Mali : Bernard Thera, une ancienne célébrité du football, sensibilise les jeunes sur les infections sexuellement transmissibles (IST)

| octobre 2, 2022

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Nouvelle en bref

C’est le week-end à Kalanban-Coro, une localité située à environ 20 kilomètres de Bamako, la capitale malienne. Des jeunes sont rassemblés au « grin » (lieu de rencontre des jeunes) du quartier pour boire du thé et discuter. Comme toujours, Bernard Thera, un ancien joueur de football de 36 ans, est avec eux pour les sensibiliser sur la prévention des infections sexuellement transmissibles, ou IST, et leur partager son histoire. Il explique : « Je sortais avec beaucoup de filles et je ne me protégeais pas. C’est là que j’ai eu la gonorrhée. Mon sexe a commencé à me faire terriblement mal surtout quand je voulais uriner. » La gonorrhée est causée par des bactéries qui peuvent se transmettre lors de relations sexuelles non protégées avec une personne infectée, qu’elle présente ou non des symptômes. Cette IST se transmet parfois par le biais de toutes sortes de contacts sexuels, y compris les relations sexuelles orales. Monsieur Thera travaille désormais à aider les jeunes maliens à éviter les IST dans leur vie personnellement, et il les encourage à aller se faire soigner et à réaliser des tests de dépistage sans craindre d’être humiliés.

Nous sommes en plein week-end à Kalanban-Coro, une localité située à environ 20 kilomètres de Bamako, la capitale du Mali. La pluie qui avait commencé aux environs de midi a cessé, et le soleil brille à nouveau à travers les nuages bas. Le moment est propice pour les retrouvailles entre jeunes dans les « grins » (un lieu de rencontre des jeunes) autour du thé pour échanger.

Bernard Thera, un ancien footballeur de 36 ans, est au milieu d’eux. Il vient ici souvent le week-end pour faire de la sensibilisation sur les méthodes de prévention des infections sexuellement transmissibles, ou IST, et partager son histoire.

Il explique : « Je sortais avec beaucoup de filles et je ne me protégeais pas [pendant les rapports sexuels]. C’est là que je suis tombé malade de la gonorrhée. Mon sexe me faisait terriblement mal surtout quand je voulais uriner. Le matin mon pantalon était tout mouillé par un liquide qui sortait de mon sexe et j’avais mal au bas ventre. C’était une honte pour moi d’en parler à quelqu’un ou d’aller voir un médecin à l’hôpital. Je payais des médicaments de la rue qui n’avaient aucun effet sur ma maladie. »

Après une longue période de souffrance, monsieur Thera est allé voir un conseiller en santé sexuelle à Marie Stopes International. Cette structure regroupe la plus grande communauté de spécialistes en planification familiale, dépistage et traitement des IST au Mali, et elle offre des services personnalisés, de grande qualité, abordables, et ce, en toute confidentialité. Le conseiller a orienté monsieur Thera vers une clinique pour un test de dépistage et des traitements.

Emile Sidibé est le conseiller en santé sexuelle de Marie Stopes Mali qui a rencontré monsieur Thera ce jour-là. Il explique : « Lorsque nous avons rencontré Bernard, il avait très mal dans sa chair et ne savait pas comment faire. Les préjugés de la société faisaient qu’il se méfiait de parler de son infection à quelqu’un. »

Monsieur Sidibé explique que la gonorrhée est causée par une bactérie qui se transmet parfois lors de rapports sexuels non protégés avec une personne infectée, qu’elle présente ou non des symptômes. Il affirme que tous les types de rapports sexuels peuvent être contaminants, y compris les rapports buccogénitaux.

Monsieur Thera s’investit aujourd’hui pour aider les jeunes au Mali à éviter les IST, et il les encourage à aller se faire soigner et à faire des tests de dépistage sans avoir honte. Lors de week-ends comme celui-ci, monsieur travaille avec un agent de Maries Stopes pour éduquer les jeunes concernant les IST, les encourager à utiliser des moyens de protection comme les condoms lors des rapports sexuels, à réaliser des tests de dépistage régulièrement et à avoir des relations sexuelles avec un ou une partenaire unique.

Il parle également aux jeunes des symptômes courants de la gonorrhée qui incluent les sensations de brûlure pendant les urines, les envies pressantes et fréquentes d’uriner, les difficultés à uriner ou la présence de sang dans les urines. Selon lui, ce sont tous des symptômes pour lesquels les jeunes doivent vite aller voir le personnel de santé pour une prise charge et un test de dépistage.

Dans certains cas, une gonorrhée non traitée peut causer l’infertilité chez les hommes et les femmes. Chez les hommes, une gonorrhée non traitée peut provoquer une inflammation de la prostate et être à l’origine de problèmes d’infertilité.

Monsieur Thera craint d’avoir attendu trop longtemps avant d’aller de se faire soigner, et, par conséquent, de ne pas pouvoir avoir d’enfant.

Maintenant, monsieur Thera encourage les jeunes à ne pas avoir honte de parler de leur infection au personnel de santé. Selon lui, on peut soigner la majeure partie des IST lorsque le diagnostic est établi tôt.

Mieux encore, il soutient que des contrôles médicaux et des tests de dépistage réguliers des IST peuvent aider les hommes et les femmes à prévenir les IST ou à les diagnostiquer tôt, avant même l’apparition des symptômes.

Monsieur Sidibé salue la mission de monsieur Thera. À ses dires, les activités d’information et de sensibilisation comme celle-ci peuvent améliorer la capacité des gens de reconnaître les symptômes des IST, augmenter la probabilité qu’ils se fassent soigner et encourager leurs partenaires sexuels à faire de même.

Malheureusement, l’ignorance du public, le manque de formation du personnel de santé et la stigmatisation généralisée qui existe autour de la santé sexuelle continuent d’empêcher un diagnostic et un traitement précoces des IST.

Mais monsieur Thera ne baisse pas le bras. Il déclare : « La santé est le support de notre vie, l’oublier c’est menacer notre survie. »

Cette nouvelle a été produite grâce à l’initiative « HÉRÈ — Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer le bien-être des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali. Le projet est mis en œuvre par le Consortium HÉRÈ – MSI Mali, en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI) et Women in Law and Development in Africa (WiLDAF) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.

Photo : Bernard Thera sensibilise les jeunes sur les IST. Crédit : Cheick Coulibaly.