Luciano Milala | juillet 11, 2016
La vie n’a pas été facile pour Gelson Phesele, 31 ans, au cours des 12 dernières années, depuis qu’il a terminé ses études secondaires. Après son mariage, il a dû travailler dur pour nourrir sa famille de trois enfants.
M. Phesele a commencé par la culture de tabac, mais les prix bas proposés pour cette culture de rente ne lui permettaient pas d’avoir un revenu suffisant pour subvenir aux besoins de sa famille. En 2008, il s’est mis à cultiver des arachides en même temps que le tabac pour compléter ses revenus, et s’est rendu maintenant compte qu’il peut gagner plus d’argent avec les arachides qu’avec le tabac.
M. Phesele est originaire de Nkhwawe, un village du district de Mchinji, à environ 100 kilomètres à l’ouest de Lilongwe. C’est un des nombreux agriculteurs et agricultrices malawites qui délaissent la culture du tabac au profit des légumineuses.
Il affirme qu’il dépensait beaucoup trop d’argent uniquement pour vendre son tabac. Il explique : « Quand je cultivais le tabac, je devais débourser plus d’argent pour le transport. Mais avec les arachides, je parcours une petite distance d’environ 25 kilomètres pour vendre mes arachides. »
M. Phesele ne regrette pas d’avoir consacré plus d’efforts pour les arachides. Il déclare : « J’ai cultivé le tabac pendant huit ans, mais lorsque j’allais le vendre dans les salles de vente aux enchères, les gens l’achetaient à 400 kwachas (0,56 $US) le kilogramme … Les arachides se vendaient à 550 kwachas (0,78 $US) le kilogramme. »
Cette saison, il espère gagner 300 000 kwachas (420 $US) avec ses 10 sacs d’arachides. Il ajoute : « Actuellement, les ventes de tabac ne peuvent pas me rapporter autant, car ce sont les acheteurs qui fixent les prix. »
Sophie Chibenthu est l’agente de vulgarisation agricole du district de Mchinji. Elle recommande aux autorités malawites de libéraliser les marchés agricoles. Elle explique : « Les gens ont le choix de vendre leurs produits agricoles, ce qui crée une concurrence entre les acheteurs chaque fois qu’ils veulent acheter des produits chez les agriculteurs et les agricultrices. »
La situation est différente au niveau du marché du tabac, où les acheteurs ont plus de pouvoir pour fixer le prix. C’est pourquoi Mme Chibenthu exhorte les agriculteurs et les agricultrices comme M. Phesele à se concentrer sur la culture des arachides.
Elle encourage également les agriculteurs et les agricultrices à commercialiser leurs produits en groupe afin d’obtenir un prix plus élevé. Elle explique : « Lorsque les agriculteurs et les agricultrices sont regroupés, ils peuvent trouver de bons marchés où ils peuvent demander de bons prix. La majorité des coopératives vendent leurs produits agricoles aux grandes sociétés qui offrent de bons prix. »
La commercialisation en groupe peut aussi permettre aux agriculteurs et aux agricultrices d’éviter de se faire escroquer par les acheteurs peu recommandables. M. Phesele a fait l’expérience avec certains acheteurs qui tentaient de berner les agriculteurs et les agricultrices en utilisant du matériel douteux.
Il explique : « Même les agents du bureau des normes du Malawi ne se rendent pas dans les zones rurales pour voir si les balances sont fiables lorsqu’il est question d’achat de produits agricoles. Je me souviens d’un des acheteurs intermédiaires qui voulait acheter mes arachides avec une balance trafiquée afin de tromper les agriculteurs et les agricultrices par rapport aux prix. »
Maintenant qu’il est au fait des problèmes de commercialisation, M. Phesele sait comment se frayer un chemin sur la place du marché afin d’obtenir le meilleur prix pour ses arachides et s’assurer qu’il a les moyens de subvenir aux besoins de sa famille.