Namibie : Des femmes gagnent leur vie en vendant de l’herbe séchée et de la luzerne

| décembre 15, 2014

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Chaque jour, Losiva Negalo Shalihu se met à l’abri des rayons chauds du soleil tout en attendant impatiemment les client(e)s. La femme de quarante-cinq ans est assise sous un abri de fortune constitué de perches et de vieux sacs. Mme Shalihu est entourée de sacs d’herbe séchée et de luzerne que les gens achètent et utilisent en guise de fourrage et de matériaux de construction.

Elle vend ses produits dans son étal situé au bord d’une route très achalandée, à quelques kilomètres au nord de Windhoek, la capitale namibienne. Elle et d’autres femmes qui possèdent également des étals au bord de la route utilisent les profits que leur rapporte la vente de l’herbe et la luzerne pour acheter des denrées alimentaires et d’autres produits de première nécessité pour leurs familles.

Lovisa

Photo: Alvine Kapitako

Les plantes poussent dans le lit de la rivière située à environ dix kilomètres. Mme Shalihu et les autres femmes doivent transporter à pied leurs récoltes jusqu’à leurs étals. Les agricultrices et les agriculteurs paient 5 $ namibiens [50 cents américains] pour le sac de 10 kilos. Ils mélangent la luzerne nourrissante à l’herbe avant de donner le mélange obtenu à leur bétail.

La concurrence est devenue rude depuis que Mme Shalihu a démarré ses activités. Au cours de la dernière année, de nombreux étals ont poussé comme des champignons dans la portion de l’axe routier sur laquelle elle est installée. Elle raconte : « Les client(e)s [peuvent] acheter chez une d’entre nous. Mais l’an dernier, nous avons eu beaucoup [plus] de client(e)s [que] cette année. » Certains client(e)s réguliers essaient de soutenir le plus de femmes possible en achetant chez chacune d’entre elles tour à tour.

Les grands magasins font payer aux client(e)s au moins huit fois plus le prix de l’herbe et la luzerne. Les commerçant(e)s installés au bord du fleuve vendent des matériaux de meilleure qualité.

Toutefois, plusieurs agricultrices et agriculteurs continuent d’acheter chez les femmes. Benjamin Ashipala affirme qu’il soutient les femmes, car il veut qu’elles soutiennent leurs familles. Il explique : « En Namibie, la famine est imprévisible. Alors, j’achète [ici] pour faire des réserves. J’utilise ces produits comme fourrage pour nourrir mes animaux. »

Angelina Matheus est une autre marchande installée au bord de la route. Elle s’est lancée dans ce commerce parce qu’elle était au chômage. Elle déclare : « Je peux acheter de la nourriture pour ma famille et moi-même avec l’argent que je gagne grâce à cette activité. »

Mme Matheus dit que les client(e)s achètent son herbe et sa luzerne, car ils ne peuvent pas en produire eux-mêmes. Elle raconte : « La Namibie a connu la sécheresse l’an dernier. Plusieurs agricultrices et agriculteurs ne savaient pas quoi donner à manger à leur bétail étant donné que l’herbe qui poussait dans leurs champs avait subi un surpâturage. »

Certaines personnes utilisent la luzerne à d’autres fins. Mme Matheus explique : « Les gens qui vivent dans les villages et sur des exploitations agricoles … utilisent la luzerne pour construire des huttes. »

Mme Shalihu apprend des rudiments de l’agriculture en discutant tout simplement avec ses client(e)s. Elle déclare : « Un agriculteur m’a récemment demandé de collecter … des semences … pour qu’il puisse aller les planter dans son champ. La culture d’herbe et de luzerne n’est pas difficile … Tout ce qu’une agricultrice ou un agriculteur a à faire c’est de prendre les semences et de les jeter à la surface du sol. Lorsqu’il pleuvra, l’herbe va pousser. »

Mme Shalihu est reconnaissante envers l’amie qui l’a initiée à cette activité. Elle soutient qu’elle n’a plus besoin d’emprunter de l’argent à ses proches lorsqu’elle leur rend visite.

Cependant le commerce en bordure de route peut réserver des surprises. Mme Shalihu peut gagner jusqu’à 1 000 $ namibiens [100 $US] dans un mois, mais ses recettes varient. Elle déclare : « Je peux passer une journée sans avoir de client(e)s. Mais je ne désespère pas. Je reviens chaque jour ici pour récolter et vendre l’herbe sèche et la luzerne. »