Mali : Un rastaman fait passer le message sur l’importance de l’agriculture à la jeunesse

| février 11, 2019

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Quand une coccinelle Volkswagen des années 60 aux couleurs vert jaune rouge déboule sur la route, tous les habitants de Siby savent qui est à bord. Siby est un village situé à 45 km de Bamako, la capitale malienne. Tiken Jah Fakoly, l’auteur-compositeur et interprète, est au volant. Monsieur Fakoly est connu pour sa musique reggae, mais il parcourt les quarante-cinq kilomètres qui séparent Bamako de Siby deux ou trois fois par semaine, pour rallier sa ferme « Mandé. » C’est là qu’il peut explorer sa passion pour l’agriculture, loin des salles de concert bondées de fans de sa musique.

Il affirme tenir cette passion de ses parents. Et malgré son talent de musicien, cette passion ne l’a jamais quitté. Il a aménagé sa ferme en 2014, et se consacre à la terre et aux animaux. Il affirme que, pour lui, la terre c’est la vie, la mère de tout. L’agriculture est une passion qui lui rappelle son enfance au nord de la Côte d’Ivoire, où il a grandi dans un petit village, et où il se levait tôt chaque matin pour se rendre au champ rizicole pour aider son oncle à chasser les oiseaux nuisibles avant d’aller à l’école.

Il a commencé à cultiver 50 hectares de riz en Côte d’Ivoire, mais l’aventure n’a pas fait long feu. Plus tard, au Mali, il est retourné cultiver un hectare dans la région du Mandé. En saison pluvieuse, il cultive du maïs, et en saison sèche, il cultive des légumes-feuilles verts, des tomates, des oignons, du piment, de la patate douce, des arachides et du haricot. Il décrit sa terre avec un sourire : « Un petit jardin, où je fais pousser tout ce que l’on met dans la sauce. »

Abdoulaye arrose les tomates. Il y a deux ans, l’homme de 25 rejoint la ferme de monsieur Fakoly, où il a tout appris sur l’agriculture et continue chaque jour à apprendre. Pour lui, l’agriculture est un art, l’art de cultiver la terre, un élément sacré dans la culture rasta. Il déclare : « J’aime ça, c’est mon plaisir. Petit à petit, je perfectionne mon art et quand tu le perfectionnes, souvent ta récolte sera bonne. »

Sur la terre fertile de la ferme Mandé, on croise aussi des poules, des pigeons en grand nombre, des autruches, des cailles et un cheval nommé « Rasta ». Nourrir et prendre soin des animaux, c’est la tâche quotidienne de Dolo. Ce rasta de 30 ans s’exprime d’une voix. Il a 10 ans d’expérience en agriculture et il travaille avec monsieur Fakoly depuis le début de cette aventure agricole. Il déclare : « Le premier métier que Dieu a donné à l’homme, c’est l’agriculture. Ici nous suivons le modèle préconisé par le Rastafarisme, qui est basé sur l’autosuffisance et la terre. »

Monsieur Fakoly ne s’est pas lancé dans l’agriculture pour gagner de l’argent, mais plutôt par amour de la nature et des animaux. Dans sa philosophie, il faut partager avec les voisin(e)s mais aussi avec les bêtes. En tant que leader d’opinion, le musicien veut envoyer un message à la jeunesse africaine sur l’importance de l’agriculture, surtout en ces temps où les jeunes quittent souvent les villages pour se rendre dans les capitales, même dans les villes européennes ou nord-américaines.

Plusieurs de ces jeunes, comme Adama Dembélé, viennent de Bamako avec des amis visiter la ferme de la vedette du reggae. Monsieur Dembélé déclare : « Je me verrais bien travailler dans ma propre ferme, mais cela reste un projet [pour l’avenir] car je n’ai pas encore l’argent. »

Monsieur Fakoly déclare : « En Afrique, on a le soleil et la pluie, on a la terre qui est fertile. Tout est réuni pour que nous soyons indépendants sur le plan alimentaire. La culture agricole personnelle amènerait l’autosuffisance alimentaire, si chaque Africain crée une petite ferme, cela permettrait d’éviter de manger le riz chinois, les oranges du Maroc, des produits d’ailleurs que nous pouvons produire nous-même »