Libéria : L’urgent appel à l’aide des agricultrices et des agriculteurs albinos (par Prince Collins, pour Agro Radio Hebdo)

| mai 12, 2014

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Musu Morris plante du manioc sous le soleil éclatant et chaud. Elle s’inquiète de sa peau. Mme Morris et d’autres agriculteurs et agricultrices albinos au Libéria font non seulement face à la discrimination en raison de leur manque de pigmentation, mais ils souffrent également de taux plus élevés de cancer de la peau.

« Nous avons besoin d’aide dès maintenant. Pas demain, mais maintenant. Nous sommes en train de mourir du cancer de la peau. Notre gouvernement n’agit pas beaucoup à ce sujet », affirme Mme Morris.

Patricia Logan est la présidente de la Liberia Albino Society et elle est également préoccupée par le cancer de la peau. Plusieurs agriculteurs et agricultrices albinos sont morts au cours des dernières années et beaucoup d’autres sont touchés. « Nos gens meurent du cancer de la peau chaque année … Nous avons perdu huit de nos collègues, surtout des agriculteurs et des agricultrices locaux en raison du cancer de la peau et il y en a d’autres qui succomberont », explique Mme Logan.

Mme Logan a dit que l’organisation avait accru ses démarches de sensibilisation dans le pays. L’organisation veut que les albinos soient conscients du danger et qu’ils se protègent. « Nous avons fait beaucoup de sensibilisation et d’éducation en matière de cancer, [comme] la façon dont ils peuvent se protéger », ajoute-t-elle. Le message principal de l’organisation est l’importance des crèmes solaires et elle en fournit à ses membres.

Il y a environ 500 albinos au Libéria et plus de 200 travaillent dans le domaine de l’agriculture urbaine ou rurale. Les albinos ont tendance à souffrir de myopie, ce qui nuit à leur capacité de voir clairement les objets à distance. Ils aimeraient obtenir l’aide du gouvernement et des bailleurs de fonds pour obtenir des verres de correction, ce qui les aiderait à gérer de grandes exploitations agricoles.

Les enfants albinos sont souvent victimes d’intimidation à l’école et leurs besoins sont souvent négligés, même au sein de leurs propres familles. « Quand il s’agit de la scolarité, les parents préfèrent … consacrer leur argent à leurs enfants noirs. Je ne sais pas si c’est à cause de leur vue ou de leur apparence. Les gens les regardent comme s’ils étaient les personnes les plus au bas de l’échelle dans la société. Pour toutes ces raisons, ils sont laissés pour compte », précise Mme Logan.

Mme Morris envoie ses enfants à l’école grâce à l’argent qu’elle gagne de sa récolte de manioc. Mais « le soleil nous fait du tort parce que notre pigmentation est très faible. En soirée, nous avons froid, nous tombons malades et nos lèvres nous font mal. Ce que les gens noirs peuvent [affronter], nous en sommes incapables. Le soleil nous fait beaucoup de mal », affirme-t-elle.

Mme Logan n’hésite pas à souligner que les enfants albinos sont comme tous les autres. Si nous leur donnons leur chance, ils peuvent eux aussi contribuer à l’avancement de la société.