Mauritanie: Des agriculteurs s’adaptent pour préserver les palmiers dattiers des effets du changement climatique (IPS)

| septembre 24, 2012

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Tahya Mint Mohamed dresse une liste des divers usages qu’elle fait des palmiers: « Nous mangeons les dattes; nous fabriquons des nattes, des lits et des chaises avec les palmes; les feuilles sont aussi utilisées pour faire des paniers et pour nourrir notre bétail. » Elle conclut en disant: « Le palmier nous permet de survivre. »

Les dattes et les palmiers dattiers tiennent une place importante dans l’histoire et la culture de la Mauritanie, sans parler de son économie. Près de 20 000 personnes dépendent des dattes pour leur moyen de subsistance, dans les régions d’oasis de Mauritanie. Mais pour maintenir leur gagne-pain, les producteurs de palmiers dattiers doivent maintenant s’adapter aux problèmes causés par le changement climatique.

Mme Mint Mohamed a 44 ans et est productrice de palmiers dattiers. Elle est aussi la Présidente Régionale des Associations pour la Gestion Participative des Oasis, dans la région des deux Hodhs, dans le sud-ouest de la Mauritanie. Cette association est une coalition d’agriculteurs formée pour contribuer aux efforts de préservation des écosystèmes des oasis et des moyens de subsistance des agriculteurs.

Le gouvernement mauritanien a mis en place le Programme de Développement Durable des Oasis il y a 10 ans. Cette initiative encourage les petits agriculteurs à s’organiser en associations de gestion participative. Ces groupes sont ensuite éligibles pour des subventions gouvernementales.

Mohamed Ould Ahmed Banane travaille auprès du Programme de Développement Durable des Oasis. Il dit que les oasis de Mauritanie ont été sérieusement affectées par la sécheresse. Les oasis souffrent de l’ensablement, du manque d’eau et du déclin de la fertilité du sol.

Sid’Ahmed Ould Hmoymed est le maire d’Atar, la principale ville d’Adrar, une région où l’on produit des dattes. Il décrit combien les changements climatiques ont affecté les producteurs de dattes: « À Adrar, la production de dattes a été clairement plus faible cette année à cause de menaces climatiques telles que les faibles pluies, la poussière et le vent, qui ont retardé la récolte. »

Pour aider les agriculteurs à s’adapter à ces changements, le programme propose aussi des formations sur le terrain pour démontrer des techniques de gestion durable des terres. Ces techniques incluent la culture croisée de palmiers dattiers avec des arbres fruitiers et des légumes, l’utilisation d’engrais biologiques et l’irrigation à petite échelle.

Mr. Banane explique: « Cela crée trois niveaux de protection contre l’érosion du sol et permet une bonne conservation, une irrigation efficace et une diversification des sources de revenus, pour les agriculteurs. »

Certains agriculteurs ont été réticents à adopter ces techniques. Mais Mme Mint Mohamed fait son possible pour protéger sa plantation de palmiers dattiers. Elle dit qu’il s’agit là de son plus précieux investissement. Tout au long de l’année, elle la protège des criquets, des oiseaux et d’autres animaux. Elle irrigue les palmiers avec un chadouf et d’un petit puits traditionnel, et fait l’irrigation à l’aide d’un seau.

Ces pratiques amoindrissent l’effet des pluies irrégulières. Toutefois, la récolte de Mme Mint Mohamed varie grandement, selon les pluies et le degré de succès de sa gestion des ravageurs. Cette année, elle s’attend à une récolte de 500 à 1000 kilos de dattes.