Leone. Il déclare : « Il y a une hésitation générale à fréquenter les centres de santé, car les malades, et leurs parents, craignent d’être infectés. »

Monsieur Biolchini a déclaré qu’ils voyaient seulement le tiers des malades qu’ils avaient reçu à la même époque l’an dernier, et que les parents venaient avec les enfants malades seulement « en dernier ressort. »

En revanche, MSF a maintenant des programmes d’approche communautaire tels que les cliniques mobiles, où monsieur Biolchini a affirmé qu’ils voyaient « beaucoup, beaucoup » de cas de paludisme.

Le Ghana a signalé son premier cas de COVID-19 en mars et compte maintenant plus 34 000 cas confirmés, un des taux les plus élevés sur le continent.

Pendant ce temps, les admissions dans les hôpitaux à cause du paludisme ont diminué.

Keziah L. Malm est chargé de programme au Programme national de lutte contre le paludisme, au Ghana. Il déclare : « Les gens préfèrent rester à la maison et acheter les médicaments en vente libre. Ils se rendent à l’hôpital uniquement lorsque toutes les autres tentatives d’automédication ont échoué. »

Dans le camp de réfugié(e)s de Palabek, en Ouganda, Ocen David, un réfugié sud-soudanais de 19 ans, se remet du paludisme.

Il déclare : « Il y a trop de moustiques cette fois-ci. Nous contractons le paludisme chaque jour. »

Dans un des dispensaires de Palabek, le personnel a affirmé qu’il était submergé et manquait de ressources nécessaires telles que le savon et les masques ou l’espace pour respecter la distanciation sociale en riposte au COVID-19. Environ 100 réfugié(e)s attendaient à l’extérieur pour avoir un rendez-vous. Pendant ce temps, le personnel voit beaucoup de malades souffrant de paludisme ou d’anémie causée par le paludisme. Une personne est décédée au dispensaire le mois dernier des suites du paludisme, et d’autres sont mortes à l’hôpital après avoir développé des symptômes avancés.

La présente nouvelle est adaptée d’un article écrit pas Sally Hayden pour la Fondation Thomas Reuters, intitulé « In African villages, coronavirus sparks fears of a spike in malaria deaths. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://news.trust.org/item/20200715124928-xlijn/

Photo: Une famille à la region Amhara de l’Ethiopie.