Aly Ibrahim Maiga | avril 18, 2022
Nouvelle en bref
Zeinaba Alhouda, la trentaine avancée, vit avec ses six enfants à Koima, à Gounzoureye, située à plus de 1000 kilomètres de la capitale malienne, Bamako. Pour subvenir aux besoins de sa famille, madame Alhouda cultive, notamment du maïs, du sorgho et du riz. Elle a tenté d’acheter des terres plusieurs fois, mais les propriétaires terriens ont affiché leur refus à cause d’une croyance traditionnelle selon laquelle les femmes ne devraient pas posséder de terre. Aucune loi malienne n’interdit aux femmes de cultiver et beaucoup de lois favorisent l’accès des femmes aux terres et aux intrants agricoles. Cependant, les croyances traditionnelles du nord du Mali maintiennent que les femmes n’ont pas le droit de posséder une terre cultivable. Malgré ces difficultés, certaines femmes se battent auprès de tribunaux et au sein de leurs communautés pour obtenir une terre et des intrants dont elles ont besoin pour cultiver. Madame Alhouda demeure ferme dans ses convictions et affirme que la détermination des femmes finira par changer les mentalités et les cœurs des gens au Mali.
Zeinaba Alhouda, la trentaine bien sonnée, vit avec ses six enfants à Koima, dans la commune de Gounzoureye, à plus de 1000 kilomètres de la capitale malienne, Bamako. Pour subvenir aux besoins de sa famille, madame Alhouda, cultive, principalement du mais, du sorgho et de riz.
Il est difficile pour Zeinaba Alhouda de subvenir aux besoins de sa famille à cause des difficultés qu’elle rencontre pour accéder à une terre cultivable. Elle a tenté plusieurs fois de payer des terres, mais s’est confrontée au refus des propriétaires terriens à cause d’une croyance traditionnelle selon laquelle les femmes ne peuvent pas posséder de terres.
Elle déclare : « Je n’arrive pas avoir accès à une terre cultivable et aux intrants comme les hommes. Selon eux, la femme n’a pas le droit de posséder des terres et de les cultiver, car cela est contraire à la tradition. »
Pour pallier cette difficulté, madame Alhouda a aménagé les alentours de son habitation pour planter des arbres fruitiers et des légumes, et, maintenant, elle vend ses produits sur des marchés locaux. Grâce à ce revenu, elle achète des intrants et loue des terres à travers son fils qu’elle utilise comme prête-nom.
Madame Alhouda fait partie des femmes au Mali qui peinent à accéder aux terres cultivables et aux intrants agricoles. Selon un rapport du ministère malien de la Promotion de la femme, de l’enfant et de Famille, au moins 85 % des femmes du nord pays sont en proie à ces difficultés.
En 2019, au Mali, les femmes possédaient ou contrôlaient juste 3,7 % de terres.
Au Mali, aucune loi n’interdit aux femmes de cultiver et plusieurs lois favorisent l’accès des femmes aux terres et aux intrants agricoles.
Cependant, malgré ces lois, les croyances traditionnelles du Nord du Mali stipulent que les femmes n’ont pas un droit de propriété aux terres cultivables. Madame Alhouda affirme que ces croyances sont, dans certains cas, liées à la religion et que dans cette partie du pays, presque toutes les terres appartiennent aux hommes.
Malgré ces difficultés, certaines femmes se battent pour avoir les terres et des intrants dont elles ont besoin pour leurs activités agricoles. Soyata Dicko est une agricultrice de Lobou, à Gounzoureye, qui est veuve depuis sept ans. Après le décès de son mari, madame Dicko voulait cultiver la terre de son mari pour avoir de la nourriture et un revenu, mais elle s’est confrontée au refus de ses frères.
Pour entrer en possession de l’héritage de son mari, madame Dicko s’est tournée vers la justice.
Elle explique : « J’ai introduit une plainte au niveau de la justice contre mes frères pour qu’on me restitue mes terres. Je me suis attaché les services d’un avocat qui défend mon dossier au niveau du tribunal de Gao. La procédure est toujours en cours. »
Salma Sisse est âgé de 42 ans et habite le village de Tondibi dans le cercle de Bourem, dans la région de Gao, au Mali. À l’instar de madame Alhouda, quand son mari est décédé en 2001, madame Sisse a eu du mal à avoir accès à sa terre, car la belle famille s’y est opposée.
Mademe Sissé n’a pas lâché prise malgré les difficultés.
Elle déclare : « J’ai dû engager un avocat qui m’a aidé et qui s’est battu pour moi. C’est en 2018 que j’ai pu avoir accès à quelques terres de mon mari pour pouvoir travailler. Je ne désespère je continue de me battre pour que je puisse avoir accès à toutes les terres de mon mari, car mon mari a plusieurs terres. »
Oumar Maiga est juriste et représentant de la clinique juridique Deme-so, une association d’aide et de conseils juridiques aux femmes comme madame Dicko et madame Sisse. Monsieur Maiga pense que, comme la législation nationale le prescrit, les femmes du Mali ont les mêmes droits fonciers que les hommes.
À ses dires, les difficultés que les femmes rencontrent lorsqu’elles tentent d’accéder à la terre sont liées à la non-application de la loi et de la persistance des croyances et des pratiques traditionnelles sexistes.
Madame Alhouda reste ferme sur ses convictions et soutient que la persévérance des femmes finira par changer les mentalités et les cœurs des gens au Mali.
Elle déclare : « J’invite les femmes qui sont dans les mêmes difficultés que moi à s’unir pour se battre pour leurs droits. »
La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Photo : Une femme déplacée de Shangil Tobaya chevauche son âne sur une terre agricole à Tawila, au Soudan. Crédit : UN Photo/Albert Gonzalez Farran.