Ouganda: Cancer du col utérin – Peu connu mais mortel (IRIN)

| juillet 16, 2012

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Dans le pavillon de soins obstétriques et gynécologiques du St. Mary’s Hospital Lacor, dans le District de Gulu, dans le nord de l’Ouganda, Apilli Kilara est étendue par terre, recouverte d’un drap taché de sang, le regard fixé sur le plafond.

Cette mère de sept enfants, âgée de 43 ans, est à un stade avancé d’un cancer du col utérin.

Elle avait remarqué des démangeaisons inhabituelles après son cinquième accouchement, en 2007. Ensuite, en 2011, après avoir eu son septième enfant, elle a eu des douleurs pelviennes violentes et des saignements irréguliers. Elle se souvient : « La douleur et les saignements n’ont pas cessé. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à imaginer que quelque chose n’allait pas chez moi. »

Mme Kilara aurait pu être traitée avec succès si la maladie avait été diagnostiquée tôt, mais elle ne savait rien du cancer du col à l’époque. Maintenant, les médecins craignent qu’elle ne survive pas bien longtemps.
Allongée près d’elle se trouve une autre patiente ayant un cancer du col utérin. Akello (nom fictif) a 39 ans. Quand ses symptômes sont apparus, Akello pensait qu’il s’agissait de sorcellerie et a sollicité l’aide d’un guérisseur local.
Elle dit : « J’avais sollicité les soins d’un herboriste traditionnel mais en vain; c’est ce que font les femmes de mon village qui souffrent de maux similaires. »

Le cancer du col utérin est la forme la plus commune de cancer affectant les femmes ougandaises. Chaque année, plus de 3500 femmes sont diagnostiquées, et près de 2500 en meurent. En comparaison, 1100 femmes meurent annuellement du cancer du sain.

On estime qu’environ un tiers des femmes ougandaises sont couramment porteuses du virus du papillome humain -la principale cause de cancer du col utérin.

Une étude de l’Université de Washington (États-Unis), a trouvé que trois quarts de tous les cas rapportés de cancers du col sont maintenant dépistés dans des pays en développement. Presque la moitié concernent des femmes de moins de 50 ans.

Pontius Bayo dirige le service d’obstétrique et de gynécologie au St. Mary’s Hospital Lacor. Il dit que l’hôpital a une capacité limitée pour le traitement des femmes ayant le cancer du col utérin. Onze pour cent des décès, dans le pavillon de maternité, sont causés par cette maladie.

Les travailleurs de la santé s’inquiètent du fait que les taux de dépistage et de traitement du cancer du col utérin demeurent faibles, suite au manque de connaissances. M. Bayo ajoute : « C’est problématique, dans une situation où il n’y a pas de programme d’aide sociale adéquat pour le dépistage et le traitement de la maladie à un stade précoce. » De plus, de nombreuses femmes ayant le cancer du col utérin n’ont pas les moyens de payer pour le traitement. Beaucoup d’entre elles ne peuvent même pas se permettre les frais de déplacement vers l’hôpital.
L’Initiative en Santé des Femmes Ougandaises (UWHI) est un effort de collaboration entre universités et hôpitaux pour aborder les problèmes de santé. Selon l’UWHI, qui conduit des tests de dépistage partout en Ouganda, même les grands hôpitaux n’offrent pas de dépistage sur une base régulière. Tom Otim, de l’UWHI, dit : « Les femmes et leur mari ont grandement besoin d’être sensibilisés afin qu’ils connaissent les symptômes du cancer du col utérin. » Il insiste : « C’est un sujet négligé qui demande de l’attention. »