Mark Ndipita | septembre 8, 2014
Il est quatre heures du matin, mais Chrissy Kimu chauffe déjà de l’eau pour laver les pis de ses deux vaches laitières. Elle verse de l’eau tiède dans un seau, puis réveille son mari pour qu’il aille l’aider à l’étable.
Mme Kimu est une petite exploitante de ferme laitière de Chilenga, un village situé à 90 kilomètres environ au sud de Lilongwe. L’élevage laitier est devenu la principale source de revenus qui lui permet de soutenir sa famille.
En 2007, elle était presque sur le point d’abandonner l’activité laitière, car le coût élevé des aliments engloutissait tous ses bénéfices. « J’avais perdu espoir étant donné que je n’arrivais pas à acheter des aliments moins coûteux dans les magasins, et j’ai commencé à enregistrer une baisse au niveau de ma production laitière, » se rappelle-t-elle.
Plutôt que d’abandonner, un agent de vulgarisation lui a conseillé de planter des « arbres fourragers » dans son champ de maïs. Les graines et les feuilles servaient à compléter l’alimentation de ses vaches et amélioraient sa production de lait. Elle n’avait plus besoin de compter sur le fourrage cher utilisé dans la fabrication d’aliments industriels pour bovins laitiers.
Un sac de 50 kilogrammes d’aliments industriels pour bovins laitiers coûte environ 25 $US, et chaque vache peut consommer un sac par semaine.
Deux ans après avoir démarré la plantation d’arbres fourragers, la situation a commencé à s’améliorer. Mme Kimu incorporait dans les aliments de son bétail les feuilles et les graines des arbres fourragers arrivant à maturation. Elle raconte : « [Ces arbres] sont extraordinaires, car ils ont ravivé l’espoir dans la vie de ma famille. Lorsque j’ai commencé à nourrir mes vaches avec ce fourrage, ma production laitière a commencé à augmenter. »
Mme Kimu a planté l’acacia angustissima et une espèce mexicaine dénommée Leucaena pallida. Elle mélange les feuilles et les graines séchées des arbres avec du sel, de la balle de maïs, du soja et d’autres ingrédients pour fabriquer des aliments.
Avant l’utilisation des arbres fourragers, chaque vache produisait entre huit et quinze litres de lait par jour. Maintenant, leur production a presque doublé et Mme Kimu fait des bénéfices.
En 2010, elle est devenue membre d’un groupement de ramassage de lait en vrac qui achète du lait chez des exploitant(e)s, à 25 cents américains le litre. Grâce à l’augmentation de sa production laitière, Mme Kimu gagne désormais près de 300 $US par mois.
« D’autres exploitant(e)s du groupement ont été surpris de voir [la quantité] de lait que je pouvais vendre … sans avoir à acheter des aliments au marché, » dit-elle. Plusieurs membres de l’association ont eux aussi commencé à planter des arbres fourragers après avoir vu le succès de Mme Kimu.
Levisoni Chimpsesa exploite également une ferme laitière. Ses vaches mangent essentiellement de la balle de maïs et d’autres résidus de culture. Il a planté des arbres fourragers l’an passé après avoir vu l’argent que se faisait Mme Kimu. Ses arbres sont toujours jeunes, mais il attend impatiemment les années à venir. « Comme je n’ai pas de bons aliments, j’obtiens 10 à 15 litres de lait de ma vache par jour, ce qui est inférieur à ce que Mme Kima a, » explique-t-il.
Alfred Siliwonde est le vétérinaire agricole de la région. Il soutient qu’une mauvaise gestion des aliments nuit souvent à la production laitière. Plusieurs exploitant(e)s dépendent uniquement des résidus de culture en saison sèche et de l’herbe en saison pluvieuse.
M. Siliwonde ajoute : « Maintenant qu’ils ont connaissent les avantages des arbres fourragers … il est très important d’encourager les exploitant(e)s et de les donner des connaissances et des ressources pour exploiter ces arbres. » Il conseille aux exploitant(e)s d’entretenir les arbres fourragers. Après la récolte du maïs, les arbres sont souvent détruits par les feux de brousse ou les animaux qui divaguent partout.
Mme Kimu conseille aux exploitant(e)s de ferme laitière qui se débattent avec les coûts élevés des aliments, de planter des arbres fourragers. « Certain(e)s exploitant(e)s se fient trop aux aliments coûteux [et] par conséquent, ils ou elles ne font aucun bénéfice. Les exploitant(e)s doivent planter les [arbres fourragers] qui m’ont aidée à payer les frais de scolarité et acheter une charrette de bœufs, » déclare-t-elle.