Mali : Aider les mères à diminuer les charges ménagères des filles scolarisées

| août 30, 2021

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Nouvelle en bref

À Badialan 1, un quartier populaire de Bamako, au Mali, Jeff Kadiatou Tabouré explique l’importance de la réussite des filles pour les familles et le pays. Madame Tabouré est la responsable de l’éducation des filles pour le comité de gestion scolaire d’une école locale. Dans son quartier, les revenus modestes des femmes ne leur permettent pas d’embaucher quelqu’un pour les aider avec les travaux ménagers, par conséquent, les filles aident leur mère. Cela signifie que les filles peuvent consacrer moins de temps aux travaux scolaires. Madame Tabouré organise des rencontres avec les parents, les responsables des établissements scolaires et d’autres personnes pour les encourager à réduire les tâches ménagères des filles, afin qu’elles puissent avoir du temps pour étudier. Une école du coin apporte également son aide. En faisant appel à des enseignant(e)s bénévoles, l’école offre des cours du soir aux filles. Ces cours permettent d’améliorer l’éducation des filles et de réduire le temps qu’elles consacrent aux travaux ménagers.

Nous sommes jeudi après-midi et il est 16 h à Badialan 1, un quartier populaire de Bamako, la capitale du Mali. Le couvert nuageux présage une pluie. Debout devant un groupe de parents d’élèves et d’enseignant(e)s, Jeff Kadiatou Tabouré explique l’importance de la réussite des filles pour les familles et pour le pays. Madame Tabouré est la responsable de la scolarisation des filles du comité de gestion scolaire d’une école locale dénommée Amadou Ly.

Dans ce quartier, les revenus modestes des femmes ne leur permettent pas d’engager des gens pour les aider avec les travaux ménagers. Alors, ce sont les filles qui aident leur mère. Cela signifie que les filles ont moins de temps pour apprendre et faire leurs devoirs. Cela influe négativement sur leurs performances scolaires occasionnant parfois des renvois.

Madame Tabouré organise des rencontres avec les parents d’élèves, les autorités scolaires et d’autres parties prenantes pour les inciter à s’impliquer dans les efforts scolaires de leurs filles. Elle leur fait savoir que cela passe par la diminution des charges ménagères des filles, afin qu’elles puissent avoir du temps pour étudier. Elle déclare : « J’aide aujourd’hui ma communauté parce que j’ai pu continuer mes études. »

Madame Tabouré est un modèle de la réussite dont peuvent profiter les femmes instruites de sa communauté. Elle s’inspire de sa propre histoire pour sensibiliser sur la façon dont les filles ont plus de temps pour leurs études lorsqu’elles n’ont pas besoin de consacrer trop de temps aux tâches ménagères.

Les filles de Djénèbou Dembélé étudient à l’École Amadou Ly. Madame Dembélé affirme qu’elle s’implique dans l’éducation de ses filles. Elle explique : « Je ne donne pas de tâches ménagères à mes filles quand elles doivent aller à l’école. Elles ne m’aident que pendant le week-end. Je souhaiterais également qu’elles suivent des cours privés, mais je n’ai pas assez de moyens malheureusement ».

Madame Dembélé a eu la chance d’aller à l’école.  Mais, elle n’a pas pu continuer sa scolarité à cause d’un mariage précoce, et elle souhaite que ses filles aient un sort différent du sien. Grâce à son engagement, ses filles obtiennent de bons résultats, car elles sont toujours parmi les cinq premiers de leurs classes.

Alimatou Traoré est l’une des filles de madame Dembélé. Elle est en 9e année. Elle déclare : « Ma mère nous encourage beaucoup dans nos études. Quand nous sommes à la maison, elle nous demande d’apprendre chaque fois. »

Le personnel enseignant de la localité est aussi engagé pour l’allègement des charges ménagères des filles. Seydou Diarra est le directeur de l’école fondamentale Amadou Ly de Badialan 1. Avec ses collègues, ils organisent au moins une rencontre par mois avec les parents et les chefs coutumiers et religieux pour les encourager à appuyer l’éducation des filles.

Monsieur Diarra explique : « Nous sensibilisons les parents sur la nécessité de réduire les charges des filles pour qu’elles aient le temps de se consacrer à leurs études. Cela est important pour leur réussite scolaire. » En plus, l’école organise, avec les enseignant(e)s volontaires, des cours du soir pour les filles au moins quatre fois par semaine. Ces cours permettent de rehausser le niveau de ces filles et réduisent le temps qu’elles consacrent aux travaux ménagers.

Malgré ces efforts, il y a toujours beaucoup de difficultés dans la lutte pour la diminution des charges domestiques des filles scolarisées. Kadiatou Coulibaly est une ménagère à Badialan 1. Elle vit avec son mari et ses deux filles qui sont toutes les deux à l’école. Elle déclare : « On n’a pas assez de moyens. Mes filles vendent mes marchandises. Elles m’aident aussi avec les autres activités. Je suis consciente que cela joue sur leurs études. Mais, je n’ai personne d’autre pour m’aider. »

Quant à madame Tabouré, elle encourage les autres mères à soutenir l’éducation des filles. Elle déclare : « Quand les filles échouent, c’est toute la communauté qui a échoué, car il est de notre devoir de leur assurer un avenir meilleur. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet DEFI mis en œuvre par le consortium d’Alinea, Radios Rurales Internationales (RRI), Catholic Relief Services (CRS) et Education International (EI), en partenariat avec le ministère de l’Éducation dans les zones touchées par des conflits au Mali.

Photo : Sara Frizzell, 2013.