Niger : La production du poivron garde les les jeunes producteurs sur leurs terres (par Souleymane Saddi Maâzou pour Agro Radio Hebdo au Niger)

| janvier 28, 2013

Téléchargez cette nouvelle

À 35 ans, l’agriculteur Zakaria Abdoulaye raconte à qui veut l’entendre : « Je n’irai plus en exode pour me faire de l’argent. Je crois fermement au travail de la terre ».  M. Abdoulaye est issu d’une famille d’agriculteurs dans la région de Diffa à l’extrême-est du Niger. Durant huit années, il se rendait à la capitale Niamey après la saison des pluies où il travaillait comme domestique de maison. Mais ce travail saisonnier ne lui rapportait pratiquement rien. Il décide donc de changer d’habitude.

En 2006, il s’essaye à la culture de contre-saison plutôt que de se rendre encore en ville. Depuis, il travaille sa terre à l’année longue.

M. Abdoulaye a héritée d’une parcelle de trois hectares de son grand-père maternel. Aujourd’hui, il produit du mil et du haricot pendant la saison des pluies pour les besoins céréaliers de sa famille et du poivron en saison sèche, dédié à la vente sur le marché local. M. Abdoulaye fait séché ses poivrons et les vends en sac. Les poivrons séchés sont très en demande sur le marché local et au Nigéria voisin. Les femmes utilisent la farine du poivron séché dans les mets qu’elles cuisinent.

M. Abdoulaye a commencé par emblaver un hectare et demi de poivrons. Il a reçu l’appui en semences et en produits phytosanitaires de son oncle, un grand producteur de poivron de la région. L’année suivante, il a augmenté sa superficie de cultures. Depuis trois ans, M. Adboulaye vend de centaines de sacs de poivrons sèches sur les marchés locaux et dans les autres grandes villes du pays. Il garde seulement une dizaine de sacs pour la consommation familiale et pour les cadeaux.

El Hadji Amadou Ali est de ses acheteurs principaux. Il voyage  du Nigéria voisin en décembre, janvier et février pour remplir ses camions avec des poivrons. Chaque sac d’environ 20 kilogrammes qu’il achète peut lui coûter jusqu’à 15 000 FCFA (environs 30 dollars américains).

Grâce à la culture du poivron, M. Abdoulaye a pu construire une nouvelle maison en briques et a acheté une moto.  Il possède aussi un troupeau de vaches et un stock important de céréales.

Salifou Idrissa est un autre jeune producteur de poivron. Il cultive le poivron depuis maintenant 4 ans. Il a vu l’exemple de beaucoup de ses camarades qui sont resté sur leurs terres au lieu de migrer pour le travail. M. Idrissa dit que cela n’a pas toujours été facile. Il loue la parcelle sur laquelle il cultive et n’a jamais reçu une aide gouvernementale. « Tout de même, je gagne convenablement ma vie du maraîchage, » dit M. Idrissa, « Je me suis marié grâce à ça, j’ai des animaux et depuis que je pratique cette culture, j’ai cessé d’aller en exode [pour travailler]. »

Encouragé par ses bons résultats, M. Abdoulaye envisage emprunter de l’argent auprès d’une banque pour augmenter la superficie de son exploitation. Avec les bénéfices qu’il réalisera, il rêve de créer une ferme moderne à côté de son exploitation où il pourra employer des jeunes désœuvrés.