Malawi : Briser le silence qui entoure la puberté et la santé sexuelle et reproductive

| juillet 23, 2023

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Nouvelle en bref

Anita Chiphiko est une mère de 42 ans qui a décidé de parler à sa fille, Temwa, des changements que les adolescentes vivent durant la puberté, un sujet difficile à aborder, voire tabou. Temwa a ses règles depuis deux mois, mais elle avait peur d’en parler. Madame Chiphiko croit qu’il est important que les parents se sentent libres de discuter des changements qui s’opèrent chez leurs adolescents et adolescentes. Elle déclare : « J’ai expliqué aux filles qu’elles traversaient la période de puberté, une étape où l’enfant fait sa transition vers la vie adulte. Même si les filles semblent très intimidées de contribuer au sujet, je continue à leur expliquer ce à quoi elles devraient s’attendre à mesure que leur croissance se poursuivra. »

C’est un dimanche après-midi ensoleillé dans le village de Chilanga, dans le district de Kasungu, à environ 110 kilomètres de Lilongwe, la capitale du Malawi. Anita Chiphiko est assise sous la véranda de sa maison avec sa fille et deux autres adolescentes.

La mère de 42 ans explique les changements que les adolescentes vivent durant la puberté. Elle déclare : « J’étais à l’intérieur et j’ai entendu mon enfant et ses camarades discuter des changements qui s’opéraient dans leur corps. Je décidai de me joindre à elles pour les aider à comprendre pourquoi elles vivaient ces changements. »

Temwa est la fille de madame Chiphiko. Cela fait deux mois qu’elle a ses règles, mais elle avait peur d’en parler.

Elle déclare : « J’avais honte d’en parler, même à mes amies. Je pensais que de tels sujets ne devaient pas être abordés avec quelqu’un, donc je me suis tu. »

Anna Kachipande, 15 ans, est une amie de Temwa. À ses dires, elle ne se souvient plus à quel moment son corps a commencé à subir des changements.

Anna explique : « J’ai parlé à mes amies des changements qui se produisaient dans mon corps. J’ai remarqué que mes seins et mes poils pubiens poussent, et que les menstruations ont commencé. Cependant, je me sens mal à l’aise de discuter de ce sujet avec mes amies. »

Elle s’est sentie embarrassée la dernière fois qu’elle a essayé d’en parler à ses camarades, et a fait le serment de ne jamais discuter du sujet avec quelqu’un. Mais lorsque Temwa lui dit qu’elle vivait des changements similaires, les deux filles ont commencé à en discuter.

Bien que Temwa et Anna se confiaient l’une à l’autre, elles ignoraient pourquoi elles vivaient ces changements. Anna déclare : « Nous avons pris notre courage à deux mains et avons demandé à ma mère de nous aider, mais elle nous a orienté vers ma tante, car elle n’était pas à l’aise d’aborder le sujet avec nous. »

Madame Chiphiko croit qu’il est important que les parents se sentent libres pour discuter des changements qui surviennent chez les adolescents et les adolescentes.

Elle déclare : « J’ai expliqué aux filles que ce qui leur arrive s’appelle la puberté, une étape où l’enfant fait sa transition vers la vie adulte. Même si les filles semblent très intimidées de contribuer au sujet, je continue à leur expliquer ce à quoi elles devraient s’attendre à mesure qu’elles continueront de grandir. »

Madame Chphiko ajoute : « Pendant longtemps, parler ouvertement des questions de puberté et de santé sexuelle [et] reproductive était un tabou dans ma région. Ainsi, les jeunes grandissaient sans avoir aucune connaissance sur les changements qui s’opéraient dans leur corps. »

Selon elle, ce manque de connaissances contribue à une multiplication des grossesses précoces dans la région.

Kelvin Sosola est un adolescent du même village. Il raconte qu’après avoir remarqué des changements dans son corps, il a demandé à son oncle de l’aider à comprendre ce qui se passait.

Kelvin déclare : « Mon oncle m’a dit que j’étais en train de grandir. C’est tout ce qu’il a dit, sans ajouter aucune autre information. [Alors], j’ai commencé à discuter de ces changements dans mon corps avec mes camarades. »

Walusungu Gondwe est coordonnateur des jeunes à Shorten the Distance, une association de jeunes qui s’inquiète de l’augmentation des grossesses précoces, une tendance qui contribue au taux élevé d’abandon scolaire dans le district de Kasungu.

L’association de monsieur Gondwe a lancé une initiative visant à briser le silence autour des questions de puberté et de santé sexuelle et reproductive entre les parents, les tuteurs et les tutrices, ainsi que les enfants.

Il ajoute : « Nous essayons également de lutter contre les mariages des enfants et les grossesses précoces que le district vit à cause de la culture du secret. »

L’association rassemble les parents et leurs enfants, en vue d’outiller les garçons et les filles avec les bonnes informations qui leur permettront de prendre des décisions éclairées.

Il ajoute : « Depuis le lancement de notre initiative en 2019, les parents de la région sont plus disposés à discuter avec leurs enfants des questions de puberté, de sexualité et de santé reproductive. »

Temwa est l’une des bénéficiaires de l’initiative de Shorten the Distance. Elle déclare : « J’apprends beaucoup, surtout avec les clubs des jeunes que l’association a créés dans notre école, et au sein desquels nous discutons librement des questions qui touchent les adolescents. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet The Innovations in Health, Rights and Development, ou iHeard. Ce projet est dirigé par le consortium composé de CODE, Radios Rurales Internationales et MSI Reproductive Choices et mis en œuvre au Malawi par FAWEMA, Farm Radio Trust, Women and Children First UK et Maikhanda Trust, Girl Effect/ZATHU, Viamo et Banja La Mtsogolo.