Nigeria : Les tâches ménagères — un fardeau pour les femmes ou partagé?

| mars 4, 2024

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Nouvelle en bref

Margaret Oraza est une fonctionnaire, mère de cinq enfants de Markudi, au Nigeria, qui se bat pour trouver un équilibre entre ses travaux domestiques très accaparants et son emploi. Sa situation expose la question plus vaste des rôles de l’homme et de la femme en matière de travaux domestiques. Cecelia Madu, une experte en études du genre, soutient que la société doit changer pour encourager un partage des tâches domestiques entre les hommes et les femmes, et reconnaître la valeur des contributions des femmes à la maison. Cet appel au changement vise à combattre les stéréotypes de genre et promouvoir l’égalité au sein des familles.

En cette journée ordinaire de la semaine, du mois de février, Margaret Oraza est déjà debout à 4 h 30 du matin. Elle brave l’obscurité et le vent frisquet de l’harmattan qui lui effleure la peau pour commencer ses corvées avant de se rendre au travail. Cette mère de cinq enfants, âgée de 41 ans, met de l’eau à chauffer sur le fourneau de charbon, afin que sa famille puisse se doucher au réveil. Ensuite, elle prépare le petit déjeuner. Ses corvées matinales lui prennent environ quatre heures. Elle déclare : « Parfois, le travail que j’effectue à la maison avant de me rendre au bureau influe sur mon rendement au travail à cause du stress et de l’épuisement excessifs. »

Madame Oraza est fonctionnaire au ministère de l’Information, la Culture et du Tourisme. Elle vit avec son mari et leurs cinq enfants à Wurukum, à Makurdi, dans l’État du Benue, au Nigeria. Son mari l’aide un peu dans ses tâches ménagères à cause de ses problèmes de santé. Bemgba Oraza souffre de l’hypertension et du diabète.  

Malgré le nombre élevé de corvées de madame Oraza, ses enfants l’aident entre autres à écraser le piment, laver la vaisselle, chercher l’eau et faire les courses. Son fils aîné de 19 ans étudie pour obtenir un diplôme en anatomie à l’université d’État et il est également manœuvre. Il fait souvent cadeau de petites sommes d’argent à sa mère et encourage également son père à assumer plus de responsabilités dans la maison pour alléger quelque peu la charge de travail de sa mère. Les enfants de madame Oraza attachent une grande valeur à son dévouement pour les travaux domestiques et ses contributions financières importantes pour la famille.

Cependant, explique madame Oraza : « Mon mari et mes enfants sont limités par rapport aux domaines où ils peuvent m’aider. Très souvent, je me retrouve seule à effectuer les tâches quotidiennes comme casser le bois de chauffage et piler l’igname qui fatiguent et donnent faim. »

Madame Oraza croit que les communautés devraient dire aux maris d’aider plus leurs femmes à la maison pour qu’elles ne soient pas fatiguées et épuisées. Elle déclare : « Les hommes ne doivent pas voir leurs épouses comme des esclaves, mais comme des compagnes. »

Cecelia Madu est une travailleuse sociale qui travaille comme agente de formation et de recherche au Centre d’études sur le genre, à l’Université d’État de Benue, à Makurdi. À ses dires, même si les femmes peuvent accomplir plusieurs tâches à la fois, il est nécessaire d’accorder les mêmes chances aux hommes et aux femmes à la maison.

Madame Madu pense que les femmes devraient être rémunérées pour leur travail à la maison et que les hommes doivent comprendre qu’il est nécessaire qu’ils contribuent aux tâches domestiques. Elle ajoute : « Le rôle que les femmes jouent chez elles est inestimable. Les hommes doivent reconnaître et apprécier le temps, l’énergie et les ressources que les femmes investissent pour la bonne marche de la famille. »

Madame Madu exhorte la société à s’éloigner de la désignation traditionnelle « travail de femme » et « travail d’hommes. » Elle affirme que ces étiquettes limitent non seulement le potentiel, mais renforcent également les stéréotypes, nuisant ainsi aux perceptions des deux sexes. Affirmant que tout métier peut être exercé par tout le monde, madame Madu souligne la nécessité de renforcer la sensibilisation et d’appliquer une approche plus inclusive en matière d’emploi. Elle encourage vivement une réévaluation des attributions du travail et de la façon dont les familles valorisent le travail, et plaide pour plus d’efforts en faveur de la diversité et de l’égalité au niveau du personnel.

Emmanuel Onah est directeur adjoint à l’Université l’État de Benue et sa femme y enseigne. Ils sont deux enfants et ont appris au fil des années à répartir uniformément les travaux domestiques entre les membres de la famille.

Monsieur Onah soutient que comme le travail est partagé, la famille est soudée et travaille ensemble pour le progrès du foyer. Ses enfants nettoient souvent la maison et lave la vaisselle pendant que sa femme prépare les repas avec son aide et celui des enfants.

Il raconte qu’au regard du programme chargé de sa femme, elle a besoin de tout le soutien qu’elle peut obtenir. Il ajoute : « Je trouve du plaisir à réaliser les tâches ménagères chez moi, ce qui me donne un sentiment de responsabilité et de soutien. »

Monsieur Onah poursuit : « C’est avec plaisir que je contribue aux travaux domestiques comme laver et habiller mon fils de huit ans pour le préparer pour l’école. J’aide également en allant au marché, en déposant les enfants à l’école et en faisant la lessive. »

Madame Onah affirme apprécier le soutien de son mari et de ses enfants qui permet de réduire la pression et le stress du travail et des corvées ménagères. Cela lui donne le temps de mener d’autres activités le week-end. Madame Onah termine : « Je suis reconnaissante pour le soutien dont je bénéficie de ma famille. »

La présente nouvelle a été produite dans le cadre du projet « UCARE – Soins non rémunérés en Afrique subsaharienne » qui vise à renforcer l’égalité des genres et le pouvoir des femmes par un engagement pour un partage plus juste et équitable des soins non rémunérés et des travaux domestiques au sein des ménages et des familles en Afrique subsaharienne. Ce projet est réalisé en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI), ONU Femmes et le Réseau de développement et de communication des femmes africaines (FEMNET) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.